Gary Moore – Still Got the Blues (1990)

Philippe Cuxac

Avec ma guitare à la main, j'ai peur de rien

Depuis que Gary Moore a planté Thin Lizzy en plein milieu d'une tournée US, le génial guitariste Irlandais a passé sont temps à nous délivrer un hard rock costaud, support d'albums plus ou moins bien réussis mais toujours magnifiés par la scène, sujet à toutes les folies.

Mais Gary est fatigué de tout ce cirque, des poseurs et des caprices de starlettes de la scène Hair Metal qui squatte les charts et ne lui laisse plus trop d'espace pour s'exprimer. Pour se démarquer et continuer à se faire plaisir, Gary se paye un retour aux sources, aux sources du blues. Ils s'enferme en studio, réunit une brochette de potes (Don Airey aux claviers, Bob Daisley et Andy Pyle pour tenir la basse et la vieille connaissance de Thin Lizzy, le sous-estimé batteur Brian Downey), convoque respectueusement de vieilles gloires qu'il admire (les 2 Albert, King et Collins, légendes du blues), même George Harrison viendra faire un petit tour pour un titre, That Kind of Woman, qui figurera sur la réédition sortie à l'aube des années 2000.

L'album cartonne - se payant même le luxe de placer 5 titres sur les 9 que comporte la version d'origine dans les hits – alternant avec justesse et brio les compositions signées Gary Moore (le très sudiste Moving On, le fabuleux Still Got the Blues, l'urgent Texas Strut et le très sixties King of the Blues avec sa section de cuivres) et les relectures respectueuses mais inspirées (l'impeccable Oh Pretty Woman, le toujours efficace Walking by Myself, le trop court Too Tired de Johnny Guitar Watson et le lent et lascif As the Years Go Passing By, joué par à peu près tout ce qui compte sur la planète blues).

Avec ce nouvel opus, Gary Moore quitte définitivement le monde du hard rock, portant la bonne parole du blues avec une grande sincérité sur toutes les scènes du monde. Jusqu'à ce 6 février 2011 fatal… sombre date où Gary nous a quittés. Gageons qu'il était, comme la pochette de cet album, peinard sur son lit, avec sa guitare à la main, peur de rien…

 

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