Hommage au 7ème art, au Festival Lumière, à Nastassja Kinski et à ces êtres qui nous inspirent
frederik
J'ai promené mon regard sur les chemins de toutes vos nuits. En chacun d'eux, j'ai pu voir l'immensité, le tourbillon profond de vos folies, de vos désespoirs et de vos rêves. Lorsqu'au pas pressé de ma curiosité ne résonnait que le vide, l'étrange vide de la vie, du plus profond de mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes flammes j'ai ressenti la douleur ou le bonheur absolu, suprême question posée aux dieux, aux crépuscules, aux confins du savoir. Des faubourgs étincelants de miracles jusqu'aux sommets des montagnes bercés de silence je ne suis parvenu qu'à retrouver, à quelques pas de mon ombre, ton image., tes yeux, d'où naissaient incessamment les émotions rassemblées de toute une vie, de toute une foi.
De tes yeux ruisselaient selon les instants les légendes dorées de chaumières aujourd'hui en ruines. Celles-ci dévalaient en torrent les pentes sinueuses d'un versant de trésors, ceux que chacun de nous construit chaque nuit dans ses pleurs. J'ai pu d'autres fois y voir germer les fleurs du mal, suprême douleur de soleils noirs, en un lieu où les amants ne font que crier, geindre et où leurs mains ne font que se défaire après les mille et une promesses d'hier. Devant tes yeux, je n'avais que mon cœur. Lentement, silencieusement, ta pupille s'est agitée, a déballé sans penser des milliards de louis d'or, des océans de magie. Car tes yeux buvaient lentement, silencieusement, tout le nectar de mes larmes, tout le silence de mes émotions cachées. Et tes yeux ont bu mon cœur, et mon cœur a bu tes yeux, et de notre amour nous fîmes une abbaye, un temple suspendu à la voûte céleste, d'où partiront désormais toutes les colombes de nos hystéries. Sur chacun de nos rêves, sur chacune de nos détresses se sont éteints alors les langages des hommes, le fardeau de leurs mots. Seule quelque part au tréfond d'un malheur brillait, insensée, une lune dans le caniveau.
©1987
Sur l'affiche du 15ème Festival Lumière de cinéma à Lyon (14-22 octobre 2023), figure une très belle photo de Nastassja Kinski, datant de 1984 (tirée du film "Paris, Texas"). En son hommage, en hommage au 7ème art, au Festival Lumière, aux actrices et aux êtres qui nous inspirent, j'exhume ce texte écrit il y a bien longtemps, très tard un soir de 1987, après le visionnage du film "La lune dans le caniveau" dans lequel le charme, la grâce et la beauté de cette actrice m'avaient subjuguées.