Histoire d'une mite - série

Laure Cassus

Suite de 5 textes pour le concours Télé-Loisirs : Les trois premiers épisodes rédigés, un synopsis indicatif et une bible de personnages.


Episode 1


La mite aux ailes délicates se baladait dans les airs le matin comme le soir, supervisant les allées et venues des pulls de l'habitation. Parmi les plus moelleux en qualité mohair, s'en trouvait un d'une couleur indigo aux mailles resserrées annonçant une certaine quantité de soie, probablement d'origine russe. La mite avait regardé l'étiquette et il s'agissait en fait d'un pull tricoté à la main en région Centre-Morvan, eldorado de la maille. Parvenir à se taper un pull français vendu plusieurs centaines d'euros à une naïve persuadée de cumuler la bonne action à un pacte esthétique de valorisation d'elle-même, c'était sans compter sur la petite mite, spécialiste de la défection de blue dreams au nom de la continuité de l'espèce. In the name of...

- Hum, il fait chaud ici, se dit la mite depuis le haut du cintre. Ce placard n'a pas été ouvert depuis des lustres...

Cherchant le jour, elle finit par repérer un filet de lumière en provenance d'un gond.
- Parfait, je pourrai bientôt m'éclipser sans entâcher mes ailes poudrées, en pure gazelle des hauts plateaux .

Dans l'obscurité de la penderie, c'est à l'odeur que la mite progressait sur le cintre . Elle s'approcha d'un premier vêtement dégageant un parfum de feuille. C'était un tissu de coton basse catégorie, cueilli trop vert par des machines rouillées et cela se sentait, cela empestait même aurait pu t-on dire. Les mains mécaniques s'étaient contentées d'un bouton jaune à moitié pas développé et de ce sentiment de non-finitude restait une odeur âcre, celle de la frustration. Franchement la mite n'eut pas envie de s'y arrêter. Heureusement un peu plus loin se présenta un vêtement de laine visiblement venu de loin, de terres ventées et asséchées, de terres ayant contraint les pelages à se faire plus épais et plus gras. Dreadlockés. Il s'agissait d'un kilt en faux tartan d'Ecosse d'une qualité malgré tout plutôt supérieure. Les bovidés originellement propriétaires de cette toison n'étaient pas du genre à se rouler dans la tourbe. Massifs et lourds, ils avaient promené leur laine par tous les temps et fantasmé sur des tas d'évasions possibles de leur lopin de caillasses noires sur fond de steppe anisée. Le tartan serait coriace, chatelain même. Et déjà la laine d'Ecosse lui balançait une malédiction dans les dents.

- On verra plus tard, pensa la mite, passons à ce synthétique.

Là il lui fallut quelques substances stupéfiantes pour se sentir en phase avec la dimension électronique qui renvoyait des basses  vibratoires contre les parois de l'étagère. L'effet était exceptionnel, elle se laissa enivrer par la réverbération du chandail polyamide à la fois digital, minéral et semi conducteur. Ce rave pull était tout simplement parfait pour une seconde partie de soirée.

Le lendemain matin, l'armoire était de retour dans sa réalité, la mite fit un brin de toilette en déposant quelques œufs sur le pull en pétrole qui avait trahi toute la profession depuis 10 ans. En vain bien sûr, aucune mite ne naîtrait jamais de ce terroir là.


Forte de sa culpabilité de lendemain de cuite, la mite fit une pause et regarda l'horizon, qui se tenait verticalement entre les portes. Elle prit une grande inspiration et se mit en quête d'un bon plat bien salé nourrissant et sans prétention. Elle sauta donc vers l'étagère inférieure et se tapa une chaussette trouée en grosse laine de mouton, couleur carbonara puis s'y coucha en ronflant de petits sifflements aigus de mite exténuée.
Dans l'après-midi elle se remit sur patte et se souvint qu'elle était un papillon et non un parasite, un joli papillon de nuit même, de taille réduite certes mais qui affectionnait les étoffes et le luxe. C'était un droit d'être comme ça, c'était un honneur d'avoir une mite dans son armoire. Elle avait quelques idées de composition pour les futures armoiries de sa lignée d'ailleurs si elle arrivait à conquérir le tricot de chèvre angora du fameux pull mohair pour l'instant introuvable.

- Bon sang mais comment s'y prendre pour l'atteindre ? Qu'est devenue la grande nunuche qui trimbale ce trésor sur son dos comme une tortue ses écailles ?  Ne te laisse pas ronger par la jalousie, ma mite, peut-être que si tu agis bien pour ton environnement un jour recevras-tu un gilet de laine  en reconnaissance de ton dévouement à la fratrie.... Ha ce vague à l'âme.... Bon où en étais-je ? Le pull angora bien sûr.

La mite partit en exploration et traversa le passage lumineux.

Dehors il faisait sec, ce n'était pas très facile de voler dans ces conditions d'aseptie. Elle finit par apercevoir le trésor, négligemment pendu sur un haut de chaise. 

- C'est vraiment pas la classe ici, se dit la mite.

Et elle attérit.

A la vue des mailles de point mousse, la mite se réjouit en son for intérieur car l'atterrissage allait être facilité. Les ailes dressées et les pattes en avant, elle prépara son point de contact, tel un lander génération Pathfinder. La mollesse des vaguelettes de laine lui permirent d'estimer qu'en  à  6 à 7 mailles maximum, elle atteindrait l'arrêt. C'est ce qui arriva. Une fois sur son séant, bien contente que le site ne soit pas habité, elle fit quelques prélèvements qualitatifs qu'elle analyserait plus tard.
 
Pour l'instant elle voulait savourer le moment, ce bleu indigo à perte de vue, cette brillance particulière de la soie enlacée par le mohair, c'était d'une beauté à couper le souffle. Elle pensa à son compagnon, son dernier disons, qui s'était envolé dans un mouchoir kleenex après avoir tant galéré sur une banquette arrière de voiture avec  enfants. Que du H et M à cet âge, obligé de se contenter de miettes de pain coincées sous la couture du siège. C'était le bon temps pourtant, ils avaient bien zoné tous les deux mais la roue avait tourné et désormais elle était veuve. Du moins le crut-elle.
 
