Hémisphère, le nouvel album de Cactus 40

Laure Cassus

sponsorisé par six troènes de fer

L'auteur est un peu efféminé mais bon. Les doigts tendus dans un geste de volonté vers le ciel, il prend plaisir à ne jamais vous regarder en face. Seul son collier solaire de femme astrale jaune vous fixe le 3ème oeil direct.

"Je suis un digicode à moi tout seul", explique-t-il. "J'ai des tas de possibilités et j'en valide une tous les 18 mois, selon un calendrier apocalyptique de mon cru".

Une démarche originale s'il en est pour un musicien hyper productif, qui préfère laisser ses partitions s'enflammer sous le soleil de Tunis. Oui, cet homme muté vit en Tunisie où des générations de cactus ont su façonner son être aride, au corps à la fois soyeux et multi barbelésé.


Cactus 40, ainsi nomma-t-il son groupe de Trip où il exerce en solo sous la forme d'un cactus genré, travaille en corrélation constante avec l'indice du CAC 40, devenu personnage public au 20e siècle. 

Il se dégage de son album une harmonie protéiforme qu'il qualifie de radicellique, c'est à dite à la charnière de la rétention d'eau propre au désert et du clapotis de clavier propre à la surproduction.

Cactus 40 a su mixer mieux que no one les cris de la City  avec ceux des petites mains pianotant sur les ordis. Car ce sont tout autant de bulles de O potentielles, retenues dans des barrages capitalistes d'argent sale. Bien sûr la révolution des bleuets, euh non des jasmins, inspire encore son oeuvre. Dit il en suffocant sur un pollen résistant venant à passer dans le studio extérieur.


"Notre humanité aquatique n'a pas disparu", insiste-t-il dans son habit vert de cuir d'autruche chlorophyllé, "elle est juste enfouie en attendant que le CAC la stimule par ondes sonores rémunératrices". 

Qui mieux qu'un cactus compositeur peut nous rappeler au devoir d'espoir en ces temps troublés et prédestinés à la révolution des tilleuls ?



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