Géniteur

J'entends ses pas qui martèlent le sol bétonné. Mes paupières ne se sont fermées depuis plus de 48 heures. On disait que cela atténue ce genre de peine, je désirai ne rien ressentir. Seulement en finir.

Il vient ouvrir la porte métallique de ma misérable geôle ; brutalement, causant un bruit sourd. Moi, je juge cela inutile. Je me dis même que s'il n'était pas un abruti fini il aurait compris depuis un siècle déjà que ces démonstrations de rudesse ne m'influençaient point.

Il me malmène comme à son habitude, me tirant par le bras vers la cours principale. Je le laisse faire. Après tout ; c'est la dernière fois, alors qu'il se fasse plaisir et assouvisse ses envies animales, sadiques. Arrivé à destination il me pousse brusquement et mon corps amaigri heurte le sol. Je me relève tant bien que mal. Et des hommes habillés en noir prennent la relève.

J'avance escortée, vers le centre de la cours. Enchantée à l'idée d'y trouver celle que j'attends depuis qu'on m'a fourré dans ce satané trou. L'ombre d'un sourire décrispe mes lèvres et c'est à ce moment que je le vois. J'aperçois mon père à coté de deux autres hommes en costume ajusté. De la sale race tout comme lui. Mon visage se referme aussitôt.

Comme le reste de mon entourage, mon père m'avait délaissé. Je n'en voulais à personne mais à son égard je ressentais des choses. Pourquoi lui qui POUVAIT me sauver s'en était abstenu ? Il m'a délibérément abandonné à ce sort. Je pouvais presque palper ma haine.

Je continue à avancer vers celle qui me délivra. Sa lame scintille et mes yeux refusent de s'en détacher.

Accusée à tort, abandonnée par mon père avocat. Je monte à l'échafaud, La guillotine m'attend à quelques pas.