Dans les contreforts du col l'attendait une surprise. Une mite de plus petite taille, passablement agressive et autoritaire : un mâle. Dès qu'il la vit en mode jakusi dans les volutes, son sang ne fit qu'un tour.

Une visiteuse ! Comment faire ? L'amadouer, l'esclavagiser, la sermonner ?
Avant tout garder la tête froide, Il était hors de question de partager le territoire, encore moins de subvenir à ses besoins et en dernier lieu d'entendre des jérémiades sur son parcours de vie complètement mytho comme c'était le cas de pratiquement toutes les séductrices.
C'est bon, je sais, je la tue, c'est simple net et précis.
Il s'échauffa un peu et lui sauta dessus bien entendu par derrière. La mite sentant un petit truc lui trafiquer le dos, ouvrit ses ailes brusquement et assomma de ce fait la mite de petite taille qui représentait somme toute dignement la gent masculine de ce territoire indigène.

- Oh pardon mon petit, vous ai-je fait mal ? dit la mite condescendante.
- Oui plutôt, que faites-vous là sur mes terres ? Etes-vous pleine ?

On était assez direct chez les mites.
- Vous voulez dire fertile mon ami, précisa la mite initiale.
- L'un ou l'autre aucune importance, vous dégagez avec vos chiures et vos chiards et le plus vite possible.

Ce petit mâle célibataire n'aurait jamais dû effectuer un tel point de précision  sur le délai qu'il avait déjà semblait-il intégré. Car pour une femelle, le temps étant sa spécialité et le comptage son hobby, elle joua tout de suite la montre et commença le match.

- Dégager de vos ailes fortes et vigoureuse ? comment…  vous voulez dire : déjà ? Et elle battit d'une paupière.  
- Est ce à vous cette superbe étendue bleutée? Quel travail, quel talent, je suis tellement heureuse de vous rencontrer enfin (fallait y aller fort, il n'avait pas l'air très dégourdi), j'en suis infiniment troublée ... et l'idée de découvrir votre environnement ... Avez-vous des mouches en esclavage ?

Légèrement sensible et passablement décontenancé, le mâle mentit car il n'avait plus le temps de faire autrement.
- Bien sûr, je fais travailler une douzaine de moucherons, qui sont actuellement en pause dominicale, si vous voulez visiter mes parcelles demain, je vous ferai découvrir l'histoire de ce domaine.
- Oh, il est à vous ? dit l'ingénue.
- Non mais j'en suis l'intendant et le chef spirituel depuis longtemps.
- Combien de temps exactement ?

Le mâle se sentit flancher, le temps c'était vraiment pas une donnée mathématique pour lui.
- Mais depuis toujours en vérité, répondit-il.
- Alors me voilà votre hôte monseigneur. Elle savait y faire la veuve.
- J'en suis très honoré, si vous voulez bien me suivre, dit-il.

Leur histoire commença fort bien et dura fort longtemps, à l'échelle d'une vie de mite c'est-à-dire,  euh…
- Mais non… le temps n'a  plus d'importance mon amour...
- oui Bien sûr mon amour, répondit la mite (qui pensait tout le contraire et avait déjà rempli deux agendas de trucs qu'il n'avait pas encore entamés pour leur expansion future).

Ils roucoulèrent entre les mailles et finirent par en oublier de s'alimenter. Puis arriva le jour où le pull retourna sur les épaules de la grande gigue.
 
… /…


 Episode 2

La dame avait rendez-vous chez le coiffeur et elle était sur le point d'être en retard. Elle arracha donc le pull de la chaise et le déforma pour y passer la tête. 
Sur le fauteuil du salon, le coiffeur aperçut deux mites enlacées sur une des épaules de la dame. Il voulut les écraser mais se rappela que leurs ailes pouvaient laisser des traces.  Il alluma alors un sèche-cheveu et envoya valdinguer le couple dans les airs kératinisés. C'est ainsi qu'elles se retrouvèrent à ramper sous les mèches coupées, avançant telle une tortue romaine. 
Positivant autant que possible sur  la situation, la mite se retrouva toute excitée à l'idée de trouver un refuge en cheveux, une matière si belle, un peu rêche mais tellement résistante. Une technologie extraordinaire qui nécessitait des soins par toute une équipe de collaborateurs au moment du lancement d'une nouvelle tête : masseur, cafetier, manucure, chimiste, sculpteur, balayeur, décorateur ensemblier, impressario. C'était une activité complète, un exemple de réussite et un modèle économique auto perpétué par une fréquence allant de 15 jours à 2 mois pour les projets les plus sérieux.
 Le carrelage glissait un peu et ils parvinrent bon an mal an à atteindre le porte manteau situé derrière le comptoir. Redoutant la réaction de sa compagne devant les univers de tissus qui risquaient de se présenter à eux, et dans l'objectif d'éviter une crise de nerf face au choix qu'il faudrait nécessairement faire, la petite mite se plaça sous l'aile de sa compagne et commença à lui caresser  les flancs puis le centre du buste. La mite stoppa net  leur cheminement et se laissa parcourir le corps en réagissant tel un parchemin blanc.
Totalement amoureuse et transcendée par l'accouplement, elle laissa la petite mite ouvrir le chemin à sa place. Encore évaporeuse elle alla même jusqu'à lui laisser le choix de leur prochain nid d'amour.  
A lui de jouer, et pour une fois il fut rapide, sautant sur un manteau de cachemire gris coupé rétro et matelassé en polaire noire, le vêtement d'un homme chic et sport comme il avait vu qu'il en existait sur les posters des vitrines de ce temple poséidonien . Il avait toujours idéalisé les humains et vouait en secret un culte aux civilisations du passé qui s'étaient toutes fait bouffer la laine sur le dos d'après le grand livre des mites.
 
