Henri

Paul Robert De La Fauvellerie

Henri avait les foies... Être lui-même paraissait impossible à ce garçon plus que timide. Il sentait comme une barrière invisible à chaque fois que survenait la tentation d'oser, c'est-à-dire assez régulièrement... Il se faisait des films dans sa caboche où il osait, il vivait, mais dans le réel, que dalle... Tétanisé par l'angoisse, il se débrouillait toujours pour s'enfuir de situations qui auraient pu être enrichissantes...
Son existence lui apparaissait comme bien pauvre, et il en souffrait réellement. Il songeait à en finir des fois !! Il adorait "Le Poinçonneur" et surtout le finish de la chanson... Tout espoir lui était interdit, de par cette névrose galopante telle un cheval de feu qui brûlait ses illusions au passage...
Henri pouvait être assimilé à un pauvre type triste et aigri aux yeux des inconnus. Ses proches, assez rares tout de même, essayaient de comprendre mais en étaient incapables malgré une certaine empathie... Plus ils essayaient de le pousser vers l'avant, plus Henri reculait...
Même Gilda qui semblait attirée était désespérée par cette apparente léthargie. Elle semblait pourtant voir une lueur particulière dans ce regard que d'aucuns auraient qualifié de benêt...
Elle se décida, un jour qu'elle passait dans le quartier où vivait presque reclus Henri, à "décoincer la momie" et alla sonner à sa porte...
(À suivre) 

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