Gerry Rafferty – City to City (1978)

Philippe Cuxac

He's got this dream about buyin' some land

Après une longue période de silence suite à la séparation de Stealers Wheel, Gerry Rafferty réapparait en 1978 pour son second album solo. Ce disque fera un carton, grâce au single imparable Baker Street. Ne soyons pas dupes, ce 45 tours, bien classé  un peu partout dans le monde, est l'arbre qui cache la forêt. Il serait temps qu'on se rende compte des talents de songwriter de Gerry et qu'on lui rende, enfin, un hommage digne de ce nom.

L'album s'ouvre sur The Ark, pièce folk rock qui commence avec une espère de marche mortuaire écossaise mais n'est finalement qu'un ode à l'amour. Tout de suite après, tout le monde reconnaîtra l'intro du fameux single Baker Street, jouée au saxo par Raphael Ravenscroft (qu'on retrouvera plus tard sur des albums de Pink Floyd ou Robert Plant) mais qui fut initialement composée pour une partie de guitare. Ce mid tempo tournera en boucle sur les ondes, jusqu'à l'écœurement, mais reconnaissons-lui un gimmick accrocheur, une qualité mélodique incomparable et un climat qui n'appartient qu'à lui. Ce titre n'est comparable à rien d'autre, c'est aussi ce qui fait sa magie. Right Down the Line arrive pour continuer le voyage, titre laid black rappelant l'inévitable JJ Cale par son phrasé de guitare. Ambiance lascive et moite pour cette superbe mélodie qui, les plus anciens s'en souviendront sûrement, illustra une pub à l'érotisme torride pour des bains moussants. Avec le rythmé City to City, titre sympa rehaussé d'un harmonica lui donnant une touche western, vous aurez certainement envie de danser et de taper dans vos mains. Stealin' Time sonne un peu McCartney, l'occasion d'apprécier les qualités de mélodiste et de chanteur de Gerry. Tout autant que son successeur, Mattie's Rag, petite perle cachée au milieu de l'album. On appréciera toute la sensibilité du musicien écossais sur Whatever's Written in Your Heart, juste lui, son piano et des chœurs gospel discrets pour une mélodie déchirante.

Malheureusement, les trois derniers titres sont un ton en dessous des précédentes compositions. Home and Dry et Waiting for the Day sont des  tentatives Classic Rock comme il pleuvra des milliers dans les années 80. Islands, petite ballade calypso ne décolle pas vraiment malgré ses guitares tahitiennes et ses sha-la-la dégoulinants dans les chœurs.

Allez, ressortez vos vieux vinyles et écoutez d'une autre oreille ce grand classique du rock anglais à la cool.

 

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