Le mythe préféré de la petite mite mâle relatait l'histoire d'un être ayant conquis un continent glacé grâce à des formules magiques de sa connaissance, toutes construites autour de syllabes en A et de consonnes comme le P, le B, qui étaient somme toute un peu la même chose pour une oreille non avertie, et puis également quelques gueu, keu, gleu plus structurants, plus virils dirait-on pour remotiver une équipe de choc un peu fatiguée.  Il arriva donc sur la polaire intérieure avec beaucoup d'espoir, bien qu'elle fut immaculément noire et molle.
Sa compagne le suivait tant bien que mal tellement il avançait vite, galvanisé qu'il était par cette nouvelle ère qui s'ouvrait devant lui.
Oh, attends-moi, fit la mite en panique.
Il faut dire qu'elle était un peu dodue de nature et qu'elle avait perdu l'habitude de se débrouiller seule. Elle prit un petit envol pour se hisser sur le manteau de tweed gris. Car bien entendu elle était plutôt appelée par le grain du tissage lainé, un camaïeu de clair obscurs exceptionnels.
Et voici qu'ils s'entendaient plus difficilement n'étant pas sur la même face du vêtement. La mite chercha son compagnon blanc par delà les figures géométriques qu'elle parcourut de carrefour en carrefour. Elle chercha, chercha. 
Pendant ce temps là de l'autre côté du manteau, la petite mite, parfaitement repérable dans ce désert noir, savourait un coucher de lumière sur une dune de nature basaltique, sans trop s'inquiéter du retard de son amie. La lumière était bleutée et s'irisait en flaques métalliques dans les gondolements du tissu. C'était vraiment étonnant, il sortit une cigarette mal roulée et fuma un peu d'herbe puisque c'était traditionnellement autorisé au royaume des mites à la condition d'être dans de bonnes conditions extatiques. Ce qui ne voulait rien dire de précis mais là il estimait qu'il l'avait franchement mérité. Du coup le temps passa un peu, et il en oublia passagèrement sa compagne.
Celle-ci avait déjà perdu 0.5 ml de poids à crapahuter de fil blanc en fil gris à la recherche de son connard de compagnon.
- Ras le bol, le plan pourri, il me le paiera, etc ... Son esprit d'ordinaire si placide s'emballa de ressentiment. L'amour se dissipa pour faire place à la vexation, état puissant d'impuissance et d'injustice. Dans sa rage, elle s'emmêla les pattes autour d'un filet un peu trop serré et s'étala de tout son long. Le choc fut ressenti de l'autre côté du tissu et se traduisit par des ondes modifiant les lumières du paysage arctique. Il crut faire un voyage chamanique où la réalité se transformait au fur et à mesure de l'augmentation d'acuité des sens. Heureux, il se tourna  pour en faire profiter sa compagne, mais celle-ci n'était pas là. Il vérifia de l'autre côté et finit par apercevoir une paire d'antennes. Quittant la butte il s'approcha de l'objet à identifier. Mais ce n'était que le début de la tête de la mite qui avait fini par grignoter le tweed de l'endroit.
Commencer leur installation sur un vêtement mité et troué, c'était d'une augure douteuse, aussi la petite mite se fit-il redresser les bretelles quelque chose de bien. Et lui qui vivait quelques minutes auparavant l'un de ses plus beaux moments d'extase, se souviendrait longtemps du niveau sonore qui s'était soudain répandu sur la banquise noire lui gâchant l'existence d'un coup.
Comment repriser leur idylle à présent (le doute s'étant installé quant à la grandeur de leur amour bien sûr) et revenir sur la même longueur d'onde ? Ce n'était pas évident mais les mites disposaient d'un orgueil assez modéré comparé aux demi-dieux propriétaires des vêtements sur lesquels ils squattaient. C'était le privilège des intouchables.
 
La petite mite arborait un grand smile malgré la volée de bois vert qui venait de s'abattre sur leur relation. Il ne se sentait pas du tout responsable du mauvais aiguillage de sa compagne et il était très heureux de la revoir même amaigrie de quelques centièmes de millilitres.
Celle-ci se sentit tout de suite moins moche en présence de son tendre ami et elle s'approcha de lui pour l'embrasser. Ils serrèrent entre leurs ailes leurs petits corps frêles et translucides qui venaient de cumuler des stress variés depuis leur départ inopiné de la chaise en bois. 
A l'extérieur du vestiaire, les coupes allaient bon train et l'on rigolait beaucoup entre coiffeurs et coiffeuses, se moquant des allures et des clients, se chambrant sur les attractions mutuelles ratées et se montrant des quantités de tour de reins sur le tombé arrière de leurs vêtements respectifs  par miroirs interposés.
Le propriétaire du manteau de tweed gris doublé polaire finit par reprendre son par-dessus et par enfiler une manche tout en plaçant son portefeuille dans la poche latérale. Ce fut vraiment un tiraillement important à l'intérieur du manteau et les mites faillirent tomber de concert.
Finalement ils tinrent bon et se retrouvèrent dans la ville, qu'ils entendaient vrombir par le courant d'air frais qui leur arrivait du col. Sous leurs pieds montait un battement sourd allant s'accélérant. C'était un vrai capharnaum pour eux habitués aux étagères de soie et mohair et aux dépliés respectueux des tricots naturels. Eh bien cette fois, c'était un urbain, un vrai, un dur, un hyperactif, hyper impliqué, hyper responsable, hyper marcheur. Il s'arrêta justement dans une supérette de proximité et y prit quelques boissons de couleur marron (vu de l'extérieur) et dorée pour l'une d'elle. Puis il rentra chez lui au pas de course, gravit 3 étages 4 par 4 (cela se faisait à une certaine époque), entra dans un appartement et s'installa sur le canapé. Une femme à la voix perchée s'approcha à petits pas de lui, l'on comprit immédiatement qu'elle était à sa disposition, elle susurrait plus qu'elle ne parlait, l'on compris également qu'elle était peut être asiatique ou d'une docilité payante, l'on observa, toujours depuis une boutonnière du manteau, qu'elle servit l'homme en boisson dorée et qu'elle se servit en boisson rouge issue d'une des bouteilles sombres  abandonnées dans un sac plastique au pied du canapé.
- On ne peut pas rester là, dit la mite. D'abord ce qui va se dérouler sous nos yeux ne nous regarde pas, ensuite on étouffe ici, enfin la polaire c'est trop dégeulasse au goût.
- Bah pourquoi , fit son innocent compagnon ? c'est plutôt sympa comme soirée.
- Pas question, écoute je pars vers le fauteuil rose là-bas, je pense qu'on va pouvoir se régaler de soie sauvage sous peu.  Je te fais signe avec les antennes si le terrain est libre.
Et elle s'envola sans attendre sa réponse puisqu'il n'avait pas le choix de toute façon.
Apercevant la mite en vol, la femme poussa un cri strident comme si elle avait vu une araignée. 
- Quelle gourde se dit la mite, quel manque de savoir vivre ! et elle s'arrêta sur une table en acajou. Fraîchement cirée. 
- Arrgh, ça colle, mais c'est pas vrai, quelle plaie !

