Houdini

Je roule à vitesse normale. J'ai envie de rentrer chez moi. Fatiguée. Une journée harassante. As I sat sadly by your side à fond dans l'auto-radio. Je ne pense à rien d'autre que rentrer. Pressée d'enlever mes nouvelles chaussures. Délasser mes jambes sur le canapé. Prendre une douche. J'entamerais bien la nouvelle boite de Grêlons. Boire du jus de mangue. De l'eau. Boire.
Je n'aime pas l'automne. Ni l'hiver. La rousseur des arbres s'éparpille follement sur les bas-côtés. Au marché, de grands étals de pommes, de raisins argentés. De potimarrons. J'ai une envie de supions farcis. J'aime leur consistance sous la morsure des dents. Maudit chat… J'ai failli l'écraser… Il fait nuit plus tôt. Ma vue a baissé. L'air frais agresse le coton sur ma peau. Devant moi, une rangée d'autos s'impatiente au balbutiement des feux. Rouge. Vert. Orange. Les flèches luminescentes m'indiquent l'enfer.
A noël, j'irai voir Zia Rosa en Italie. Cela fait trop longtemps que je ne l'ai pas vue. C'est presque sûr. J'irai. Pourquoi pas maintenant ? Là. Tout de suite. Non.
Un poids lourd cherche à me doubler. Il freine. Accélère. Freine. Je ralentis pour lui laisser le champ libre. Il me dépasse tumultueusement. Son pot d'échappement fume comme une cheminée de centrale nucléaire. Je vocifère à l'abri du nuage. Je suis encore loin de la maison. Je déteste cette route. Je veux descendre de voiture. Marcher pied-nus.
J'accélère. Délicatement. Mon pied tremble sur la pédale. Fourmillements. Je passe au feu orange comme une bestiole égarée. Je gagne du temps. Perds ma sagesse. Je veux juste décompresser. Croquer une pomme. Lire  le journal. Me déshabiller.
Et si je rebroussais chemin pour gagner l'autoroute ? Disparaître. Je suis passée à la banque ce matin.