Helena Kork 4
Bob Tass
Alors Kill, c’est qui que tu me présentes ?
Viens on va boire un pot avec Wall et John.
En traversant la salle il claqua quelques épaules et adressa quelques saluts. Arrivé à la table de ses amis il m’avança une chaise et s’assit à côté de moi :
Alors les anciens ça va comment ? Ca roule, ça roule, et toi Kill ? Moi ça va, je vous présente Liana, on bosse ensemble chez Hillman, eux c’est Wall et John, deux anciens marins, donc des mecs pas vraiment recommandables ! Nous parlâmes un peu de tout, tout les trois avaient beaucoup d’humour et nous rimes beaucoup sans que John arbore quoi que ce soit qui puisse être pris pour un sourire. Peu à peu d’autres hommes se joignirent à nous et l’ambiance devint très chaleureuse, un peu plus tard sans qu’aucune commande ne fut lancé les serveuses toutes plus asiatiques, ravissantes et souriantes les une que les autres apportèrent des bols de nouilles, des nems, des rouleaux de printemps, du poulet au gingembre et de l’alcool de riz. Je fus frappé par la prévenance et la gentillesse de tous jusqu'à ce que mon regard tomba sur une pendule : minuit ! Quatre heures que nous étions ici….. Dis donc Kill, t’as vu l’heure qu’il est ? Tu bosses pas demain ? T’as raisons ma jolie, allez les gars on se casse, salut tout le monde ! Excuse moi Kill mais il est hors de questions que je m’en aille sans embrasser tout tes amis. C’est normal on est presque tous des marins ! Je les embrassais tous en les remerciant pour une aussi belle soirée et me retrouvais dans la rue au bras de Kill et trente minutes plus tard au pied de mon immeuble, Kill descendit de voiture et m’accompagna jusqu’à la porte, je lui faisais face et j’aimais son regard. Je me sentais toute bête d’un seul coup, j’aurai voulu lui dire « Monte prendre un verre, et puis après on dormira ensemble, on en a envie tout les deux ». Au lieu de ça je me contentais de : Je te remercie Kill pour cette soirée, j’ai beaucoup aimé sortir avec toi… Moi aussi Liana, moi aussi je te remercie, c’était bien. Je me penchais en avant et l’embrassais sur la joue en me disant « Pourvu qu’il me serre pas dans ces bras et me donne pas ce baiser d’amoureux dont je rêve ! ». Je regardais partir la vieille Chevrolet en lui adressant un signe de la main et pénétrais chez moi. Zéro heure quarante disais ma montre! Deux minutes plus tard j’étais sous une douche brûlante et cinq minutes après habillée par les notes du xylophone de Lionel Hampton allongée sur mon canapé un verre de Menetou Salon à portée de main. La seule règle qui vaille, la mienne, aurait voulu que je réfléchisse à ma journée du lendemain avant de m’endormir, hors je n’arrivais pas à penser à quoi que ce soit d’autre qu’à cette soirée, assez paradoxalement je ne pensais pas à la misère racontée par Kill ou visible sur plusieurs de ces hommes, non, je pensais au beau visage de Wall, à la gravité et à l’humour piquant de John, aux regards fraternels échangés entre Nando et Kill, à toutes les immensités de peur et solitude qu’ils avaient affrontés, et à la force qu’ils trouvaient entre eux pour encore rire. Et puis Kill, ce vieux Kill qui sans rien dire ni faire avait réveillé en moi le meilleur, le plus doux, tout de suite identifié sous la douche en me savonnant les seins et ensuite en prenant le temps et le plaisir de me contempler nue devant le miroir. Trouver un homme, un homme avec de vrais valeurs, courageux, tendre et rieur, l’emmener au bal du 14 juillet à Menetou Salon, s’enivrer de la beauté des paysages du val de Loire autant que de ce vin merveilleusement fruité, lui demander de me faire l’amour appuyé à un arbre ou dans l’herbe d’un pré fraîchement coupée………… Cet homme là existe, je le sais. Est ce que je serai assez intelligente pour le trouver ? Pour le regarder tel qu’il le mérite ? Et lui dire que je l’aime ?