On n'imagine pas toujours comme le confort moderne est une source de nuisances pour les petits êtres autonomes.
L'homme urbain avait entre temps dégainé une bombe insecticide et il approchait à grande enjambée. Le produit arriva en pluie mais coup de chance il dissout très superficiellement la couche de cire, suffisamment pour que la mite se dégage et s'enfuit à toute berzingue telle une alouette médicalisée.
Elle arriva sur le fauteuil rose et se planqua immédiatement dans un galon de satin beige de façon à ce que le proprio n'y voit que du feu. Et en effet il repartit vers le canapé se faire déshabiller en sirotant du whisky de supérette. C'est dire si c'était un mauvais parti en fait.
Laissant passer quelques heures sans se faire remarquer, la mite s'endormit puis fut réveillée par l'arrivée de son ami qui avait fait le chemin tout seul, épuisé par la vidéo qui se déroulait sur le canapé. 
- Aucun goût et beaucoup bruit pour rien, lui rapporta-t-il. Elle n'était pas en état de le contredire de toute façon, la lumière était éteinte depuis longtemps dans la pièce et deux heures s'étaient passées. Autant dire que pour un service tarifé ça avait duré assez longtemps comme ça. Mais elle ne chercha pas les complications puisqu'elle lui imposait à présent un environnement rose bonbon pour élever leurs enfants.
Oui, la bonne nouvelle était arrivée mais ce n'était pas la peine de lui en parler pour l'instant. Il se croyait jeune, fringuant et libre, mieux valait le laisser savourer son intrépidité éternelle encore quelques jours et attendre qu'il s'en aperçoive tout seul. Le bon sens paysan était une qualité bien répartie entre mères et filles chez les mites, comme chez la plupart des insectes matriarcaux d'ailleurs.
.../..


Episode 3


La mite était dans une forme olympique, elle fit quelques battements d'ailes printaniers pour s'épousseter, s'ébroua face au salon puis se posa ventre contre soie en agitant doucement les ailes tandis qu'elle se frottait le ventre contre les fibres entrelacées .  Cela faisait tellement de bien ! Elle ne manquait pas en même temps de regarder son compagnon situé de l'autre côté du fauteuil sur une pente cloutée, qui fredonnait pattes croisées une mélodie incertaine tout en nettoyant le cuir de ses antennes. La clarté du soleil filtrait par un rideau de mousseline faiblement gonflé par le vent, qui venait s'abattre de temps à autre sur l'accoudoir du fauteuil, obligeant la petite mite à s'accrocher aux clous pour ne pas être emporté.
Il avait un très bon équilibre ceci dit. Il se retourna pour voir si la mite l'avait vu gérer le rideau mais le soleil lui arriva dans l'œil.
Puis il dit, assez fort et dans le sens du vent :
- Je prendrais bien un petit café moi !
Le ca-fé ! Toute sa vie il en avait rêvé, siroter cette merveilleuse boisson que tous les proprios avaient en adoration aux heures ouvrées du jour !
Il attendit l'effet de sa bouteille à la mer, et en effet un écho lui revint après un petit temps de latence :
- Moi aussi ! avait dit la mite.
Toujours dispo avec la bouffe j'aurais pu m'en douter. Côtoyer une mite non serviable c'était pas une sinécure des fois, surtout quand on se sentait tellement bien comme ça au soleil du salon, sans aucune envie de bouger.
Ses antennes luisaient à présent dans la lumière de telle sorte qu'on aurait pu le confondre avec un sportif hawaïen, de dos, et d'assez loin. Qu'est ce qu'on buvait comme café là-bas ? se prit à rêver la petite mite. Ha oui du Schweppes ils boivent du café schweppes. Il avait appris cela auprès d'un ex pote hyper baraqué avec qui il avait partagé le pull angora bleu il y a longtemps. C'était une mite originaire de Calédonie, arrivée par bagage un jour de pluie. Il avait beaucoup souffert le pauvre du climat excentrique de l'appartement d'alors, il en était tombé malade. Son dernier soupir l'avait emporté sur une envie incommensurable de café schweppes. Aux propriétés de surcroît tonifiantes. Mais c'était un peu trop tard pour lui.
On lui avait fait des obsèques correctes, enroulé dans une peau de banane puis disparu dans le vide ordure ascentionnel. On ne conservait pas les corps dans leur culture.
- Alors ce café ? dit gentiment la mite qui s'était rapprochée. On en trouve où d'ailleurs ? demanda t-elle .
- Dans la cuisine, dit il, dépliant ses pattes engourdies .
- Ok j'y vais, fit la mite, de façon inespérée pour lui.
 - Un sucre ?
- Oui merci.
Et elle décolla en direction de la cuisine.
On s'anthropomorphise vite je trouve, pensa la petite mite. Quand on voit ce qui est arrivé à mon pote calédonien, on devrait peut être lever le pied sur les chapardises auprès des proprios et se remettre à boire de la rosée verte de clou oxydé.
Il décida de lui en parler à son retour.

