HOMO SAPIENS
Nelson Safaïssou
Je n'attendrais pas qu'il fasse totalement noir pour vous parler de l'Homme
Roi autoproclamé du règne animal
L'homme moderne alias Homo sapiens sapiens
Sensé être sincère et soi-disant dit penseur
Parqué dans les villes ; boulot dodo maison
Dans les nids et terriers de ses forêts de ciment
L'animal social croit vivre de raison
Mais est condamné à rentrer malgré lui dans le rang
C'est que les envies convergent vers les verts pâturages et leurs cages dorées
Loin de la misère, des bêtes sauvages et des fauves en groupe
Mais les pasteurs du troupeau se sont faits chasseurs de têtes
Ils coupent celles qui dépassent pour protéger les riches ruches
Préfèrent quand tous font la fête et devant leurs tricheries font la politique le l’autruche
Les plus prédateurs depuis longtemps ne se terrent plus dans leurs tanières
Chasseurs sédentaires, ils errent pourtant à la recherche de nouveaux territoires à conquérir
Au delà de leurs terroirs
Leurs cibles, les esprits grégaires, les moutons de panurge aux habitudes ancillaires
Qui, passées au crible, laissent voir des politicards va-t’en-guerre
Plaire par la farce du bouc émissaire
Et les consommateurs voraces au sommet de la chaîne alimentaire, dans leurs riches litières
Se marrent du menu fretin, se marrent du joyeux bestiaire
Y a pas à dire, l’époque est bien celle des Homnivores
Et tout comme l’homme n’est plus qu’un loup pour l’homme, des âmes servent de bêtes de somme
Mais pour du bétail, l’attitude bestiale de la hiérarchie sociale n’est qu’un détail
Les jeunes mâles reproducteurs singent leurs pères
Et ne songent qu’aux derrières de leurs femelles congénères en chaleur
Téméraires, mais tributaires du charnier charnel, des instincts primaires
Et les lâches patriarches décharnés de l’arche, mateurs amateurs de chair fraîche acharnés
Copulent, font de petits émules et l’humanité se multiplie
Mue et avance à reculon ; mais nul sur terre n’est à l’abri de leur folie
Peuples animalisés
Pays de l’Axe du mal visés
Humanité déshumanisée abreuvée au prêt-à-penser télévisé
La frousse à leurs trousses, tous vivent dans la peur
Tous portent les œillères et les muselières de l’auto-censure
Mais ils toussent et regardent ailleurs
Ou esquissent une mimique simiesque
Quand on leur place en face un miroir
Ou alors, il leur pousse des canines, ils retroussent les babines
Et moussent en chien de chasse sans laisse
Mais tombé sur un os, ils crient tous S.O.S.
Plus de transhumance, les bergers anthropophages ont fermé portes et frontières
Aux migrateurs obligés de passer par le trou de la serrure
Leurs victimes gisent dans les journaux en premières pages
Car au zoo on ne veut que des agneaux doux et sages
Dura lex, sed lex, c’est la loi de la jungle
J'adore
· Il y a plus de 14 ans ·.