Le garde rôle

eymeric

Dans mon garde rôle, il y a beaucoup de sentiments différents

       Je m'habille de son chagrin et ça me va bien, elle voit en moi un chat noir provoquant l'émoi et pourtant ça la pousse à mettre des vestes aux gars bien. Mon parfum en guise d'écharpe qui réchauffe les souvenirs de nos nuits torrides. Ce qu'elle semble le plus apprécier est le fait que je ne prenne pas de gants pour lui dire les choses, elle qui pourtant veut tant porter la culotte. Parfois ça doit la toucher de se dire qu'elle cale sur un con et que son activité principale est de lui baisser le caleçon. Parce qu'autour de moi elle a ses bras scellés, elle ne fait pas attention au temps qui défile sur sa montre, pourtant ses amies lui montre que je me défile devant ses questions sérieuses. Le simple coup que je suis pour elle est collé à sa peau comme son collier à son cou. Parce qu'elle se rappelle de toutes les fois où elle m'a appelé chouchou alors qu'elle attachait ses cheveux avant de se dévouer à moi. Hélas elle retient chacun de mes tiques de langage. Elle pensait trouver chaussure à son pied, elle a trouvé un chauffard qui voulait juste prendre son pied. Parce que je voulais foncer sur la ligne des RGV (relation Grande Vitesse), j'emmerdais les contrôleurs, ces pseudos soldats de Cupidon m'empêchant de m'intéresser aux filles cupides. J'étais prêt pour mon Go Fast, j'avais des kilos de sheet dans le coffre, ces feuilles marquées de poèmes me permettant de manipuler ces filles et plus tard d'enfiler les chagrins de celles tombées dans mes filets. Parce qu'en fait il ne s'agissait pas seulement d'elle mais d'elles.

        Puis je l'ai vue elle, plus singulière que les autres. J'ai freiné, stoppé la course, comme le coup de feu qui calme tout le monde, PAN : Talons, robe, chemise, marinière ... Elle portait tout bien, le genre qui te mène en bateau. Le genre pour qui certains descendent en bas tôt afin de vendre le shit loin de la tenu classe bateau-blazer. Ce n'était pas mon cas, j'étais maintenant blasé des filles cupides et du RGV, de celles adeptes de concours de tee-shirt mouillés. Je voulais être comme cul et chemise avec elle, apprécier un tour de France avec elle, un tour qui serait long parce que j'aurais délaissé le RGV pour le vélo en tandem. Tant d'émotions quand je la voyais fermer sa robe et par le même geste la fenêtre vers le jardin de mes soucis. Je voyais enfin fleurir un truc et les feuilles sur elle continuaient de tomber alors qu'on était en plein été. Est ce que tu vois le genre de fille dont je parle ? Celle que tu hésites à approcher de près. Bas les mains de son haut balmain. Tu veux l'épater, l'amener au bal ? Hors de question d'y aller à pattes après avoir graille un plat de pâtes. Il te faut au minimum le restaurant si tu rêves d'une soirée un peu plus pimentée en sa compagnie. Tu seras peut-être la 7ème compagnie de sa semaine, mais elle est sélective. Elle épure ses rencontres car elle est pure. Elle se mérite. Mais rite de passage oblige, tu devras danser, voir courir afin d'en faire ta muse. Hic, il y a eu un hic. Non pas dans ma démarche de la séduire, car j'ai réussi. Mais plus dans l'idée que je me faisais d'elle. Elle l'intouchable dont c'était si excitant d'essayer de la toucher a vacillé. Va savoir pourquoi ... Mais je soutiens que le nœud qu'elle avait à la gorge c'est car elle était émue malgré le fait qu'elle se persuadait que je n'étais pas sain pour elle. Elle voulait un OG comme stringer Bell après tant d'gars pas capables de porter la culotte. Au final elle a eu un gars droit qui a décroché sa lune la renvoyant au statut de fille un peu gauche aussi chaude que le soleil. Pour un gars qui n'était pas censé lui arriver à la cheville, chaud étaient les sets. Si bien que la balle était dans mon camp et je remportais le match. Et on remettait le couvert à chaque fois, à l'hôtel où travaillait sa tante ou sous une tente près d'un feu de camp. Parce qu'elle était perdue dans une forêt d'illusions et je me servais de ses désillusions passées comme les brindilles alimentant le feu ardent de notre relation. Dans cette relation, dans mon périple amoureux digne d'un film, elle était le cameo le plus récurrent. Et via ces apparitions fugaces elle me fit grâce d'une attention et d'une dévotion que je ne méritais normalement pas. Je me déshabille donc de mes joies. Résultat ? Étendre mon linge consiste à attendre que mes sentiments mouillés par leurs pleurs et cyprines ne sèche via la flamme de nos relations. Cependant j'évite toujours de me mettre à nu devant elles. 

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