Deux heures passèrent et la petite mite commença à s'inquiéter pour sa compagne. Et si il lui était arrivé malheur ? Et si elle était tombée dans un piège olfactif à base d'hormones ? Et si elle était restée accrochée dans une toile d'araignée ? Et si elle avait confondu le café liquide avec le café en grains et vu une armée de scarabées devant elle ? Oh ma pauvre louloutte qui se croit si brave. Bon il vaut mieux que me prépare à partir en explo. Prépare toi psychologiquement aussi se dit-il, tu ne sais pas ce que te réserve cette cuisine. Et il s'équipa, c'est-à-dire qu'il crut s'équiper, n'ayant rien à placer comme protection en dehors de l'aide de Dieu, mais comme Dieu c'était le monde des proprios, autant dire une équipe de mauvais joueurs : on n'avait jamais pu compter sur eux pour la protection des mites. Du moins pas encore. L214 y viendrait forcément un jour. En attendant il était seul alors il prit son courage à deux mains et il s'envola.
Chemin faisant et toujours très inquiet, il parcourut du regard le tapis qui se déroulait sous lui. Quand soudain il sembla apercevoir une sorte de caravane de dromadaires se suivant à la queue leu leu.
- Ça va pas mieux, j'ai rien fumé pourtant, mais tout de même qu'est que c'est que ce truc qui avance tout seul ? Il zooma en effectuant un décrochage léger et vit alors que c'était sa mite en train de pousser un alignement de petits chariots beiges. Il attérit en catastrophe.
- Ma biche, comment ça va ?
- Ça va.
- Qu'est ce qu'il t'est arrivé ma poupée jolie ?
- Rien.
- Mais euh, tu as l'air fatiguée.
- Très.
- Tu veux un coup de main peut être ?
- Nan. ... tu peux continuer à me regarder et à me faire la conversationcommeça pendantdesheuresc'estçacontinuedefairepreuvedobservationetdunregardacerbealorsquemoijetrime
pourramenertoutàlamaisonpourtonconfortettoutçapendantquemonsieur
seredoreleblasonausoleiletquilsétonneaprèsçaquejesoispeutêtreunpeu
dépasséeparlesévénements
- Et le café ? coupa-t-il pour re rationnaliser la diatribe.
- Quoilecafébiensûrquejel'aitrouvélecafé !
- Il est où ?
- Devant. Dans un des compartiments.
- Oh mais fallait pas te donner tant de mal mon canard, on avait juste envie d'un petit café, c'est très gentil, tu sais quoi, tu devrais grignoter un petit poil de tapis pour te détendre.
La mite s'assit et respira un grand coup. Elle prit un fil de tapis et le sirota avec une paille. Puis elle se serra contre son bonhomme et lui dit d'un air un peu plaintive :
- On va avoir 15 petits mon chéri (c'était nouveau qu'elle l'appelle ainsi, il pressentit un tournant). Voilà pourquoi j'ai ramené toutes ces coquillettes. C'est pour faire des berceaux, des couveuses si besoin, puis des cabanes quand ils seront plus grands.
- Ha très bien, dit-il, en effet il va y avoir du changement, c'est ce que j'ai toujours aimé avec toi ma mite.
C'était vraiment une bonne pâte ce gars.
- Bon je prends le relais sur les wagonnets qui nous rapprochent l'un de l'autre, une fois n'est pas costume.
- Coutume, reprit-elle.
- Oui pardon.
- Non mais ne t'excuse pas c'est grave du tout c'est juste que maintenant va falloir qu'on soit calés sur l'éducation des petits.


