Hubris

annamuller

Il se lève et marche comme un homme,
il dit « Je suis l'homme de la situation » 
Puis ses chimères lacrymales viennent ronger ses joues rouges 


Il court dans l'hôtel et au bar il dit « chérie ce n'est pas moi … oh chérie je ne suis personne » 
et dans les néons des buttes Chaumont il tente de s'imaginer la vie en moins ennuyeuse


Il avait déjà vu la fumée des marabouts marocains qui pensent que l'avenir va leur réserver une surprise, à eux du moins , à ces hommes stupides qui disent «  oh moi l'avenir, oh je suis capitaine messieurs » 


Il dit de croire à l'athée pulvérisé de vieux jeux absurdes 
Il pense tenir dans ses mains des lumières qui ne brillent plus 
Il dit « bonjour je suis l'homme du monde et les femmes m'aiment et ne me regardent jamais » 
Il dit encore « j'aime les hommes aussi, bien moins que les animaux » 
Et devant les automates qui aboient après tout, après le dieu, le temps, l'argent et le patron, devant les fanfares de cinglés au course le samedi matin il dit « je ne mange pas d'animaux j'ai trop peur de manger des hommes » 


Il s'appelle Abraham, sacrifié de gestes gauches 
Ô mon seigneur 
et il dit aux femmes «  rien ne m'excite moins que votre stupide nudité »
Il dit « je ne fais de politique que pour les chèvres, elles ont les mêmes oreilles que vous » 
Il dit « Dieu n'a jamais été mort ce sont les homme qui s'entèrent dessous ses rites »  


Il dit chercher, le sens et le non sens et puis il termine par ne plus chercher et il oubli 

Il a déjà vu dans d'étrange drogues les vrombissements de la conscience tandis qu'il dormait et que sous sa bouche sa bave coulait 

Il dit n'avoir jamais aimé mais ses yeux disent autre chose

Il dit n'avoir peur de rien , ni des hommes ni du pont Poul -Serro : « ni Dieu ni maitre » 

Ni des insectes stérilisant la peau et pompant le sang 

Ni de la folie des hommes, ni la poudre qui fait tout sauter 


Mais il n'a jamais rien dit 

 

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