HTKVIH-113
Thibaut Kuttler
La bascule d'une fraction
Et les luminaires s'essoufflent à la bordure de l'horizon rougeoyant.
Les rides des sillages de l'asphalte révèlent des liasses de souvenirs urbains.
Mégots. Papiers. Débris d'alcool.
Le sol huile sous mes pieds. On ne passe pas souvent dans ce recoins là.
Je suis à vue du passant, trépassée, patientant, armée de ma robe aluminium.
J'ai commencé à écarter mes cuisses fermes car le plaisir des sens m'étaient naturelles et fonction primaire. J'ai été faite pour cela.
Mes orifices s'entrebâillent en vue de la virile viennoiserie de tout ces hommes enfarinés par leurs frustrations conjugales.
Ils tâtonnent en ma direction. Les yeux mi-clos, la bouche ballante, ensalivée par la somnolence de leur sexualité rassie.
Ils en pâtissent et pourtant leur désir est déjà mi-cuit sous l'observation de mes dessous teintés.
Écluse dernière avant la déferlence du métal haute-tension.
Le cliquetis des braguettes libèrent toutes ces quignes rances envieuses d'être enfournées.
Je n'ai plus que la mécanique.
Ressors enclenchés.
Va et vient rythmiques.
Vide comblée.
Prise au mur. Fluide. Électrique connectée.
D'un côté ou de l'autre, ma clientèle s'embrase en moi.
Le moelleux de la chair devient rigide brûlure.
L'antre chaude de mon Intime est de braise après le passage répété de mes admirateurs.
Ils se retirent. S'éjectent. Dans un râle enrouillé.
A mes paroles vous me voyez pute des ruelles. Déchet parmi les détritus.
Et d'avoir été trop longtemps chatte de gouttière, j'en suis devenue léoparde.
Maladie. Tâches noires sur tout le corps. Terminal
Gribouillis au mur de cellule d'un con/damné.
Il faut croire que la calcination de vos attributs invendus, messieurs, a émiettée de virus ma petite incandescence.
J'aurais du me débrancher de ce milieu, avant d'être court-circuit.
Je ne suis qu'une grille-pain. Usée. Bon pour les encombrants.
Une mémoire usagée au bord du caniveau.
Je m'essouffle.
L'intérieur en miette.
Croûtons d'abus.
A la Casse.