Et là il compris enfin qu'il risquait de devenir le 16eme petit s'il ne prenait pas tout de suite un peu de distance avec la fratrie.
...
Les mains sur une coquillette, il se concentra pour maintenir l'enfilade de pâtes qu'il s'était proposé de ramener à bon port. Il s'apprêtait assez bien à essuyer un échec tout en n'en laissant rien paraître évidemment. Pour sa part la mite avait fini son sirop de tapis et elle accéléra pour rejoindre l'avant de la caravane et l'aider en tractant la première pate.
La petite mite se taisait et la mite de tête aussi. Seul le roulis des coquillettes ponctuait leur déplacement.
Au bout d'un quart d'heure de silence radio, la mite leva la tête et aperçût leur fauteuil.
- Regarde mon chéri ! Le fauteuil !
Il regarda depuis sa position 15 coquillettes plus loin… Le fauteuil était aussi haut que l'empire state mais ce ne serait peut être pas impossible, sa mite avait l'air confiante, en plus c'est elle qui porterait le plus lourd au vu de son gabarit naturel. Décidément ce surnom de Chéri c'était pas sa tasse de thé, il se prit à le détester. 
Pour l'heure, il en avait plein les bras et les pattes de ces wagonnets et il aurait bien fait un sitting de contestation, mais il savait au fond de lui que les dieux le regardaient ou au moins se repasseraient la vidéo du film de sa vie pour lui attribuer ses points finaux d'accès au niveau de compétition supérieur. Dans une prochaine vie, il aimerait bien être taxi chez les humains ou encore girafe chez les pygmées ou éventuellement en cas de déclassement final, prunier chez les fruitiers, mais toujours mâle. Car chez les insectes on s'épanouissait difficilement avec ce sexe là, alors que chez les pruniers, on était le facteur limitant.
Cela lui décupla les forces soudainement. De sorte que la caravane prit quelques plis, que la mite se prit une coquillette dans le derrière et que les berceaux s'embouteillèrent les uns au-dessus des autres en une énorme cité de babel jaune et vide de cris.
- Hé ! tout doux ! on a tout désorganisé là, dit la mite (il apprécia de former un duo responsable).
- C'est vrai, désolé, je vais ralentir le pas, dit-il.
Et ils reprirent leur marche.
Vint le moment tant attendu de l'ascension du pied de fauteuil. Ils arrêtèrent la caravane linéaire, le plaisir du travail bien fait les traversa quelque instant puis il rejoignit sa compagne en tête de convoi.  Ils s'assirent et levèrent les yeux vers le sommet.
- Gloups, fit la mite.
- Hum, fit la petite mite. Ecoute, il nous faut un plan, ajouta-t-il. Même deux, un A et un B.
- Quoi ? dit –elle. Un A et un B ?
- Oui ce sont des lettres de l'alphabet romain, une civilisation disparue qui envahit le monde de routes, de monuments et de monothéisme, il y a très longtemps.
- Ne me dis pas que tu veux construire une route maintenant ? dit la mite effrayée.
- Non non c'est juste une façon de parler, une expression si tu veux (elle faisait oui de la tête car elle voulait bien, cela l'encouragea à continuer). Le plan A c'est quand tu prévois un scenario.
- Un quoi ? fit-elle.
- Scenario est un mot italien crée par une vieille civilisation descendant de la civilisation romaine et située sur le même territoire, et qui envahit toute la planète elle aussi mais plutôt par des méthodes d'influence psychologiques basées sur le raquet. Raquet est un mot d'origine anglaise, crée à l'occasion d'un jeu dit de tennis, fondé sur le fair play et la gentleman attitude, emblème d'une culture qui envahit également une immense partie du monde d'antan par la simple conviction de sa supériorité et quelques vêtements blancs appelés chemises, puis plus tard cols blancs.
- Très bien, dit elle.
- Donc mon plan A ce serait que nous prenions notre envol ensemble pour chaque coquillette et que nous montions le tout par les airs.
- Impossible, dit-elle, tu oublies la gravité.
- Bon alors plan B, façon rital, on installe notre camp de couveuses au sol, sous le tapis.
- Oui c'est mieux, trancha-t-elle et elle ouvrit ses bras pour l'enlacer. Ils roulèrent l'un contre l'autre et dévalèrent les pentes herbacées du tapis en s'imaginant dans un grand champs de fleurs sauvages sous un soleil clair et avec le seul bruit des abeilles au travail pour leur rappeler le privilège d'une existence heureuse.
Après cette extase sexuelle, culturelle et collaborative, ils firent passer les coquillettes une à une entre les fils du tapis et y placèrent un petit drapeau rayé horizontalement afin de retrouver l'emplacement de leur équipement quand les naissances se présenteraient.
Pour l'heure, ils pouvaient reprendre une vie normale et convoler en juste noces, ce qu'ils firent en s'envolant vers le tissu du fauteuil où les attendait un poêle à bois avec le café chaud et quelques biscuits au citron.







Synopsis indicatif

Toute la série tourne autour d'une mite, appelée pour les besoins de la narration « mite initiale ». Elle est tout d'abord célibataire puis en couple, visite et diagnostique différents endroits avant de s'établir sur un fauteuil, de fonder une famille et d'organiser son futur développement personnel et collectif. Les questions éducatives, de couple, de sexualité comparée, les états émotionnels ou la socialisation, tout est vécu au jour le jour dans chaque épisode, et illustré sous la forme de scènes plutôt réalistes (toute proportion gardée à cette échelle). On a le souci d'être surprenant, léger et questionnant tout en exploitant des situations où chacun peut se reconnaître soi-même ou reconnaître des personnes de son entourage dans ses réactions. Une certaine dimension visuelle doit permettre de se croire dans un monde animé et on espère que cela fonctionne car c'est bien le but : donner à voir de la forme et du fond à l'occasion d'une dédramatisation de la condition de la mite.

Tome 1
Tous les titres sont à créer

Episode 1-3 : voir les textes correspondants

Episode 1 : Une mite dans un placard explore différentes qualités de vêtements jusqu'à ce qu'elle se décide à en sortir pour aller à la conquête d'un pull bleu angora négligemment posé sur une chaise.
Elle y rencontre un mâle mite et joue la carte de la séduction pour s'associer avec lui et ne pas se faire expluser du pull. Il tombe dans le panneau et sous le charme et vivent un début de belle histoire.

Episode 2 : Le pull part chez le coiffeur, avec sa propriétaire. Les deux mites se retrouvent propulsées dans les mêches de cheveux du salon et se réfugient sur un manteau de tweed. Là, chacun des deux vit la matière différemment et c'est l'occasion de créer une première chamaillerie entre eux. Le manteau repart ensuite dans un appartement où une scène un peu sexy va se dérouler sous leurs yeux, tandis qu'ils essaient de rejoindre le fauteuil rose pour établir leur camp.

Episode 3 : Scène de repos, au soleil, ambiance ménage, gymnastique et café, suivie de souvenirs avec un ex colocataire, puis d'une exploration à la cuisine. Finalement la mite principale s'est mise en tête de ramener des coquillettes et d'y faire des berceaux, car oui elle est enceinte. La suite décrit la déambulation des wagonnets et leur ascension jusqu'au fauteuil.

Episode 4 : La mite a quelques vertiges et soudain un fessier de proprio s'assoit sur le fauteuil entraînant sa mise bas en catastrophe, le miton coincé sous le monsieur. Puis arrive le baby blues, l'instinct maternel et les doutes paternels. Vite illustrés par une contre démonstration entre proprios : le père et le fils dans un échange traumatique.

Episode 5 : Le miton s'occupe de tout et prépare un dîner romantique à sa compagne. Celle ci est aux anges mais finit par lui mettre la pression sur la combativité qu'elle souhaite transmettre à ses petits. Puis elle comprend qu'elle a été trop loin et gâché le moment alors elle essaie de se rattraper en allant chercher d'autres "gens" pour passer à autre chose. Elle rencontre des puces en méditation sur un chien et leur propose d'organiser une boum sur le smartphone.

Episode 6 : Séance télé sur le canapé, en famille et discussion sur les puces, les nuits d'amour et les rencontres envisagées. Quelques petits commencent à avoir un rôle (réparer la télécommande, par exemple). Puis ils se préparent tous pendant plusieurs jours en vue de la soirée : chorégraphie, habillement. La soirée arrive et il n'y a pas que les puces qui sont un peu déjantées.

