Homoncule
Laurent Ottogalli
J’ai une info pour les nymphos : j’suis un faux nain.
En fait, j’ai été fait mi-nain…
Un petit corps valide mais un grand cœur malade,
Une grande âme au grand dam des grandes dames,
Haut perchées sur les talons, au verger, dans les salons…
Bien élevé malgré la taille :
– le design gentleman… –
Contre les bassesses, je m’élève …
Je prends de la hauteur, j’essaie,
Je sais, hausser les épaules ça n’grandit pas,
Hausser le ton non plus,
Mais être petit n’évite pas les coups bas…
Un p’tit rablé dont l’parler paraît rappeler le grand Rabelais,
– L’admirable et mémorable ami –, mais blâmé,
Car quand tu as Gargantua, le père d’Pantagruel,
Ce pantin cruel, comme père spirituel :
Une grande gueule comme Grandgousier,
Une p'tite gueule, comique croupier…
Grossier modo, tu parles mal, c’est normal,
À demi-mots, j’avoue ces gros mots, c’est demi-mal…
Certains me trouvent vulgaire, vu l’vers que j’aime lécher…
Je fais des menus vairs avec des petits pieds
– Des vers qui touchent : mon droit d’auteur… –
Et je m’envoie en l’air, sur la pointe des pieds...
Médisez mais depuis tout p’tit, j’suis tout p’tit…
Quand j’étais p’tit, j’me disais :
Quand j’s’rai grand : j’s’rai pt’tit…
Géant, grand, petit : ça fait débat.
J’ai un grand appétit de la vie, fait d’ébats …
C’est une question de point de vue :
C’est vrai qu’j’parais haut, vu d’en bas…
Y’a des hauts, y a des bas :
Des petits hauts moulants,
Des grands bas, des collants.
Entre les deux, le cœur ballant,
Moi, j’m’en balance…
Juste en-dessous, j’ai la bonne taille :
« Point trop n’en faut »,
Elles vous l’diront, les nymphos :
Ni les sentiments ne s’estimeraient en centimètres,
Ni lesdits amants en diamètre, il faut l’admettre :
Il vaut mieux laisser les sentiments, ce ciment, s’y mettre…
Croyez un maître en la matière…
Alors, toi qui me regardes de haut, diable ! hautain,
Prends garde au diablotin,
Baisse un peu le ton, et demande au monde :
Je préfère être le plus grand nain
Que le plus petit géant du monde…