Fut un temps 2

aile68

Y en a qui rachètent de vieilles bicoques et les font retaper par un cousin, un voisin, ils espèrent toujours trouver un trésor, un beau magot mais ils sont toujours déçus. Un jour un prof a démissionné avant la retraite pour s'installer dans un écrin de verdure niché dans la montagne pour laquelle il a eu le coup de foudre, intellectuellement il était fatigué, faire la police à des élèves ça ne l'intéressait pas et les réunions à répétition il pensait que c'était la plaie de l'Education Nationale. Il a décidé d'utiliser son temps à l'édition de son bouquin en Inde, un voyage qu'il avait fait quand il était encore jeune et qu'il n'avait pas froid aux yeux. Sa femme, Eliane, était peintre à ses heures perdues, vendait un tableau par an et parfois donnait une de ses toiles à un gamin qui avait craqué pour une peinture, une fusée, un train à vapeur. C'était un peu la dèche heureusement ils ne vivaient pas au-dessus de leurs moyens. C'était des gens avec une certaine sagesse, c'était leur richesse principale. Des amis ils en avaient beaucoup, de toutes les sortes, leurs dimanches ressemblaient à des films de Claude Sautet, bruyants, joyeux, intelligents.

Je me sens loin de ces gens-là, je me dis que je ne les aurais jamais pour amis, moi mes dimanches sont calmes, je vois d'habitude ma famille, parfois une amie. Je n'ai jamais fait de voyage en Inde et je n'ai jamais publié de bouquins. Un bouquin ça se tient dans la durée, je n'ai pas ce talent-là, ou pas cette ambition. Je ne vends plus de bouquins, ou si peu, mes timbres, je ne sais plus où ils sont, je jette l'éponge, je ne les cherche plus, je ne veux pas être comme ces gens qui cherchent des trésors dans les vieilles maisons dans l'espoir de s'enrichir. D'ailleurs ils n'avaient pas de valeur mes timbres, ils n'étaient pas côtés, je jouais juste dans la cour des petits.  ça m'amusait de les collectionner, ça me faisait voyager aussi, ça me changeait les idées. Voilà, voilà.

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