hold up en vue!

Kanon Gemini

ou comment le gouvernement essaie de faire main basse sur le trésor des retraites complémentaires.

     Salut mes p'tits loups. Cette semaine est décidément chargée et vous allez avoir de la lecture (et moi de l'écriture). Aujourd'hui, on apprend que les cowboys du gouvernement ont trouvé que leur plan pour braquer l'AGIRC- ARRCO était un peu trop frontal et ils se sont ravisés, pour le moment. Alors qu'est ce que c'est que cette embrouille ? Décryptage, c'est parti.


     Déjà, qu'est que l'AGIRC- ARRCO ? Ce sont les caisses de retraites complémentaires du privé, autrement dit, ce qui vient en plus du régime général. Elles sont gérées de manière paritaire ( syndicats d'employés et des patrons) par les partenaires sociaux. Et, point non négligeable, elles sont excédentaires. Très largement. A tel point que les partenaires sociaux avaient prévu de revaloriser les retraites complémentaires de 4,9 % dès l'année prochaine. Oui mais voilà, le Gouvernement, fort de sa réforme des retraites accouchée aux forceps, avait budgété cette ponction pour équilibrer le régime général, lui, largement déficitaire (géré par des énarques). Et leur argument infaillible, c'est que cet excédent était lié à la réforme des retraites et que donc, il était normal que ces caisses fassent un effort de solidarité pour aider à la revalorisation des petites retraites, promesse électorale de Macron. Encore une fois, avec une dette abyssale, personne ne s'est posé la bonne question : d'où vient l'argent ?


     Les syndicats, pour une fois unanimes, s'étouffent et refusent purement et simplement. Le Gouvernement, toujours habile dans la magouille, veut inscrire ça dans le texte pour le budget de la Sécurité Sociale 2024. Normal, les retraites et la Sécu dans le même paquet, tout va bien, on n'est pas à un paradoxe près. Le gouvernement a fini par reculer mais demande aux partenaires sociaux de s'entendre pour qu'ils puissent ponctionner librement. Voyez, la situation n'est pas très compliquée. Et si vous sentez comme un courant d'air au niveau de l'anus, c'est normal. C'est simplement que vous n'avez pas suffisamment mis de Biafine. Car, on est d'accord, cet air là de « on ponctionnera juste 1 milliard par an pour équilibrer et après on arrête », on nous l'a déjà servi. A l'époque, ça s'appelait la CSG et la RDS, juste le temps de rembourser. Et en fait, elles sont toujours là. De plus l'argument comme quoi les caisses seraient excédentaires grâce à la réforme est complètement erroné. En effet, le seul moment où elles ont été en déficit, c'est pendant le Covid. Sinon, elles étaient toujours en positif grâce à une gestion rigoureuse des partenaires sociaux. Cette réforme a également accouché d'une entrée dans le tronc commun de caisses de régimes spéciaux (RATP, Industries électriques et gazières, Banque de France, Clercs et employés de notaires et Conseil économique, social et environnemental). Mais, bizarrement, aucune trace des fonctionnaires. Il y a une certaine logique à ce phénomène. Déjà, l'État est composé de fonctionnaires, il ne va pas s'appliquer ces désagréments. Ensuite, les fonctionnaires cotisent mais l'argent est utilisé à d'autres fins par le Gouvernement, ce qui fait qu'au seul titre de l'année, il manquait quelques 33 milliards pour financer leurs retraites. 2770 milliards pour l'ensemble, soit plus que le PIB de la France. Oui, oui, vous avez bien lu. Enfin, il est aisé de déduire que cette solidarité est surfaite, le taux de cotisation maladie/ chômage/ retraite étant de 13,7 % dans le privé contre 6,73 % dans le public. Ainsi, sur un salaire/ traitement de 2600€ brut, un salarié du privé se verra amputé de 200€ de plus en cotisation. Alors vous allez me dire qu'un fonctionnaire ne connaîtra pas le chômage (sauf s'il ne fait pas ses piqûres magiques) et qu'en l'état des choses, ça semble normal qu'il ait moins à cotiser pour son chômage. Mais qu'en est il de la maladie avec 3 jours de carence dans le privé pour un dans le public, amenant à 18 jours d'arrêts maladie dans le public contre 10 dans le privé, et encore, quand ils sont comptabilisés, pas comme cette mairie du sud ou un homme pointait pour tout l'équipe ? Car oui, on ne me fera pas avaler qu'un fonctionnaire est plus fragile qu'un employé.


     Donc, pour résumé, le Gouvernement a fait des promesses de campagne sur de l'argent qu'il n'avait pas mais qu'il comptait voler purement et simplement, et sur lequel il ne renonce pas, tout en se voilant la face sur la gestion calamiteuse du régime général et se retrouve dans l'embarras quand il essuie un refus. Il invoque une solidarité à géométrie variable, ponctionnant toujours le privé alors qu'aucune caisse des fonctionnaires n'a jamais fait un seul effort. L'État agit comme un maquereau sur sa pute qu'est le salarié du privé. Mais le proxénétisme n'est il pas interdit en France ?

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