Hypothèse

heathcliff

Je balade mes hypothèses, je les tire par la main, je vénère les « si » et adore l’impossible.

Si je venais à mourir…Ici, maintenant, tout de suite ?

Je ne terminerais pas ma phrase, ma plume roulerait jusqu’au rebord de la table, où elle s’arrêterait, hésitante, et ce n’est que lorsque ma tête entrerait lourdement en contact avec le bureau qu’elle tomberait au sol, m’accompagnant dans cette chute sans fin, jusqu’au fond du gouffre. La musique qui  résonnait dans la pièce continuerait de créer l’atmosphère instable de ce lieu confiné, le disque tournerait de plus en plus vite.

On enlèverait mon corps, on le brûlerait et on ouvrirait les fenêtres en grand. Tous ces manuscrits malmenés s’envoleraient, tourbillonneraient dans le ciel, avant de venir égayer les trottoirs. On me lirait, enfin !

Belle mort pour une écrivaine.

Seulement, je suis toujours là…

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