Gaspillage
Jean Claude Blanc
Gaspillage
De mon journal, tourne les pages
Aux rubriques sport, que des images
Et quelques rares bavardages
Papier gâché, quel gaspillage
A l’Assemblée, remplie de sages
C’est le mixage des commérages
En conclusion, de faux présages
Car l’avenir, c’est un mirage
La pharmacie se fait du blé
Sur génériques, dégriffés
Mais quand la date est dépassée
Médicament va au panier
Boites d’haricots et camemberts
Date préemption, faut qu’on s’alerte
Un jour de plus, sont périmés
Par précaution, doivent être jetés
Gamin, misère, du Sahel
Toi qui n’as rien dans ta gamelle
De nos surplus, t’en remplirais
T’es à la diète, dès que tu nais
Faire les poubelles, moi, j’aime bien
Passer vraiment, pour un radin
Que de trésors, j’y découvre
Et de ma honte, je passe outre
Je tourne ma langue dans ma bouche
Economise mes paroles
Dur de me taire, je suis farouche
Je m’en balance, des paraboles
Agriculteurs sont en rogne
Déversent le fruit de leurs récoltes
Vous comprendrez, ça me révolte
Qu’ils les arrosent de gasoil
Pendant ce temps, jeûne l’Afrique
Se font leur beurre, usines à fric
Pour charité, pas moindre d’effort
Ça coûte trop cher, le transport
Festin rituel, de fin d’année
On oublie vite les damnés
Trop pleine la panse, on est gavé
On va gerber, au cabinet
Foie gras et dinde, bûche de Noël
Ça nourrirait une ribambelle
De crèves la faim, qui se contentent
D’une poignée de riz, thé à la menthe
Fais mon marché, tard le matin
Quand sur les stands, n’y a plus rien
Que des monceaux, de fruits talés
Des invendables, suis rassasié
Corne d’abondance, servie gratis
On trouve de tout aux prix-uniques…
Moindre bibelot, vient de Corée
Par des petites mains, confectionné
A l’occident, ont fait la fête
Reste du monde, quête les miettes
Dés fois, on daigne, faire l’aumône
D’un bout de pain, l’honneur est sauf
Même les clebs, sont mieux soignés
Marques appropriées, leurs granulés
Selon qu’ils soient, nains ou râblais
Chaque ration est calculée
Notre trésor dilapidé
Par l’univers dépensier
Retour à l’Homme des cavernes
Guerre du feu, avenir terne
Mère Nature, c’est notre chance
Mais on n’y pense, que le dimanche
En digérant sur les sentiers
Après repas bien arrosé
Tant de luxure, à notre portée
On peut choisir, son déjeuner
Enfants choyés, par trop ingrats
Tout compte fait, boudent les plats
En cette période de cadeaux
De victuailles, on est comblés
Je vous avoue, j’ai le cœur gros
Ça injurie, les réprouvés
Cène du Christ, repas ultime
Avec apôtres, ses intimes
Ça on l’admire, dans la vitrine
Réalité, moins magnanime
De gaspiller, c’est bien le signe
Qu’on va pourrir, par la racine JC Blanc décembre 2013