Réflexions, frustrations, déni, incompréhensions, attentes, perspectives heureuses...

apothecades

Ces quelques mots résument assez bien les sentiments qui m'envahissent lorsque je regarde notre sexualité... Après plusieurs années de confessions, de réflexions profondes, de désirs refoulés, je n'arrive pas à me résoudre à tout effacer, à faire comme si je n'avais jamais eu l'idée, l'envie et j'ose dire le courage de t'offrir d'être une femme mariée, certes,  mais libre sexuellement. Tu le sais, j'ai toujours eu beaucoup de doutes sur ma sexualité, longtemps synonyme d'actes manqués et de déceptions... Te rencontrer a été pour moi providentiel, tu as été patiente, tout comme je m'efforce de l'être actuellement, tu as su te montrer douce mais critique, tu m'as dit ce que tu avais l'habitude de ressentir et tu as fait en sorte de me montrer le chemin pour tacher de m'en approcher... J'ai ainsi appris à te donner du plaisir et à savoir en prendre, différemment, en changeant ma façon de voir et de faire l'amour, mais aussi, au fil des années, à me remettre en questions et à prendre conscience de certaines choses... Ma virilité a été mise à mal mais lorsqu'on pose ou se pose certaines questions, il faut être prêt à entendre certaines vérités... Tu avais d'ailleurs eu la délicatesse de les garder pour toi jusqu'à ce qu'un jour,  j'ose demander la sentence... Ce n'était qu'une confirmation mais ton jugement revêtait beaucoup d'importance à mes yeux... Il y a des choses que l'on devine, que l'on ressent, que l'on sait mais que l'on a besoin d'entendre. Je ne saurais te dire pourquoi, mais au lieu de m'apitoyer sur ce verdict peu flatteur, j'ai ressenti, à ce moment là, de l'excitation et comme une délivrance... J'ai, depuis, éprouvé le besoin de cultiver cette différence, de compenser en quelque sorte en me tournant vers de nouveaux horizons... Un long travail de réflexion sur moi-même et sur notre couple m'a permis de comprendre que la sincérité, la vérité, le partage, l'échange, la communion, le respect, l'ouverture d'esprit étaient sans nul doute ce qui allait nous permettre d'évoluer longtemps l'un avec l'autre et l'un pour l'autre.

Tu avais su me dire certaines choses au début de notre relation, pour me faire comprendre que tu n'étais pas satisfaite sur le plan sexuel. Toujours avec pudeur, en mesurant chaque mot, en évitant soigneusement certains détails, tu m'as permis de te conduire, non sans mal, à la jouissance... Tu avais réussi à faire de moi un homme capable de faire jouir une femme avec sa queue et non plus seulement avec sa bouche... Mais au lieu de libérer ta parole devant ce succès, tu as au contraire choisi le mutisme et de ne jamais parler ouvertement de sexe, de nos envies, de nos désirs, de nos attentes. Il est extrêmement difficile de savoir ce que tu ressens. D'ailleurs, cet aveux sur la taille de mon sexe, après tant d'années, en dit long sur ta capacité à garder les choses pour toi. Je suis même persuadé que tu regrettes un peu ta sincérité car elle a été le point de départ de ma démarche candauliste... Mais ne crois pas que je le vive mal, au contraire. J'aurais d'ailleurs avec le recul préféré la même sincérité lorsque fier de te faire enfin jouir, je te demandais présomptueusement de flatter mon égo sur mes performances sexuelles... Comme quoi, le ridicule ne tue pas... Car on sait tous les deux que je ne fais pas partie de ceux qui peuvent prétendre au titre de meilleur amant. Il reste l'apanage du mâle Alpha, cet homme autant séducteur que séduisant, charismatique, physiquement puissant, virile, généreusement doté par Dame Nature, performant et endurant... Cette description ne me correspond pas vraiment... En revanche, elle ressemble à s'y méprendre à certains de tes fantasmes masculins que sont par exemple Russel Crowe ou Jude Law... Mais j'en reviens à toi. Tu ne parles pas, ou si peu. Alors, ce que tu penses vraiment, j'ai du mal à le percevoir, surtout lorsque tu fuis la discussion ou que tu te retranches derrière un platonique  je n'en éprouve pas le besoin ni le désir, je suis d'ailleurs pleinement satisfaite de ma vie sexuelle... Comment y voir autre chose que du déni? Es-tu réellement persuadée que tu es épanouie sur le plan sexuel? N'as-tu pas l'impression de passer à côté de beaucoup de choses?Je n'arrive pas à croire que tout ce que j'ai pu te dire, t'écrire ou même parfois te faire n'a jamais éveillé en toi quelque chose... Je pense même que ta mise en garde sur la dangerosité de ce  jeu-là prouve tout le contraire... Je pense que tu n'oses pas te l'avouer ou me l'avouer mais qu'une partie de toi n'y est pas totalement insensible... Lorsque je te fais l'amour d'une façon un peu moins naturelle, lorsque l'on met en scène une pièce rapportée, je vois bien que tes sensations sont fortes, différentes, troublantes et jouissives... Certes, elles pourraient être encore meilleures mais déjà, tes orgasmes ne me trompent pas et ne peuvent te tromper... Je pense que tu sais pertinemment, comme moi, qu'il y a de belles choses à découvrir ensemble sur ce chemin là et que certaines perspectives ne sont pas si inenvisageables... Il y a tant de choses que nous pourrions faire, amoureusement, sagement, coquinement, virtuellement, tendrement, sensuellement, follement mais toujours respectueusement... La clé, celle qui ouvre ce chemin d'avenir, c'est la communication. Il faut absolument que tu arrives à partager cela avec moi, à ta façon, à ton rythme mais il le faut...

