Funeste utopie

eilinel

Il paraissait mort dans son fauteuil antique. Son regard était figé sur la fenêtre, admirant l'extérieur d'un œil captivant. Les nuages cachaient la pleine lune. C'était un soir à sortir sous la brise estival, à courir après les bêtes ivrognes errant dans les sombres ruelles. Mais il avait trop l'esprit ailleurs pour répandre sa monstruosité. D'un geste gracieux, il attrapa son verre de sang frais et l'engloutit d'une grosse gorgée. 

Depuis vingt ans il résidait dans la demeure de sa défunte famille. Les feuillages avaient pris possession du jardin depuis de nombreuses années, il n'était pas du genre à s'occuper de prendre soin des plantes. Il devait à tout prix rester invisible face au monde entier. La maison était magnifiquement bien cachée, un long chemin de graviers menant vers un immense portail en fer noir. Durant ces années, il avait tout fait pour éloigner les visiteurs innocents. Il s'amusait à courir vers eux dans un vent frais, leur murmurant de sombres mots à l'oreille. Il ne devait pas croiser le chemin d'humains curieux. C'était sa punition pour avoir tenté le diable avec sa sœur Mia. Il avait été condamné à vagabonder dans cette obscure maison. 

Ce soir là, alors que ses yeux attirants scrutaient la nuit, il savait que dès le lendemain, elle viendrait. Il l'avait attendu toutes ces années. Il l'avait observé le jour où il s'était abreuvé de sa dernière victime. Elle n'allait pas tarder à venir et cette fois, il l'a laisserait entrer. Il l'avait choisit. Elle était à lui désormais, qu'elle ne le veuille ou non.

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