GENTLEMANIZER

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     En lisant des vieux numéros de Cosmo (et oui, en vacances, on se culture intelligemment !), je suis retombé sur une rubrique que j’appellerai affectueusement : « Petites Confessions masculines ». Rubrique à confronter naturellement avec celle rebaptisée : « Petites Confessions féminines ». et le constat est assez révélateur : les hommes sont aussi – voire plus- sentimentaux à tendance nunuches que les femmes. Alors que ces dernières accordent de l’importance à des détails objectifs, réalistes, sexuels concernant leurs conjoints, ceux-ci font dans la guimauve (alors qu’ils devraient donner dans la dentelle de lingerie, comme le voudrait leur réputation de machos insensibles). Vous me direz, ces spécimens mâles uniques en leur genre sont très certainement triés sur le volet ou recrutés sur « miel-et-câlins.com » par la rédaction. Mais il n’empêche que ces faits restent perturbants. 

   Etait-ce une overdose de pratiques métrosexuelles : trop de crème hydratante, de chaussures à bouts pointus, de David Beckham, et l’arrivée au pouvoir d’Angela Merkel ? Ou tout simplement une mutation naturelle de l’espèce et un renversement de situation ? Avant, on adulait Steve McQueen pour ses poils sur le torse, ses défoulements violents sur sa femme et ses mains tannées comme un cuir vintage. Maintenant, on adule Jude Law, avec son look de dandy, ses incartades pardonnées avec la baby-sitter et ses beaux yeux doux. Les codes avaient-ils changés ? La notion de « genre » était-elle obsolète ? Et les qualités, autrefois attribuées à un des deux sexes en particulier, se mélangeaient-elles ? Comment fallait-il appréhender l’homme moderne ? De nos jours, fallait-il choisir un homme comme on choisirait une meilleure amie ?

   Y., mon avant-dernier ex en date,  s’était remis avec sa propre ex, une ensorcelante métisse, informaticienne de surcroit (événement que j’avais, bien entendu, prédit, bien plus sûrement que Paco Rabanne…  Mais on ne m’écoute jamais !). Le vendredi soir, je bois un verre avec lui au Motel. Il s’agit d’un bar. Pas d’un hôtel. Je précise, parce que je connais votre esprit mal tourné… Quoi qu’il en soit, nous sommes attablés, nous racontant nos vies respectives et hautement palpitantes. La conversation dérive bientôt, aussi sûrement qu’un radeau au beau milieu de l’Atlantique, vers les relations amoureuses. Il lâche l’info sur son plongeon la tête la première dans son histoire passée, je feins la surprise, et il me parle de sa belle, les yeux pétillants et des trémolos dans la voix. Les choses semblaient prendre une tournure providentielle entre eux. Elle lui proposait même un plan à trois avec sa meilleure copine bombesque ! Imaginez si l’homme était comblé ! Mon couple ressemblait à l’Antarctique avant le réchauffement climatique, comparé au sien !

   Le lundi suivant, je l’appelle pour le tenir au courant de mes propres petites affaires. Et là, ô drame ! Ô désespoir ! Il est à deux doigts de tremper son combiné de ses larmes. La sorcière à moitié malgache le mène par le bout du nez et il ne sait plus du tout comment réagir. C’est elle qui a pris le dessus et imposé ses règles. Parce que dans une relation, il y a toujours un torturé et un bourreau. Il me semble entendre ma meilleure amie F. Non, même pas en fait. Elle se plaint toujours de son mec qui joue le rôle féminin dans leur duo amoureux : il s’énerve du fait qu’elle soit trop rigide, retient les petits détails pour mieux s’en resservir plus tard dans une dispute, préfère les mots doux à une vie sexuelle débridée. Et non, il n’a pas ses règles.

   On évoluait plus que jamais un contexte transgenre nouvelle génération. Et alors qu’Y. croit ses ennuis réglés le lundi soir, il me renvoie des texto on ne peut plus pessimistes le lendemain matin. Il est au bord de la dépression nerveuse, coincé qu’il est dans ces montagnes russes sentimentales et craint dur comme fer que son aimée aille voir ailleurs. Même moi je n’étais pas angoissée à ce point au sujet de mon copain. Etait-ce lié au fait qu’Y. m’avait dit un jour n’avoir rien contre une relation sexuelle 100% masculine, avec lui en actant (ou receveur d’ailleurs, je n’ai pas poussé plus avant la question) ? Ou au fait que F. avait été particulièrement emballée par un petit bouquin féministe, qu’elle m’a d’ailleurs prêté (et que je n’ai, d’ailleurs, toujours pas ouvert…) ?

   Une chose était certaine : Steve McQueen était bel et bien mort. A 50 ans, d’une overdose d’alcool, de cigarettes et de corps brisés. Alors que Jude Law est toujours bien vivant ! Maqué, très certainement, avec l’une des plus belles femmes de la planète.

     Alors ? On file au cimetière, ou on enfile un caleçon ? Pour ma part, j’aime me balader au Père Lachaise et porte toujours de la dentelle…

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