Episode 7 : Suite de la soirée, les petits sont à plat après avoir serré une puce... les parents se lâchent, elle avec un mâle puce sexuellement expérimenté, lui avec les puces filles joueuses et rebondissantes. Ils sont contents mais doivent repartir en catastrophe car le chien s'est réveillé.

Episode 8 : Mini dépression de la mite et gestion des doutes des enfants sur l'amour que leur porte leur mère. Le père recherche des activités pour lui changer les idées et égraine le monde des loisirs sous le regard critique de sa compagne, tout en évitant de trop donner envie aux enfants. La question des moyens financiers est abordée.


Ces épisodes sont déjà écrits. 

Episode 4 : extrait

...Au bout de quelques minutes, la mite s'assit et se mit à parler.
Mon cher amour, je crois que j'ai un problème d'immensité, ce destin est tellement parfait avec toi à mes côtés, que j'en perds mon rythme cardiaque, je crois que fais un burn out par le vide, un bore out même
Oui surement dit-il, ton analyse est parfaitement éclairée.
Peut-être pourrions-nous retourner vivre dans un environnement moins stressant, sur un simple pull, dans un biorythme familier, avec des tas de gens dedans par intermittence, des odeurs et des ennemis, des matières et des hommes.
A ce moment précis de la confidence un pantalon contenant un cul s'écrasa sur eux et elle accoucha.
...

Episode 5 : extrait

..

Aussi décolla-t-elle soudain du fauteuil pour aller se poser sur un smartphone placé en mode vibreur sur le guéridon. Elle n'y connaissait pas grand-chose en clavier tactile mais elle comprit plutôt vite quelle piste de danse cela pourrait devenir. Il restait à trouver quelques amis pour servir de faire valoir et de motivation à se faire les plus beaux possibles. Mais ils n'en avaient pas. Ils n'en avaient jamais eus d'ailleurs. A vivre caché dans des chandails on ne rencontrait pas grand monde d'intéressant. L'altérité et ses problèmes, ses joies et ses surprises c'était un autre monde pour eux.
...

Episode 6 : extrait
...
Non mais on avait dit The Voice, y a Cardinal nous voilà qui passe, fit la mite mère.
Bah t'as qu'à y aller toi pianoter sur la télécommande, répondit mite 001.
C'est à moi que tu t'adresses 001 ? Mais qui a élevé ces enfants ? cria la mite en regardant son miton.
C'est pas toi, répondit-il…
Ouh là si ça se passe comme ça, moi je laisse tomber le Laisse moi t'aimer, m'en fiche pas mal de Cardinal nous voilà, je vais te dire, le jour où on m'aimera toute une nuit il est pas né ce jour là !
Qu'est ce que ça veut dire Laisse moi t'aimer ?
Demande à ton père.
Papa, qu'est ce que ça veut dire Laisse moi t'aimer toute une nuit ?
Mais j'en sais rien mon coco, justement c'est pour ça qu'on fait une soirée bientôt chez les puces.
...
Episode 7 : extrait

...
Les mômes étaient plutôt en train de réviser le cha-cha euh non le madison, les yeux plombés sur le sol comme tout bon circomférencier de carré perpétuel.
Quand la quadrature s'arrêta enfin, la mite avait les yeux exorbités devant son amiral en chef qui battait la mesure d'un mocassin marron clair. Le blazer était boutonné sur les deux derniers boutons et se resserrait autour du ventre obligeant le reste du vêtement à remonter vers l'avant en bicorne. Une large cravate de tricot jaune dépassait du tout au bas de la veste boutonnée, donnant elle-même sur un pantalon à pinces s'arrêtant aux malléoles (des chevilles).
Les petits avaient bien enfilé les leg in et les t shirts de marque mais pour l'instant bien sûr ils n'étaient pas coordonnés.
...

Episode 8, extrait : 
...

Mais pourquoi tu parles comme ça papa ?
-          Pour rien, je parle doucement c'est tout.
-          Oui mais d'habitude tu parles pour que maman entende tout ce que tu dis et là c'est comme si tu voulais pas qu'elle entende.
-          Et bien, je pense que ce serait mieux qu'on fasse comme si elle était malade aujourd'hui.
-          Maman est malade ????
-          Non pas du tout, on fait juste comme si elle avait de la fièvre c'est tout. On va pas lui casser les oreilles voilà c'est juste ça.
-          D'habitude tu crois qu'on lui casse les oreilles avec nos chansons ?
-          Non non c'est pas ce que je voulais dire, elle adore vos chansons.
-          Mouais tu dis ça pour nous faire plaisir, mais tu les aimes toi nos chansons ?
-          Bien sûr que je les aime.
-          Et maman tu crois qu'elle nous aime ?
-          Ouh la, oui bien sûr qu'elle vous aime.
-          T'es sûr ?
-          Bon écoutez vous tous, il faut que je vous explique quelque chose réservé aux adultes.
Ils tendirent l'oreille soudain super flattés.


Episodes 9 et 10 : 

Les vacances, le dépaysement, les fausses joies, le corps, le climat, l'épanouissement, les résolutions, les factures (adaptées à la situation)...


2ème saison - de 11 à 15 : les ados et leurs problèmes, les parents, les copains, les dangers, la société, le formatage, tout sera bon pour faire une critique amusée des tendances de la période en cours, l'idée étant d'être dans l'actu des pratiques et des modes de vie. Le tout sera largement inspiré des discussions avec des amis et leurs jeunes.

3ème saison : 16 à 20 : les bilans, les ruptures éventuelles (enfants parents et/ou couple), prise de routes différentes, le départ, le voyage, la peur du changement.

Dans le tome 1 on commence et on développe une fratrie, un groupe, une famille, avec des questionnements assez universels et des comportements dans lesquels chacun peut se retrouver.
De une personne, on élargit à deux puis à 8 et petit à petit on s'ouvre aux autres, au monde, jusqu'à ce que l'on constate que la nature intime de chacun a pris tellement de champs qu'on va devoir faire des scissions : séparations d'avec les enfants, d'avec les frères et soeurs, du couple éventuellement , du lieu de vie et peut être même des valeurs habituelles...

