"HALE" (première partie)

pierre-ysilda

H ate
A nd
L ove
E ver
1

La vie est crasse, qu'on ne vienne pas me dire le contraire . Elle commence par un acte fondateur de souffrance : La naissance. Puis elle se poursuit par une succession de tristesses , qui tournent et tournent dans un vortex sans fond. Ceux qui viendront me dire le contraire sont soit des cons , soit il n'y ont rien compris ce qui dans le fond , reviens au même. Et je peux vous en parler moi , je suis bien vivant !
12410 jours a porter sur son dos, une vie lourde comme une enclume. A y avoir cru avec une sincérité sans égal, que dis je...Une foi sans pareil dans l'humain et son charnier ambulant. Vivre c'est aimer , aimer c'est souffrir. Jamais l'ivresse sans la douleur dit Darc ? Enfin une parole qui a du sens.
Et puis Parfois un moment. Un moment comme une absence, une absence dans la puanteur , un îlot dans la fosse septique. La grâce qui vient poser son doigt chaud sur le bout de votre menton, comme si sous ce ciel noir et funeste elle vous choisissait ; "Aujourd'hui, c'est ton tour, Voila ta part ! Profites en bien..." 
Et la , ce n'est plus vraiment pareil.

C’était un soir de printemps comme un autre. Endroit habituel, moment habituel, ennui...coutumier. Lieu convivial des premières chaleurs Montepellieraine , "LA PLEINE LUNE" remplissait tranquillement sa terrasse en vue de la première soirée du weekend. Assis a ma table depuis quelques heures déjà, presque oublié de tous et comme en retrait, je sirotais un apéritif qui avait pris le temps de vivre, je regardais paisiblement tout ces gens qui s'activaient, bougeant les tables au gré des nouveaux arrivants, se saluant a grands coups de "ça va mec?", tous très content d'eux même, et d’être simplement la. Le décor classique d'une soirée molle qui ne décollait pas vraiment et ressemblait furieusement a celle de la veille. C'était bien parti pour durer., et dans le fond je n’espérai que ça. Apres la masse d'arrivants pour "l'happy-hour" de dix neuf heures, le décor était en place. Les regards allaient pouvoir se chercher. Les clowns étaient de sortie , Les filles maquillées, les serveurs sur les starting-block pendant que les guitaristes finissaient de s'accorder : La mascarade pouvait enfin commencer.

Collé a mon siège, j'en rajoutais bien sur quant a ma façon de ne "pas être la" et sur cette nonchalance typiquement rock andr oll, du mec qui se fout de tout , et qui veut bien sur que cela se remarque. Je crois qu'en fait , comme souvent , je me faisais chier et que c'était évident. Je ne m'attendais rien , et surtout pas a ça. Lorsque je la vis ,ou plus exactement quand elle m'apparut. Sa silhouette agile d'un mètre soixante, de longs cheveux noirs, un corps ou plutôt une ondulation, me claquèrent la gueule comme une main , mais gantée de velours. Remontant sur le plus joli des visages, sertis de deux perles sombres et de lèvres de gourmandise, Je sentis mon sang et mon crane entrer dans une folle gigue Talons hauts et jambes nues, sous un short frangés et un simple débardeur. Une vision de paradis, a la beauté de succube, un moment hors du temps. Elle était la, attablée a cette terrasse de soir de juin, cristallisant tous les regards et érotisant les lieux. Un épicentre de regards , un séisme a deux jambes : Un tsunami organique.

J’étais la, je la regardais et par chance depuis ma chaise, ma vue me l’offrait plein cadre. Elle était toute a ma vue, je ne boudais pas mon plaisir, ne perdais rien de cette petite vision d’Éden. J’espérais bien croiser son regard, ou plutôt qu'elle finisse pas me voir. J’étais la a me tortiller sur moi même pour d'une façon détachée et puérile, attirer son attention . L'oeil humain est un attribut fabuleux car au delà la simple observation, il est révélateur de vérité et quand celle-ci vous transperce elle est...implacable ! Lorsque enfin nos iris se croisèrent je su qu'il me fraudai agir, et agir vite ! Que la place a ses cotées serai pour moi si j'avais le courage de venir la prendre. Il me fallut encore quelques instants pour la regarder, finir mon verre et réunir mon courage. Alors que je me levais devant les regards incrédules de mes voisins de tables qui comprenaient que j'allais faire ce dont, sans en avoir le courage, ils mourraient d'envie, je m'approchais. C'est a deux mètres d'elle que j'entendis ce rubis échanger quelques mots d'Anglais avec le serveur : J'avais mon angle d'attaque, mon prétexte et pouvais commencer mon numéro.
- "Hi, English?"
- "no Turkish, mais je parle un peu Français, je suis Hale"
- "ok , puisque nous sommes en France, parlons Français !! mon nom est Pierre"
- " Bonjour Pierre, enchantée !"
- " bonjour Hale, enchanté ! "
J’étais la, a sa table et nous discutions. J'avais presque du mal a y croire : C'était déjà en soit une victoire, et quand elle plongea ses yeux tout aux fond des miens, une vague me fit chavirer. Elle était sublime, taillée dans la cuisse droite d'aphrodite, et comme si cela ne suffisait pas elle avait se regard qui vous met a nu dans l'instant, passant outre vos yeux, pour allez faire son petit marché au fond de votre âme , et y déposer son message. Celui qu'elle m'adressa fut "Tu me plais". Je sentis mon coeur se manifester, me rappelant a la vie toute entière. Ils étaient loin mon ennui, ma table et ma nonchalance a deux sous ! j’étais tout entier a cette sensation très étrange d'une onde qui vous électrise le corps, la peau, les muscles, vos tripes et vos os. J’étais aux anges et essayais tant bien que mal de ne pas perdre ma superbe, ne pas couler le long de ma chaise. Mais je me liquéfiais ! Ce qui je crois , lui parut attendrissant, car elle avait surement l'habitude de produire cet effet la chez les hommes, du moins ceux qui avaient gardé en eux se fond d'innocence et de timidité enfantine, et face a elle : J'avais quinze ans a nouveau.
La soirée se poursuivit, maladroite et emprunté comme lorsque deux personne se plaisent d'instinct , mais qu'il faut tout faire pour ne surtout pas le montrer , et jouer le jeu du détachement , de la séduction. Les numéros finir par s'échanger dans un frôlement de mains, des sourires entendus et un glissement de regards qui n’appartenaient déjà qu'a nous. Je devrai attendre cinq jours pour la revoir, la pression allait monter : Ces 5 jours semblèrent un an."

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