Ce sont mes propres frustrations sexuelles qui m'ont conduit à ces réflexions et à me faire comprendre quel mari je voulais ou plutôt je devais être pour toi. Les tiennes joueront aussi un rôle à un moment donné ou à un autre dans ta façon de percevoir les choses... Tu es une femme libre d'esprit et en ce sens je te crois capable d'assumer cette liberté. Etre une femme mariée n'est pas une fin en soi, au contraire. C'est justement le point de départ d'une aventure à deux, en toute confiance, pour avancer main dans la main... Je peux et je dois être un mari protecteur et respectueux, capable de défendre son nid comme un Chevalier servant devant sa Maitresse. Mais je ne peux t'empêcher de voler et déployer tes ailes. Je ne peux t'accompagner et te suivre dans certaines voltiges... Serais-je un bon mari si j'osais t'en priver, par simple jalousie, ou pire encore par possessivité? Je ne crois pas et je suis même persuadé que ceux qui font ça sont les vrais cocus de l'histoire et que leur égo doit être bien mis à mal lorsque leurs femmes commencent à se caresser seules et en cachette en trouvant d'autres sources d'excitation et de plaisir... Elles sont nombreuses, de plus en plus accessibles, virtuelles ou réelles, la société se libère peu à peu de ses vieux carcans, les articles sur la sexualité fleurissent dans les magazines féminins, la notion de fidélité évolue, l'infidélité n'est plus si tabou, elle devient presque la norme et est souvent encouragée comme remède au plus grand drame du couple, la baisse du désir et le décalage de libido... Nous n'y échappons pas nous non plus, je pense d'ailleurs que personne ne peut y échapper lorsque l'on fonde une famille, que les journées raccourcissent, que le temps manque... Avoir des moments d'intimité devient difficile, la fatigue et le stress les rendent moins magiques et c'est ainsi qu'on finit par les reléguer en arrière plan avant de les écrire au passé... Nous n'en sommes heureusement pas encore à cette conclusion et je te propose d'écrire une toute autre histoire, notre histoire, où il ne serait pas question d'infidélité mais seulement de partage, de plaisirs nouveaux ou retrouvés...

Je t'ai souvent dit, à raison je crois, que tu étais à l'origine de ce chapitre que je veux écrire avec toi. Tu m'as mis à nu, tu m'as fait me regarder en face, tu as joué un rôle primordial dans l'acceptation de ce que j'ai toujours été, un homme plutôt soumis ce qui est logique étant donné que tu es une femme plutôt dominante... Je ne dirais pas que tu m'encourages mais en tout cas tu ne me reproches pas de vouloir être candauliste, je pense même que tu le comprends et partage au moins une partie de mon raisonnement. C'est pour cela d'ailleurs que tu gardes les cartes en mains...  Tu as tous les atouts, c'est à toi de jouer, j'ai lancé la partie car à ce jeu-là, il n'y a que des gagnants, à commencer par notre couple, totalement complice, main dans la main, libre de fixer ses propres règles... Et pourtant, tu hésites à jeter les dés, tu ne veux pas encore montrer réellement ton jeu, tu souffles souvent le froid mais suffisamment le chaud pour me laisser espérer... Je m'interroge, si tu m'a accepté tel que je suis, as-tu depuis le temps essayé de comprendre ce qu'il se passait dans ma tête, ce qui fait que je peux prendre énormément de plaisir en m'imaginant être spectateur de ton plaisir... N'y a-t-il pas des questions auxquelles tu aimerais que je réponde? As-tu peur des réponses que je pourrais te donner? J'aimerais que tu te montres curieuse, que tu me montres ainsi que tu t'intéresses à moi et à ce que je suis.

