Hip hopoésie vol.06

nrik

Ici, l'idée de cette chronique, c'est d'essayer de vous montrer qu'il y a de véritables poètes dans le rap. Loin des clichés que certains peuvent imaginer. Pour le reste, à vous de juger.

En plus d'être de véritables poèmes, certains textes de rap, ont une portée universelle. L'extrait suivant, tiré de la chanson "Correspondance", sur l'album de Fabe "Détournement de son", paru en 1997, a été écrit par Al. Le rappeur, en poète maudit, y évoque la quasi impossibilité de vivre de sa passion. Plus généralement, il y explique la difficulté d'entrevoir un avenir confortable, lorsqu'à 25 ans, il est au chômage. Une situation encore bien familière pour de nombreux jeunes, en 2014.  

"[...] Pour assouvir sa passion, ça relève de la mission. Je suis là à regarder loin devant moi, en rappant mes textes dans le vide. Mais je vois pas l'endroit où hip-hop rime avec avenir solide. Les incertitudes se cachent derrière les embûches. Tu t'excites comme une abeille dans sa ruche, puis tu te rappelles qu'il faut remplir la cruche et mettre du pain dans la huche. Dur d'avancer sans obstruction. Les murs, comment en faire abstraction ? Le futur s'annonce difficile dans sa construction. Ne brusquons pas les choses, ça veut dire quoi ça ? Est-ce que les choses se gênent pour me brusquer, moi ? Souvent, je pense qu'on est abonnés à la souffrance, aux carences sur le plan de la chance. Comme vivre dans une substance qui s'endurcit, jusqu'au jour où plus aucun mouvement ne sera permis. Pas verni, mal servi et pas un radis en poche : j'entends "le paradis est proche", mais on nous prend pour des cloches. Je veux faire mon truc alors je m'accroche. Mais pour combien de temps ? La paroi est glissante, les prises sont peu nombreuses, la chute peut-être imminente [...]"

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