Le tout permet de regarder toute vie familiale avec un peu plus de distance quant aux problèmes habituels de désaccords sur l'existence.

Ensuite arrive le tome 2 qui va embarquer les lecteurs dans le changement. Ce seront à la fois des changements inattendus, pas forcément que de lieu ou d'attitude. Les changements pourront venir de la société extérieure, d'une société inventée de toute pièce où l'on vivrait complètement différemment, de préférence avec des valeurs et des statuts sympas (sortons du glauque). Il pourra y avoir un traitement futuriste ou au contraire plutôt fantasy fantastique. Cela dépendra. On pourrait envisager que chaque enfant une fois adulte regarde le monde avec une vision colorée différemment. De la relativité des points de vue sur une même situation.
Les parents pourront devenir les références, de l'espèce, ou au contraire essayer de doubler leurs enfants dans leur progression. Tout est envisageable.

Tendance prospectiviste. Aspects critiques, discernement, la mite mute et devient humite (mix de humain, mite, timide et humidité). On envisage de délirer...

Episodes 1 à 15 : de l'arrivée dans le nouveau monde à l'évolution, jusqu'au sommet des responsabilités (similitude avec l'histoire et la situation humaine sur la planète).
Episodes 16 à 20 : la phase finale, décroissance, scission, pixelisation du monde, au choix. Frayeurs et utopies, féerie et réorganisation du vivant. Tout les possibles concevables passés au crible du regard miteux. Ce sera l'occasion d'établir des tas de projections sur l'avenir, comme beaucoup le font, dans un monde qui bouge et qui est à la charnière d'on ne sait plus trop quoi.

Le ton restera distancié et si possible drôle, avec des effets de surprise typiques permettant de révéler quelques certitudes culturelles (à repositionner peut être, du coup), et sans les nommer frontalement.






Les personnages principaux


La mite initiale, parfois appelée « mite mère »
Un peu plus forte que son compagnon, c'est une mite indépendante et passablement féministe, qui ne rechigne pas aux câlins en toute occasion même si elle tient une comptabilité précise de la « fréquence du mâle ». Elle régente un peu tout et ne se laisse pas un instant marcher sur les pieds.
Elle mène un peu son compagnon par le bout du nez mais se fait elle-même quelque peu déborder par les petits. Ceux ci la feront progressivement évoluer à travers leurs caractères respectifs.
Son introspection régulière donne un témoignage volontairement décalé et empreint de matriarcat de façon à apporter une petite critique aux évidences collectives de notre société à nous, humains.
Elle reste au sein de son microscosme, la spécialiste des étoffes et du négoce. On la verra exceller dans l'ouverture à "l'altérité" et pourquoi pas à terme diligenter une sorte de mafia des mites, à voir...


Le miton, son compagnon, une bonne pâte plutôt aware et fasciné par les civilisations disparues, est totalement délégué aux enfants et se révèle chanteur-danseur. A l'avenir son imagination débordante et ses talents chamaniques seront mobilisés à l'occasion des grands changements de vie. Il sera régulièrement un bon prétexte à apporter un peu de connaissances "cachées" sur le passé, l'archéologie et les secrets de famille au sens élargi du terme.

Ces deux protagonistes voient leur caractère s'affirmer au fur et à mesure de l'avancée des histoires. C'est aussi l'occasion qui fera le larron pour faire sortir un trait de caractère ou un autre.
Les épisodes étant écrits au fil de l'eau, le fil conducteur reste la personnalité des deux petits "invisibles" qui peuvent tout se permettre, étant naturellement livrés à eux-mêmes dans un monde extérieur en voie de fixité (le nôtre). La confrontation de leur liberté et de nos habitudes rend je l'espère certaines situations euphorisantes, permettant de placer des non dits, qui deviennent des évidences, une fois observées depuis l'échelle des mites. Et pour une fois c'est le petit qui observe et analyse le grand. Un peu comme dans la vie nous observons et critiquons les puissants sans pouvoir bien en faire grand chose nous-mêmes.



Les personnages secondaires

L'ex, envolé dans une narine, personnalité regrettée bien que critiquée, dont on ne sait pas grand chose de précis à part qu'il a été le témoin de la mite au sommet de sa beauté.

Les petits, les miteux, au nombre de 6

Mite 001 : l'ainé, en préadolescence, déjà rebelle
Mite 002 : fille à papa, amoureuse de son père
Mite 003 : geek, toujours prêt à jouer le premier de la classe
Mite 004 : le gros gabarit, le nounours
Mite 005 : à déterminer
Mite 006 : petite soeur immature et exigeante

Les puces, bonnes copines fêtardes un peu bobo et plutôt urbaines

Le puceau, une puce mâle lubrique ne supportant pas le miton dans sa bonhomie

Le chien, très envahissant, mais facile à anesthésier par quelques pilules bien choisies

Le coach de salutation au soleil, complaisant et refoulé.

Les puces du jonc de mer , rôle à déterminer dans de futurs épisodes

Une araignée, un peu la vieille sur son banc observant les va et vient

Les proprios : le père arrogant, la mère poule, le fils jeune adulte en maturation, la maîtresse asiatique


D'autres personnages secondaires apparaîtront au cours des histoires.
On gardera ces personnages-ci tant que la vie se déroulera dans le salon.

A chaque fois qu'une personnalité complémentaire doit apparaître, elle peut tantôt venir du monde des insectes, tantôt du monde des proprios (les humains) ou de mondes fantasmés. On retrouve ainsi la démarche de tout un chacun, qui vit des situations à son échelle en mode horizontal, à une échelle supérieure en mode vertical (via les idoles en général) et à une échelle imaginaire permettant de recomposer le passé, le futur, refaire le match de ce qu'on aurait voulu dire ou faire.

Il faudra à un moment donné que la génération plus âgée soit présente sous une forme à déterminer, ainsi que la diversité des rôles sociaux.



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