frustration

noirvermeil

C'est l'hiver, enfin non c'est l'automne, mais la fin, ce qui pour moi équivaut à l'hiver. C'est l'hiver et je m'en vais au rocher de la sirène plein d'espoir dans le pantalon. C'est un trajet assez long et ennuyeux aussi je m'applique à balayer la rue du regard. Je recueille tout ce qui y traîne, tous les éléments disséminés, cachés ça et là. Il y a un troupeau de feuille morte qui coure dans la cour. Trois petites à l'écart dévalent la colline, ça me rappelle moi et mes amis.

En arrivant au boulevard je prend conscience de la prestance, de la majesté qu'inspire mon être au monde. En effet à mon arrivée les feux habituellement verts se mettent à rougir et les voitures s'arrêtent pour me laisser passer. Majestueux je vous dis. En passant devant les hlms je vois un fantôme triste errer. Il a les yeux vides, personne d'autre que moi ne semble le voir. Il m'inspire de la pitié, mais je ne peux m'en aller consoler cet esprit esseulé atteint de marasme car les espoirs dans mon pantalon sont devenus de petits feu follets qui s'agitent et me chauffent l'entrejambe. J'arrive au métro un homme à tête de poisson et aux yeux vides regarde fixement son portable tandis que son fils sardine remonte la rivière mécanique. Cela m'amuse, je le contourne, descend la rivière et prend le métro. Le monde est beau, mais décidément les feux follets sont bien gênants ; ils ont mis le feu à mes parties et j'ai envie de les appeler comme le vieil homme appelle son chien dans L'Etranger : « Salaud ! Charogne ! » Mais enfin j'arrive au rocher de la sirène, ma belle sirène, manque de bol c'est marée haute. Mes feux follets ne seront pas apaisés.

Je sors de chez elle, plusieurs heures ont passé et mes feux follets, ces bâtards, ces charognes, «  Salaud ! Charogne ! », me brûlent de plus belle. J'essaye de me détendre, je balaye la rue. Balaye la rue, un handicapé ! Un handicapé avec son fauteuil électrique manque de m'écraser le pied dans le métro pour me passer devant, je crie : « Salaud ! Charogne ! ». Il se retourne surpris et je saisie son fauteuil pour l'emmener. Mais il accélère et me lâche un «  charogne ! », charogne ? Je crie «  Salaud ! Charogne! », je le lâche et avec l'absence de résistance la pleine vitesse du fauteuil l'envoie s'écraser contre la vitre. L'handicapé crie : «  merde ! ». Oh il connaît lui aussi les belles lettres, alors pour lui répondre je crie aussi : « MERDRE ! ». Les gens nous regardent. Malgré qu'il soit amateur de littérature je ne le pardonne pas, il essaie de s'enfuir mais je le rattrape et j'enlève la batterie de son fauteuil. Là, il est à ma merci, je l'installe dans un coin. Il appelle à l'aide. À cet instant je baisse mon pantalon et sort mes majestueuses et callipyges fesses marmoréennes. Mon cul quoi ! L'air frais qui s'infiltre par l'arrière balaye l'arrière de mes testicules enflammés. Une fois mon pantalon baissé je lui dis : «  calme toi, tends les mains la lune a un cadeau pour toi ». Je lui offre le cadeau sous la forme d'un jet de spray et le malpoli, l'imbu de son infirmité se retrouve clairsemé des douces et chaudes émanations de la lune. Une femme se met à hurler et condamne mon acte sans en connaître les causes, elle ne juge que les conséquences. Mais quelle est cette chose qui beugle et s'excite dans tous les sens, serait ce là ces créatures de la légendes qu'on appelle les hystériques ? Pour la calmer je la gifle, enfin elle se tait. Je n'en attendais pas moins de cette espèce qui assure sa survit par la tolérance et assoit ses privilèges par la bien-pensance. Ces parasites de la réflexion, ces cancers de l'Humanisme, ces extrémistes salaud ! «  Salaud ? Charogne !! » À bien y réfléchir une simple gifle ne suffira pas, l'handicapé est juste malpoli mais elle, elle est irrécupérable. Sa cervelle est gâtée, aussi je sors une pelle, c'est la lune qui me la donnée, et je l'assomme avec. Oui je ne désire pas qu'elle souffre, en réalité j'ai de la peine pour elle, mais pour l'heure je rigole car le coup sur la tête a sonné creux. Un moment avec ma pelle je tapote sur sa tête et avec les sons je reproduis le thème de Mario : tatata-tatatata-tatatatatatata ! Assez joué ! Elle commence à se réveiller alors avec le tranchant de la pelle, je la décapite. Pas une goute de sang n'est versé ce qui confirme mon hypothèse comme quoi la cervelle était gâtée. Et ne soyez pas triste elle s'en accommodera très bien, son corps, comme ceux des canards à qui on a réservé le même sort, se relève et s'en va. Une tête qui ne sert qu'à brasser de l'air et cracher des clichés a peu d'importance. Je me rend compte que j'ai été trop dur avec l'handicapé, la faute à frustration ; alors pour m'excuser je lui offre la tête de la femme. Cadeau.

En remontant la rivière mécanique je retrouve la sardine, mais elle ne m'amuse plus, alors je l'ai écrasé. C'est méchant ! Poil au dent ! Je ne suis pas parfait. Le père en voyant ce que j'ai fait à son fils redresse la tête de son téléphone et beugle quelque chose comme : « buaahahahawha », oh toi aussi je vois ton cerveau est gâté, ramollis par les lumières bleus. Il m'énerve, mais un mot ressort de ce fatras inaudible : « Salaud ! » tout de suite je répond : «  Charogne ! » et je l'étrangle. Il se débat, me frappe mais je n'en ai cure, je tiens bon ! En l'étranglant je lui reproche le manque d'attention envers sa progéniture. Il meurt dans mes mains, les yeux paraissant toujours aussi vide que quand il était vivant. J'ai faim, j'aime le poisson, je le mange. Enfin je rentre chez moi, au moins les salutations du boulevard me consoleront et puis il ne me reste plus qu'un petit feu follet dans le pantalon. Mais au boulevard voilà pas les voitures qui font la révérence à un autre, un autre qui fait aussi rougir les feux ! Merdre ! J'attends que nous soyons sur le pont qui traverse la Garonne, une fois que nous y sommes je crie : «  Salaud! Charogne ! » il n'a pas le temps de se retourner que je le saisis et le jette dans l'eau à la merci des gros élans. Et avec lui le dernier feu follet disparaît.

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