Tu le vois, ce n'est pas qu'un fantasme, c'est un état d'esprit bien plus profond et c'est surtout une proposition réelle et sincère. Ce n'est pas une obsession, ce n'est qu'une intime conviction mais que tu trouves déraisonnable. Tu as peut-être raison et sans doute que si tu t'étais montrée dès le début intriguée et attirée par l'idée, j'aurais été moi-même effrayé de te voir l'âme déjà aventureuse. L'histoire s'en serait peut-être alors arrêtée là car je n'étais sans doute pas prêt à cette époque là à voir ce fantasme se réaliser... Sans consciemment le vouloir, sans m'y encourager mais en ne te montrant pas non plus choquée par mes écrits, tu as fait en sorte que cette histoire puisse continuer à vivre dans ma tête, à murir au point d'y trouver aujourd'hui un réel épanouissement... Tu le sais et peut-être n'en es-tu pas si fâchée... D'ailleurs, tu avoues à demi-mot être chanceuse d'avoir un mari aussi ouvert d'esprit. Peut-être que la graine que j'ai semée en toi commence à germer... Bien sûr, tu ne peux pas le crier sur tous les toits, mais j'imagine que tu as réalisé que la situation que tu occupes dans notre couple n'est pas si désagréable... Car avoir un mari candauliste, c'est d'abord avoir un mari fou amoureux, c'est avoir un mari fidèle et qui ne voit qu'à travers toi, c'est avoir un homme qui te respecte et qui te désire. C'est je te l'accorde poser un regard nouveau sur le mariage et ses engagements mais sans en renier ses fondements que sont la liberté, la fécondité, l'indissolubilité et la fidélité amoureuse. Cette interprétation est je crois respectueuse de nos valeurs et des promesses que nous nous sommes faites. Et aussi paradoxal que cela puisse paraitre, cette liberté sexuelle nous engage à rendre chaque jour notre amour plus fort, à faire tous les efforts qui l'on ne croyait plus nécessaires parce que nous portons une alliance...

Pour profiter d'une telle chance, il faut aussi faire en sorte de mériter cet amour et savoir aussi le rendre avec la même force et intensité. Un homme candauliste doit être respecté et aimé pour ce qu'il donne et ce qu'il est. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir et je pense beaucoup de choses à découvrir l'un de l'autre... C'est en cela que je nourri de grandes espérances... Mais encore une fois, c'est à toi de savoir si tu veux que notre histoire puisse s'épanouir autant qu'elle le mérite... Je pense que l'on se doit l'un et l'autre de mieux se comprendre, de bien plus partager nos besoins et nos désirs, quels qu'ils soient... Si nous ne le faisons pas, le risque est un jour de s'éloigner vraiment l'un de l'autre... J'ai appris depuis ces dernières années à naviguer seul dans ces eaux troubles mais le plaisir solitaire est j'en témoigne extrêmement frustrant pour un candauliste... Il suffirait de si peu pour m'apaiser, pour me rendre tout l'amour que je te donne... Quelques mots, de petites attentions, un petit pas dans mon monde, dans notre monde, un zeste d'érotisme, user de ton pouvoir de séduction, lâcher un peu prise, oublier les règles de bonne conduite... Pour moi, cela en dirait beaucoup sur tes sentiments à mon égard et sur le respect que tu me portes. Alors, oui, du fond du coeur, j'espère que tu vas enfin saisir la main que je te tends, que je sentes la sérénité et la force m'envahir pour relever avec toi et pour toi les défis de la vie conjugale... Je ne te demande que de nous faire croquer la vie à pleines dents... Pour la pomme, bien sûr, c'est à toi seule qu'il appartient de la croquer mais cette histoire on ne l'a pas encore écrite...

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