Humanité Cannibale

Antistrophé

J'avais le titre en tête, et le texte a suivi.


Humanité Cannibale




Peut-on devenir ce que nous rejetons ?


Malgré son existence, le cannibalisme est rejeté la plupart du temps. Pourtant où se trouve le mal ? Le problème qui se pose est sans doute toujours et encore le même, le fameux : « Oh mon dieu de la différence, rejetons ces personnes ! ».

Nous le connaissons tous, en sommes tous, que nous le voulions ou non, victime chaque jour. Un exemple con, comment ce fait-il qu'un inconnu aborde la personne à côté de vous et pas vous ? Tous simplement parce que vous êtes différent de la personne qui selon lui pourra répondre à sa requête.

Vous avez peur du cannibalisme culturel car cela ne correspond pas à votre vision de la réponse à votre requête de la vie en société.


Bref , oublions, je me perd et je vous perd sans doute en même temps.


Nous sommes les monstres qui nous bouffons nous même dans tous les cas. Nous nous plongeons dans une perpétuelle décadence que nous demandons à masquer avec des draps imbibés de somnifère.

Nous ouvrons nos yeux sur un monde que nous avons créé, façonné, exploré, détruit et massacré, pourtant il rayonne. Il rayonne d'impuretés, éblouissant tant nos yeux que nous ne pouvons y reconnaître que la lumière.

Nous voilons nos yeux et en avant.


Je ne suis pas entrain de blâmer, je suis comme vous. J'essaie juste de soulever la couette tranquille et tiède que nous avons enroulé autour de nos corps meurtris.


Nous sommes une humanité cannibale en recherche de salvations pour elle-même.


Il ne peut en exister si nous les bouffons toutes.

Alors, plutôt que de rester le cul sur cette chaise confortable, pourquoi ne pas nous lever et chercher solution, simplement trouvable, mais pourtant si difficile à accepter. Il est si difficile d'accepter que nous sommes le ver de la pomme.


« Le Bonheur a marché côte à côte avec moi ;

Mais la FATALITÉ ne connaît point de trêve :

Le ver est dans la pomme, le réveil dans le rêve,

Et le remords dans l'amour : telle est la loi.

- Le Bonheur a marché côte à côte avec moi. »


Voilà ce qu'a écrit Verlaine.

Nous avions le Bonheur comme compagnon et nous l'avons rejeté. Nous avons obtenu la Fatalité maligne comme aliénation vitale et compagne d'existence. Introduisant en nous les facultés de ver pourrissant la pomme, de réveil nous faisant quitter nos rêves. Et nous ne pouvons plus éprouver d'amour pour quoi que ce soit sans y trouver remords à avoir.

Mais que voulez-vous ? Le Bonheur a été mis à la porte et il reste là où il est désormais, daignant poser son regard sur nous.


Il nous faudrait une armée de bonne volonté pour parvenir à notre rédemption, mais qui croit encore à la bonne volonté…

Même pour instaurer la paix entre eux, les hommes ne savent pas la trouver, trop bien cacher sous les cendres et la poussière nommé vengeance et haine.


Quels doux noms à entendre.

Que du sang, des cris, des larmes et de la douleur.

Que cela est rassurant. La supériorité prône sur l'égalité, magnifique humanité.

Humanité même qui ose prononcer « Tous les hommes naissent libre et égaux » / « All men are created equal ».

Foutaises.

Que de belles phrases d'apparat, aussitôt écrites, aussitôt dissimulées sous les bonnes vieilles amies vengeance et haines.

Qui, elles, rient, rient de pouvoir exister et assister à une telle farce.


« Le monde est une scène où tous, hommes et femmes, y jouent leurs sorties, y jouent leurs entrées. Chacun interprète mains rôles dans sa vie »


Shakespeare ne se rendait-il pas compte de la vérité sanglante qu'il énonçait.

Nous avons ternis cette scène magnifique de bois ciré, par le sang de frères oubliés. Que nous avons lavés à l'odeur âcre de notre urine.


Nous avons cherché réconfort et acceptations dans nos prières vaines envers l'éternel silencieux, qu'on en vient même à se demander comment nous avons pu entendre parler de lui.

Encore une fois, nous cachons nos conneries sous les pages d'un vieux bouquins poussiéreux, disant que c'était pour un bien, un bien cependant mauvais mais qui, faisant gagner le bien par rapport au mal, valait la peine d'être fait.

Quelle argumentation puérile.

« C'est plus bien que pas bien »

Entendez !

« C'est plus bien que pas bien ! »

Voilà sur quoi repose cette humanité.

C'est plus bien pour qui, pour nous. Pour celui qui prend la décision. C'est plus bien pour l'égoïsme de la personne, le groupe ou la culture qui prend la décision.

Tous cela, tous ce jeu de décision aura influence sur la personne, le groupe ou la culture à côté, mais : « Oh mon dieu ! De la différence, rejetons les ! ».



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