Gentil à vomir

Thierry Kagan

Moi, que vous voyez là, tous, pour la première fois - puisque je ne suis absolument pas le même que j'étais hier et que, dans une minute à peine, j'aurai changé, encore - moi, l'inconstant par nature donc, on m'a accusé d'être un type bien.


Que je serais un président qui câline.


L'insulte !


Moi qui m'évertue à surprendre pour insupporter, à décevoir pour faire grincer, à manquer à toute attente pour faire tourner les sangs !

Et, point de détail : moi qui fait avancer ce qui traînaille au cutter, au chalumeau, au 220, à là Lara Fabian... un type bien !


Mais... qu'est-ce qu'il faut pas entendre !


Bon ! C'est vrai que j'ai peut-être la qualité d'être prévisible : constant... dans mon inconstance.

Mais ça ne fait pas de moi un type bien !


Qu'est-ce que j'entends, encore, là ?


« Toujours de bonne foi » !, « droit et correct »!, « les solutions qu'il propose sont justes et équilibrées » !, « pas fourbe, pas calculateur, ni pute, ni soumise »...

Et puis, ah ! quelle horreur : « gentil... il est gentil » !


Pouarc !

Un mec chiant.

Et un mec chiant, c'est un mec bien ?


Le comble : ce journaliste qui écrit - dans mes rêves, il écrit, mais bon, il le dit quand même, hein, c'est un vrai rêve ! - : « Ce président-là a de quoi être fier comme un... point noir pincé entre 2 ongles, qui sort, tout sourire, sa tête grasse, tout enduit comme de vaseline, à croire qu'il pourrait, maintes fois, retourner au pore comme il en est sorti et apparaître à nouveau, tout aussi content de lui. »


Qu'est-ce que c'est qu'ces conneries ?

Même en rêve, c'est dégueulasse.

Ça me donne envie de... de retourner la peau d'un chaton vivant devant sa mère !


C'est pas le tout petit signe que j'suis pas un type bien, ça ?


Mais bon...


Il paraît aussi que ce serait la tendance que de voir le bien dans ce qui est sombre et douteux et le mal dans ce qui éclaire sur la réalité des faits...


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