Gene Clark - No Other (1974)
Philippe Cuxac
On pourrait écrire des pages et des pages sur cet artiste maudit, lourdé trop tôt des Byrds et viré prématurément de la vie à 46 ans. Alors qu'il se noie au creux de la vague, David Geffen, boss du label Asylum, lui remet alors le pied à l'étrier et allonge les dollars pour un des premiers albums de rock californien mâtiné country qui verra la fine fleur des musiciens de l'époque défiler dans le studio pour aligner les partitions et accessoirement les lignes de coke.
Mais soyons très clair, ici il n'est pas question de chanter la dolce vita sous le soleil de Californie, oh que non, le ciel semble même très assombri. Les compos portés par la voix délicate et plaintive de Gene et les lourds chœurs gospel n'incitent pas à la franche rigolade. Du reste, il annonce la couleur d'entrée sur Life's Greatest Fool : “Do you believe when you're all alone, you held the key to you destiny gone, do you believe deep in your soul, that too much loneliness makes you grow old”. D'entrée ça calme… LP de la dernière chance, sombre et magnifique, il contient les plus belles plages écrites par Gene : Silver Raven, Strength Of Strings, From A Silver Phial et Some Misunderstanding.
Et rien que pour ça, cet album mérite bien plus que le magnifique plantage qu'il a vécu à sa sortie. Devenu culte, il a récemment été repris lors d'une mini tournée US par un one-shot band où officient notamment Robin Pecknold des Fleet Foxes, Daniel Rossen des Grizzly Bear et le légendaire Iain Matthews, ex Fairport Convention