Humanité ! Qui est-tu ?

Christian

Ce texte est central dans la Saga Leaurélia & les Gardiennes de la Vie pour comprendre l'acharnement d'une espèce, étrangère à la Terre, à vouloir sauvegarder l'étincelle de conscience des terriens.

— Bonjour, Iliéna, comment te sens-tu ?


— Oui ! Qui me parle, je ne vois pas trop bien ?


— Lou, Lou de Leaurélia, tes yeux doivent s'adapter un peu après cette longue nuit.


— Lou ! Dis-moi que m'est-il arrivée, pourquoi suis-je à nouveau dans la coque de survie. ?


— Réan t'a sauvé la vie lorsque tu as sauté de la terrasse de ce building pour échapper à cet affreux Vladimir.


— Ok c'est bon ! Je me souviens, difficile d'oublier cette brute bestiale !


— Je suis ravie que tu sois à nouveau en pleine forme Iliéna. Line et moi nous avons beaucoup progressé sur l'étude de ton ADN et celui de Méa. Nous pourrons bientôt te présenter les caractéristiques du futur de l'Homme sur Terre.


— De l'homme ? Et les femmes, elles n'existent pas dans ton futur Lou ?


— Façon de parler Iliéna, car au départ, je pense que les premiers représentants de ta nouvelle espèce seront de fait des femmes, elles seront issues de tes propres cellules.


— Tu me rassures Lou, j'ai plus confiance dans les femmes que dans les hommes. Peut-être est-ce dû aux expériences vécues dans mon ancienne vie.


— Tu souhaiterais peut-être prendre une douche pour éliminer le liquide nourricier de la coque de survie ?


— Bonne idée, mais je n'ai pas de vêtement, je vais encore me retrouver complètement nue. Dans le vaisseau c'est parfait, mais si je dois sortir !


— Réan a pu reconstituer la garde robe que tu avais acquise à Londres, tu l'as trouvera à la sortie de la douche.


Merci, Lou, tu es merveilleuse !

 Iliéna s'extrait de la coque de survie et se dirige vers la cabine de douche que Réan lui a précédemment réalisée uniquement pour elle.



La pluie bienfaisante de la douche achève de la revigorer, mais, soudain, un immense spleen l'envahit.


À quoi sert de vivre ?


Bientôt tout ce qu'elle a connu sur Terre va disparaître, sa famille, ses amis, son pays, les lacs et les rivières où elle adorait se baigner dans son enfance.

C'est inexorable, Lou en est certaine.

Pourquoi ferait-elle autant d'effort pour essayer de donner un nouvel avenir à l'espèce humaine ?

 Lou, branchée sur l'interface bionique d'Iliéna ressent aussitôt son vague à l'âme.



— Iliéna, je suis là ! Tu n'es pas seule, Julien est toujours là aussi.  Il m'a demandé de tes nouvelles et je l'ai rassuré.



— Tu es gentille Lou, je ne saurai jamais comment te remercier de m'avoir sauvé la vie.  Mais aujourd'hui, avec tout ce que tu m'as appris sur le futur de notre planète, je ne vois pas où j'aurai ma place. À quoi vont servir tes efforts et ceux de Julien si tout doit disparaître ?



— Mais tu as toute place dans le monde Iliéna, sans toi le futur de l'être humain n'existe pas.



— Le monde continuera de tourner sans moi Lou, tu le sais bien.



— Et à quoi servira l'univers si tu n'es plus là pour l'admirer, Iliéna ?



— Je ne te comprends pas ! Le monde existait avant moi, il existera après moi, dis-moi si je me trompe !

— 

Iliéna, sais-tu pourquoi l'Univers existe ?



— ??
 — Qu'est ce que l'Univers, les planètes, les étoiles, les galaxies, peuvent bien avoir à faire que nous soyons ici à le regarder et à parler de lui, Lou ? Cela me semble absurde.

