Happée

daria-soren

Le manque me mord. Je ne suis plus la personne indépendante que j'étais. Plus à l'aise avec la solitude. Pour la première fois, je suis dépendante. De lui. Même si je n'ai besoin de rien. J'ai besoin de lui. 

A force de m'entourer, me parler, me regarder, m'aimer, il a trouvé la source. Dans ce monde de l'amour, je suis sans repères. 

J'ai finalement ouvert mon coeur. Il ouvre le sien. J'ouvre le mien, un peu plus.

Et c'est une nouvelle mutation, une nouvelle identité qui n'existe pas sans lui. Elle est moi avec lui. Petit à petit, voir s'éloigner ma chère indépendance, sentir ce lien délicieux et douloureux m'envelopper. Une sensation si effrayante mais tellement tendre que j'ai envie de m'y plonger. 

Jusqu'où irons-nous? Jusqu'où ce lien peut-il conduite? Si demain il devait se défaire, pourrais-je redevenir la personne sans attaches que j'étais avant? J'ai la sensation que c'est irréversible. 

Les quatre saisons sont passées. On ne s'est pas lassé. La porte est franchie. La prudence envolée. Un abyme d'émotions. 

"Tu gardes mon coeur, je garde le tien". 

C'est si fragile et émouvant, cette sensation délicieuse et mordante. Je suis happée. Dans l'abyme de ses yeux, l'abyme de sa peau, l'abime de ses bras, l'abyme de son coeur qui bat contre ma joue.  Je nage en profondeur. Perdant la surface et le fond, perdant le nord. Je suis en apesanteur dans son coeur. Suis-je perdue? 

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