Helena Kork
Bob Tass
Brooklyn février 2004
Mon nom est Héléna Korc, j’ai 44 ans, je suis célibataire, je mesure 1,72, je pèse 60 kgs et je bosse dans une tour de Manhattan comme analyste chez Hillman Financial Trust.
Je suis plutôt jolie et consacre l’essentiel de ma vie à mon boulot. Je crois pouvoir dire que je suis ce qu’il est convenu d’appeler une femme indépendante.
Sans enfant, cadre supérieur, un travail intéressant, des collègues sympathiques et un chef bourré de qualités. Quelques précieux amis éparpillés au fil des années autour du monde : Clara à Genève, Laurette à Paris, Philip à Hanoï, Peter à Manille où dans la jungle.
Mes amours……………pas terribles, pas solides, décevant presque toujours.
La plupart de mes amis m’appellent Liana, quelques uns admirent mon intelligence, la plupart reconnaissent mon indépendance d’esprit, très peu se doutent qu’il m’arrive de pleurer le soir toute seule et de rêver à d’autres mains que les miennes sur mon corps
Le boulot consiste dans le suivi des financements de projet, un boulot de flic, contrôler que les financements mis en place soient bien utilisé comme prévu, que les entreprises restent dans le budget, le planning et le cadre des lois.
Nos clients habituels sont les fonds d’investissements, les fonds de pensions, quelquefois des industriels ou de grosses institutions.
Mon domaine : les projets « énergie » de la zone Asie-Pacifique.
Outre l’anglais je parle couramment le mandarin, le français et pas trop mal le russe.
La plupart des barrages, des centrales thermiques et des raffineries construites ces vingt dernières années entre Karachi et Sakhaline ont eu à faire à moi.
Je passe plus ou moins un quart de mon temps sur le terrain et le reste aux USA, le plus souvent à New York. Mon chef s’appelle Kill, il a 55 ans, un homme exceptionnel, une montagne de muscle de 1,90, ancien Marines, il supervise toute les activités de la zone Asie.
J’ai cru longtemps être amoureuse de cet homme pas comme les autres, cet homme qui décousait les étiquettes de ses costumes en tweed des meilleurs faiseurs de Savile Road quand tout les cadres s’arrangeait toujours plus ou moins pour que nous puissions tous savoir que les leurs venaient des usines demi luxe d’Armani ou de Lanvin, cet homme qui se mouvait sans bruit comme un chat, qui ne parlait jamais de sa vie privée, qui était toujours attentif aux autres et qui dans le boulot privilégiait toujours la première personne du pluriel en parlant de l’équipe, la notre. Celle qu’il appelle « le gang ».
Un soir j’ai compris que je voulais seulement qu’il soit mon ami, un vrai ami, comme un savant mélange de fraternité et de paternité. C’est ce soir là que je lui ai dit :
Kill, est ce que je peux t’inviter à prendre un verre en ville avec moi ce soir ?
Oui bien sur, je passe un coup de fil à Singapour et on se retrouve en bas ?
D’accord, à tout de suite.
Dix minutes plus tard je le retrouvais à la porte de l’ascenseur.
Alors tu m’emmènes où ma jolie ?
Quinze ans qu’on bossait ensemble et pour la première fois je l’entendais me donner un nom affectueux, je n’ai même pas tiqué.
Je t’emmène nulle part Kill, j’ai 44 ans ce soir et je veux que ce soit toi qui m’emmène là où tu vas d’habitude.
Comme une petite sœur ou comme une maîtresse ?
Je me suis senti rougir, je l’ai regardé droit dans les yeux et j’ai répondu sans buter sur aucun mot :
Ce sera comme tu voudras.
Alors ce sera comme une collaboratrice formidable. Quelque chose de rare entre une petite soeur et une femme désirable mariée sans doute à mon meilleur ami.
En descendant vers le parking, il m’a demandé si mes projets se passaient bien, si les Italiens me posait pas trop de problèmes sur les 600 mégawatts de Gandhaki, comment je sentais le projet Mobil de Vladivostok ?
J’étais heureuse et je me sentais tellement libre que j’ai répondu :
Ils commencent à comprendre que mon cul est vraiment trop petit pour eux.
Kill n’a même pas haussé un sourcil à ce langage tout à fait nouveau pour moi, il a seulement répondu :
Fais quand même attention, les Texans du service contentieux de Mobil sont des rats qui vivent et prospèrent sur les tas d’ordures.
Arrivé à sa voiture je ne fus pas surprise, une vielle Chevrolet Classic d’au moins quinze ans. Je me sentais presque émue de pénétrer doucement l’univers de cet homme qui me plaisait, que j’admirais et que d’une certaine façon j’aimais depuis si longtemps.
Il voulut ouvrir ma portière qui refusa tout d’abord de s’ouvrir puis céda sous la pression de sa hanche.
Bienvenue à bord Liana, dis donc, tu veux vraiment aller prendre un verre dans mon QG ?
Oui absolument.
C’est bon on y va.
La voiture empestait le tabac froid et quelques paquets de Camel froissés traînaient sur le plancher. Je me dis en descendant la vitre que Kill le mec réglo et rigoureux qui allais toujours à l’essentiel pouvait bien se permettre de gérer ses vieux paquets de cigarettes comme il le voulait.
En sortant du parking nous avons tourné à gauche puis descendu la 8eme avenue jusqu’à l’Hudson, nous avons traversé le pont de Brooklyn et pris vers les docks, cette ville sale et industrieuse où je mettais jamais les pieds. je ne m’étonnais pas, je constatais seulement avec satisfaction que je ne m’étais pas demandé où Kill pourrait bien m’emmener.
Salut clarence... j'ai écrit 45 pages de cette histoire. Raisonnablement il reste encore 8 ou 10 "épisodes", j'espère que ça me donnera l'envie de terminer l'histoire (?) soit une bonne centaine de pages de plus.
· Il y a plus de 12 ans ·Bob Tass
J'ai lu tous les episodes d'une traite!!!! J'adore ton style, je suis hyper fan de l'histoire.
· Il y a plus de 12 ans ·Alors? A quand la suite?
rcclarence