Hyppie Hyppie shake!

Agnès Du Prez

D'humeur baba-coooooool !

J'ai craqué, j'ai acheté deux places pour la comédie musicale "Welcome to Woodstock". Je ne me fais pas d'illusion, nous n'y reviendrons pas. Ce temps-là est bel et bien révolu. Mais j'attends beaucoup de cette immersion dans l'univers musical des années 60-70.

Ce qui m'a décidée à faire chauffer la carte bleue, c'est la présence du talentueux Yann Destal dans le casting. J'aime tellement sa voix et sa musique, déjà bien inspirée de cette époque. Son album "Let me be mine" sorti en 2012 me fait complètement tripper, je ne vois pas comment le dire autrement. Avec son physique d'Albator et le charisme qu'il affiche dans ses clips, il y a de quoi avoir envie de le découvrir en live. D'autant qu'avec ce voyage dans le temps, on l'imagine bien dans son élément.

J'ai toujours été fascinée par la musique, les artistes et la mentalité de ces années. Combien de films et de documentaires ai-je vus? A commencer par l'indispensable "Woodstock diaries" qui retrace l'histoire, l'organisation et l'ambiance du célèbre festival.

Mais depuis août 1969 (je n'étais d'ailleurs pas née), de l'eau a coulé par torrents sous les ponts. Quand j'étais ado, persuadée de n'être pas née à la bonne époque, toute cette révolution culturelle m'enthousiasmait. Les jeunes semblaient avoir des convictions politiques et sociétales, ils se sentaient acteurs de leur existence, capables de tout changer plutôt pacifiquement.

N'a-t-on pas idéalisé cette époque? J'imagine que si. Mais je ne le saurai jamais. Je n'y étais pas. Longtemps, j'ai porté de longues robes à fleurs, des tongs et des colliers de perles. Il a bien fallu s'insérer dans l'époque de mes contemporains. Mais quelques vestiges de ce que je suis au fond demeurent en filigrane. De longs cheveux roux-rouges, quelques fringues de style bohème, comme on dit aujourd'hui, un petit peace and love sur un bijou, discrètement...

Je croise de vrais faux baba-cool des années 2000 et quelques. Ils portent des dreads, sentent le foin, se laissent pousser les poils, ont des piercings et des fringues qui ressemblent étrangement à celles du public de Woodstock. Eux aussi s'illusionnent. Ils ne seront jamais de leur monde, de cette époque où tout était encore possible.

Et côté musique, n'en parlons pas ! Des années 50 à fin 70, tout a été créé et nous n'avons plus droit qu'à d'éternelles redites. Où sont les prochains Jimi Hendrix, Janis Joplin, Richie Havens et son entêtant "Freedom"? Je crois profondément qu'il y avait alors une idéologie qui n'existe plus. Ce mouvement pacifiste était accompagné de la plus incroyable bande originale. Les artistes étaient des leaders, ils s'engageaient dans des causes, même si l'ambiance générale était à la déconnade.  

Vendredi soir, je vais sortir une tunique à fleurs et m'illusionner pendant 2h de spectacle, un peu comme ceux qui vont voir les concerts de ces mecs déguisés en Beatles. Juste pour croire, un petit moment, qu'on fait parti de ce grand truc qui n'arrivera plus jamais.

Back in time, let's go ! Vivement vendredi soir.


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