Hubert Germain

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18.59 - Considérant mon âge, étant donc retombé en enfance lisant que les enfants ont jusqu'au jeudi 17 décembre pour écrire au Père Noël et poster leur lettre je m'y mets cet après-midi ... Cher Père Noël .... Ah puis mince .... Il y a soixante dix ans je t'écrivais, je t'écrivais jamais tu ne m'as répondu et à mon âge bien que ... je ne prends plus les vessies pour des lanternes, bien que ma vue déclinant, d'ailleurs Père Noël tout décline chez moi maintenant, chaque jour il y a un truc de moi qui tombe, disparaît ...

   Mais je ne larmoie pas, je note, j'ajoute que depuis hier j'ai mal au genou, et je ne me suis cogné nulle part. La nuit est tombée et bien tombée, elle ne crie jamais aïe, aïe, aïe, il y a des gens comme ça ils tombent et ne crient pas . Une nuit d'encre, alors je ne sortirai pas, trop peur d'être taché, englué dans l'épaisseur de l'encre qui sait ! d'une encre de Chine d'ailleurs, la Chine s'implante partout désormais sur la planète. Une nuit claire, un vent glacé la neige est rouge. Mille braves sont là qui dorment sans tombeaux, l'épée au poing, pas un ne bouge.

   J'estime que durant tout le cheminement du cercueil d' Hubert Germain vers la crypte du Mémorial de la France combattante où l'attendaient les Compagnons de la Libération, toute la France aurait dû, là où elle se trouvait, se mettre debout pour rendre hommage au-delà d' Hubert Germain aux millions de morts que la guerre nous a massacrés.

   J'ai jeté mon brouillon de lettre au Père Noël. Dérisoire.

                                                             µµµ

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