    — Tu es, je suis l'Univers ! Nous sommes constituées, toutes les deux et tous les autres êtres vivants, des atomes forgés au sein des étoiles, elles mêmes issues du flash d'énergie originel qui a donné naissance à tout.

 — Nous appartenons à L'univers je peux bien le comprendre, Lou mais que l'Univers existe parce que nous pouvons le voir, j'avoue ne pas te suivre, Lou.

— Il n'y a pas d'appartenance, Iliéna, ton esprit terrien est trop focalisé sur le concept d'appartenir à quelque chose où à quelqu'un ou inversement de détenir un petit bout de l'univers où tu vies.
Tu n'appartiens pas à l'Univers et l'Univers ne t'appartiens pas ! Tu es l'Univers ! Tout simplement.

— Je suis L'Univers !!

— Ton oreille, la pointe de tes seins, ou encore les bactéries qui peuplent ton corps se posent-ils la question de savoir s'ils appartiennent à Iliéna ? Ils sont Iliéna et sans eux tu serais déjà un peu moins la belle Iliéna qui se dresse devant moi.

 —Présenté de cette façon, je visualise mieux ce que tu veux dire.

— Alors imagine qu'une petite partie de ton corps décide de ne plus s'occuper d'Iliéna, oublie qu'elle est toi et qu'elle est née avec toi.

 — Si ce n'est qu'une petite partie je ne vais peut-être pas m'en rendre compte !

— Sauf si les petites parties se multiplient et empêchent Iliéna de vivre, de marcher, d'avoir des enfants, alors tu n'auras plus l'énergie suffisante de maintenir ton intégrité et Iliéna disparaitra.

— Je veux bien le comprendre pour ce qui me concerne, Lou, mais l'Univers !

— Il n'y a aucune différence entre toi et l'Univers. L'énergie de l'Univers a créé la vie, la vie contribue au maintien de l'Univers, toi et moi nous pouvons admirer l'œuvre de l'Univers, nous sommes devenus sa conscience.

 — Je suis la conscience de l'Univers Lou ?

— Oui Iliéna, ! Vous les humains, êtes devenus, depuis peu, la conscience  de cette force gigantesque qui anime le cosmos. Vous lui offrez votre regard, comme nous les Leauréliens et certainement comme des millions d'êtres conscients de son existence dans toutes les galaxies.

— En quoi mon regard changera-t-il l'Univers, je ne suis qu'une poussière à l'échelle cosmique !

Nous vivons au cœur de luttes titanesques entre les forces d'expansion qui poussent la vie à se complexifier dans tout l'univers et celles qui freinent le mouvement pour contraindre l'univers à s'éteindre et disparaître.


Chaque étoile qui prend naissance au sein des nuages galactiques est une promesse de vie, chaque vie consciente de l'univers qui disparaît, c'est un soleil qui s'éteint.



— C'est donc la raison de ton acharnement à sauver ce qui peut rester d'intelligence sur notre planète !



— C'est le fondement de ma vie, Iliéna, je suis une Gardienne de la Vie, comme l'était Miléria ma mère. 
Maintenant que tu comprends, j'espère, un peu mieux notre rôle à toutes. Tu peux prendre ta décision, saches que je la respecterai !



— Lou ! J'ai besoin de sentir la terre ferme et le vent sur mon visage, pour réfléchir. Peux-tu me déposer sur une plage près d'ici !



— Réan t'attend, il veillera sur toi en mode invisible.



— Merci Lou, sur Terre, on dirait de toi que tu es une       « Grande Dame ».



Iliéna s'avance sur la plage en sortant des vagues, Réan vient de la transporter avec la navette au coucher du Soleil.



Elle s'assoit sur le sable encore chaud, passe les bras sous ses jambes repliées et, la tête sur les genoux, regarde le soleil de la Terre s'enfoncer doucement dans les eaux de l'océan.
 Le ressac des vagues, le vent dans ses cheveux apaisent l'esprit d'Iliéna.

Elle sait que Lou n'est pas à l'écoute sur l'interface bionique, elle a toute liberté pour prendre sa décision.

