Gulzarama - épisode 235 - vendredi 7 septembre

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Résumé

Bruit de tambour

Le joyeux repas de retrouvailles avait été copieux. 

Pour conclure sa marche digestive à travers le réseau serré de ruelles du niveau 7, Wictorius retourna à l’Uma Bica en flânant sur le grand boulevard intérieur du Niveau 9 où la jeunesse du Cubo tout entier venait s’étourdir, danser, flirter et se droguer en toute tranquillité pour oublier sa misère maritime. Beaucoup tentaient de rallier illégalement la côte en embarcation de fortune, certains ne revenaient pas. Le sinistre dicton lui revint, obsédant. Né sur l’océan, né perdant.

- Un café, j’ai un café à mon nom, comme Gilberto Gil, Nelson Mandela, Neil Armstrong ou Grochoudini ! C’est merveilleux ! 

De retour ruela Pudding, Wictorius monta à sa petite chambre d‘enfant. L’étroit lit avait disparu, mais restait quelques jouets confectionnés à partit de rebuts et de carapaces de crabe. Il retrouvait le bruit lancinant du tambour du torréfacteur de ses parents adoptifs, l’odeur du grain brûlant aussitôt mis à refroidir sur de grandes nattes, au bon air marin. 

- Que de souvenirs ! 

Lors de violente pénurie, il fallait bien survivre. La petite famille Bragança torréfiait alors du cacao. Wictorius fuyait la puanteur chocolatée qui envahissait la ruela en se réfugiant chez les sœurs Coulibaly qui faisaient honnêtement commerce de leurs corps. Les machines à plaisir du continent étant inconnues sur le Cubo III, leurs organes délicats ne résistant pas à la salinité de l’air. 

Sur une étagère encombrée, la boîte en fer était toujours là. Au bord des larmes, Wictorius l’ouvrit et relut ces simples mots malhabiles au dos d’une réclame Belo Snugito

J’ai été violé quatorze fois je crois, je ne sais pas bien compter. Je ne puis garder l’enfant. Je prie la divinité marine Onassis de prendre soin de lui. Qu’il trouve au large une famille aimante et de quoi manger à sa faim. 

La suite lundi ! 

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