Gros matou

Jean Claude Blanc

une fable, chacun s'y reconnaitra, matou filou, mate les souris un petit air de déjà vu...

                                    Gros matou

Suis le matou de ma maitresse

Toujours avide de ses caresses

Pour me garder, me tient en laisse

Si je disparais, quelle détresse

Vite les pompiers, la Mère Michelle….

 

Jamais avare de tendresse

Sur ses genoux, moi je paresse

De faux semblants, mon cœur en liesse

Mais plein d'adresse et de finesse

Venu mon tour, que je la dresse

 

Bien sûr servi à domicile

Fait patte douce, bête docile

D'avoir le gite et le couvert

Ne m'en plains pas, pas la galère

Sortant jamais, fous pas la rame

Voulant surtout, plaire à ma dame

Me faire des souris, m'y risque pas

Regard sournois, boude mon rata

 

Les petites chattes, m'intéressent pas

Je suis châtré, donc hors d'état

Me lèche les poils, pour être bien propre

De ma maitresse, suis sous les ordres

 

On m'a coupé les roubignoles

Rigolez pas, je prends du bide

Fini de faire des fariboles

Plus intrépide, suis invalide

 

Grimpe partout, j'adore fouiner

Cherchant quelque chose à bouffer

J'en ai assez de m'emmerder

De faire du lard sur canapé

 

Pour mes besoins, j'ai mon petit coin

Brave chaton, suis bien élevé

Je ponds mes crottes, sur du gravier

Puis je les cache, l'air de rien

 

Pour les mamours, toujours premier

Tellement génial, d'être dorloté

Ça me fout la honte, que de miauler

De faire mes griffes sur le buffet

 

Dois me montrer attentionné

Pour obtenir d'elle, tendres baisers

Alors ne cesse de ronronner

Juste un instant, l'apitoyer

Moi, gros matou, impertinent

Dès fois je prends, le mors aux dents

Quand j'en ai marre de ses câlins

Me réfugie chez les voisins

Ma liberté, n'a pas de limites

On fait pas mieux, comme égoïste

D'autres ivresses, encore j'ai faim

De me goinfrer, c'est mon destin

 

J'aime taquiner les hirondelles

Belles demoiselles, bonnes à croquer

Si je me montre parfois cruel

C'est mon instinct, qui fait des siennes

Plus je les blesse, plus je les aime

Prends tout mon temps pour me les faire

Comme animal carnassier

Suis un artiste, en la matière

 

Entre chienne et chat, pas bon ménage

Pas le même sens du partage

Mais pour reprendre l'avantage

Mes grognements, annoncent l'orage

 

Identité, pas chat de gouttière

Je me blottis contre ma mémère

C'est vrai, me plaisent ses atours

Mais les beaux jours, durent pas toujours

Me fais la malle, par trop d'amour

 

Grippeminaud, félin, greffier

Tant de surnoms, me sont collés

Dans la famille des prédateurs

Suis le grand prince des saigneurs

 

Finalement, en vieillissant

Je reste pénard, tout près du feu

Chaudement meublé, que demande le peuple

D'être sous son aile, c'est rassurant

Même dans son pieu, j'ai ma petite place

Comme son ex, je me délasse

Pas trop fidèle, je détale

Quand je vois une minette qui passe

En fin de compte, de la même race…

 

Je suis gâté, à condition

Que je lui fasse des « ronrons »

Il s'est barré, son compagnon

En avait marre de ses façons

Je le comprends, ce scélérat

Mon tour viendra, pas d'autre choix

En attendant, fais comme un rat      JC Blanc   février  2015 (z'avez compris mes allusion ?)

Signaler ce texte