IBIZA, le lieu… SWISS POSTAL 1954, le souvenir…

Le soleil d'avril caressait ses formes arrondies, chassant la nuit engourdie, dans la douceur d'un début de printemps au parfum iodé qui éveille les sens. Sur la langue de sable, mes pas empruntent le chemin de ce royaume inconnu qui sera mien dans un instant ; sa silhouette d'abord petite ombre dans le contre jour, s'impose de plus en plus à mon regard curieux. Comme une sculpture, fier de son anatomie, magique comme une œuvre d'art, c'est le Swiss Postal 1954. Son côté ludique me rend euphorique, c'est à la fois une rencontre et un lieu hors du temps. Je fais le tour de la carrosserie comme un gosse devant un camion de pompier, laissant ma main souligner ses traits, tout excité. Ça y est ! Il est temps de pénétrer dans l'antre mystérieux, j'ai hâte, et là je dois dire que c'est encore mieux que sur les photos, au-delà de cette alliance d'authentique et de confort, il y a surtout une âme. Je me souviendrai toujours, de cette première sensation, ce sentiment d'être bien, ailleurs et chez soi en même temps, dans ce lieu que je ne soupçonnais pas il y a encore quelques heures.
Je ne vous décrirai pas jour après jour le rythme de ma vie en ce lieu car je crois que chacun doit pouvoir imaginer, et rester vierge de mes propres émotions, de pouvoir ressentir ses propres sensations de par son imagination, son envie. L'important c'est l'avant et l'après la rencontre. Mon esprit se sera nourrit d'horizons aux nuances improbables, de veillées chantantes, de pensées dentelées telles des falaises se découpant sur la côte, de poésies noires étoilées, comme si c'était ce «bus» à travers ses vitres qui faisait les paysages pour remplir mon regard de lumières incroyables, d'images féeriques et aussi de quelques rencontres qui ne peuvent qu'être interloqués par cet ovni et se sentent forcément attirés comme des papillons par la lumière…
Je finirai cette histoire par ce sentiment partagé entre la tristesse de quitter ce cocon et la sereine joie d'avoir connu cet objet original, d'y avoir mangé, dormi, respiré, d'y avoir vécu tout simplement comme une récompense de la vie pour guérir les blessures de l'âme. Je te quitte en sachant que je ne reviendrai pas, mes pas s'impriment dans le sable en sens inverse d'il y a cinq jours faisant de toi un souvenir, l'air iodé m'enveloppe une dernière fois et le vent marin m'accompagne de sa chanson d'adieu sur le chemin de mon quotidien.

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