Huître
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Huître
L’écailler ouvre des huîtres devant moi. Succession de petits bruits d’une coquille que l’on blesse.
Fragments de nacre éclatée.
Certains tombent à terre, d’autres se collent comme des paillettes sur la main du travailleur.
Les mollusques sont ouverts sur l’étal. Liquide aux densités changeantes. Camaïeu de vert, jaune, brun. Flaque visqueuse accrochée à l’intérieur de la coquille par de petits picots marron foncé tirant sur le noir. Blancheur nacrée éclatante. Un long étal de fruits de mer. Forte odeur de marée quand on s’approche. Farandole d’huîtres, Marennes, Fines, Fines de Claire. Le paradis pour un amateur. Il y en a.
Prenant mon regard insistant pour une forte envie de dégustation, l’homme me propose aimablement le coquillage. J’accepte pour relever le défi.
Ca me dégoûte.
Ca y est, je l’ai en main. Petite roche aux contours secs. Je caresse cette surface irrégulière, chaîne de montagnes miniature. Il faut que je me lance. Je jauge l’animal. Je regarde cette mare glauque droit dans les yeux et je la gobe.
La bête gluante et froide séjourne quelques instants dans ma bouche. Sas de sécurité avant l’exécution, l’engloutissement. Une forte odeur de marée descendante me monte aux narines. J’avale le crachat. Je souris poliment à l’homme.
On ne m’y reprendra plus.