Il reste quelques traces d’un village, subsistance d’un passé séculaire, d’un temps d’avant les couloirs aériens et les files d’autoroutes. On peut se souvenir d’autres avions moins amicaux, hélices plutôt que réacteurs, d’où pleuvaient en nuées des passages mortifères. Ce ne sont plus que souvenirs. A peine. Maisons basses tassées sous leurs épaules larges mais fourbues. Silhouettes avachies des enceintes où l’âge a sculpté la courbe contre la prétention de la verticale. Des crépis ridés, des toits articulés d’accents d’un alphabet crypté. Des volets de bois où quelque nouveau résident a pu déposer son legs de fraîcheur. Les palimpsestes on toujours vertu virginale mais ils ne parviennent jamais à détruire ce qui fut. L’esprit ainsi a sensation d’événements lointains et jamais la conscience ne peut être de force contre l’encre sympathique des secrets de famille. Ce pourrait être de ces villages au présent, ceux que les conjugaisons au futur dédaignent. Les cités à pic érigées dans les bordures n’en dénoncent pas l’appartenance aux aires capitales. Affublé du chant des oiseaux, pépiements de moineaux par delà les vieux murs, yeux levés vers un calme paysan on peut se tromper à croire la province. Mais voici la rumeur qu’apporte le vent, couleur grise d’un fond d’écran permanent, le ciel de nouveau violé par l’obus phallique d’un avion de ligne. Et le rappel de l’horizon, Orly.