Elle décide de marcher un peu dans les vagues qui viennent mourir sur le sable. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas ressenti un plaisir aussi simple, songe-elle en esquissant un petit saut pour éviter une vague.


Une brise iodée vient lui déposer un petit goût de sel sur les lèvres. Une grande sérénité l'envahit, elle jette une poignée de sable dans les vagues et sourit face à l'horizon rougeoyant.


Méa effectue, devant elle, un fantastique saut qui l'éclabousse malgré la distance. Un besoin irrépressible de caresser le cette femelle dauphine l'envahit, elle s'avance dans les vagues jusqu'à la taille.


Méa qui a deviné les intentions d'Iliéna s'avance vers elle et vient glisser son rostre sous sa main. Un grand frisson de plaisir parcourt le corps d'Iliéna, elle vient de signer un pacte avec la vie, elle le sait et tout l'Univers doit le savoir.


Iliéna prend une grande respiration et s'enfonce dans les eaux turquoise des caraïbes, emportée par Méa.

Elles semblent valser tel un couple improbable. Méa, dans cette merveilleuse danse de la vie, doucement, se dirige vers le fond pour déposer Iliéna à l'entrée du sas du vaisseau Leaurélien.



Lou, qui observe la scène par l'intermédiaire de la navette de Réan, sourit intérieurement, Line est avec elle par la pensée.

— Je pense comme toi, Lou, Iliéna va devenir la Gardienne de la Vie de la nouvelle humanité à laquelle elle donnera le jour.



— C'est fantastique de voir les forces de la vie à l'œuvre. En donnant des perspectives nouvelles à la conscience de l'Univers sur Terre, je ne suis que l'instrument de celui-ci. Iliéna, en acceptant les mutations à venir, est plus forte que nous toutes, elle traduit l'Univers dans toute sa puissance.



Voyant le couple arriver au fond de l'océan, Lou se précipite elle-même pour accueillir Iliéna, dans le sas du vaisseau et lui offrir un air qui lui vient à manquer.


Une émotion indicible s'empare de ces deux êtres éloignés par des millions d'années d'évolution cosmique.


Lou la Leaurélienne, avec sa peau bleuté et ses petites tentacules phosphorescentes lui couronnant la tête, Iliéna la Terrienne, le jean et le teeshirt mouillé moulant avantageusement ses formes de femme de la terre.


C'est la pulsion de la vie qui bat au cœur de l'Univers qu'elles expriment en se serrant dans les bras l'une de l'autre. Iliéna vient de prendre conscience des paroles de Lou « Tu es l'Univers ».



Elles sont l'Univers et sont traversées par le bonheur infini de continuer la vie pour offrir les miroirs de la conscience à tous les soleils de l'Univers.


  • En réponse à Hervé, nous n'avons pas à ce jour la certitude que d'autres créatures pensantes dans l'univers se posent la question de son existence. Donc nous fantasmons !

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Mycjq3xv

    Christian

  • Pensées intéressantes, mais anthropomorphiques sur l’Univers. Les lois naturelles se seraient bien passées d’êtres ayant pris conscience de leurs existences, surtout quand ils commencèrent à modifier l’environnement. C’est humain ! On ne peut éviter de croire que la Nature a un sens d’exister que si un regard conscient l’admire. J’aime bien l’image de l’Univers, constitué de tous les éléments qui le partagent, mais l’univers n’est pas biologique il est minéral. En tant qu’animaux pluricellulaires, une altération du génome d’une seule cellule peut développer une tumeur qui sera fatale à l’organisme entier, c’est un fait biologique. Pour L’Univers ce n’est qu’une histoire d’équilibre entre des forces physiques. Il est vrai qu’il y a une propension qui pousse le vivant à se complexifier toujours davantage et une force qui érode tout processus métabolique. Il faut de l’énergie pour combattre l’entropie. Vivant dans le système solaire, notre seule énergie est celle de notre étoile. Ton texte est passionnant, il pose un tas de questions philosophiques.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

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