Poète pouet poueteux
onizu-k
Ça y est je sais qui je suis
J'ai enfin cerné mon identité
Et si je l'écris aujourd'hui au milieu de la suie
C'est que ma conviction ne manque pas de densité
Je suis poète
Digne descendant des enfants du Parnasse
Et je vous le répète
Ce n'est pas un hasard si je l'écris au milieu de la crasse
En classe, on m'avait jamais bien expliquer
Les poésies devaient être récitées d'une manière bien appliquées
Je pensais qu'il fallait compter les vers
Ne pas se tromper d'un pied ou d'une syllabe
Alors qu'il faut plutôt savoir faire conter les vers
Attaquant le papier qui sous ma plume se délabre
On m'en a donné des noms, des Baudelaire, des Préverts
Des Verlaine et des Rimbaud
En long , en large, en travers
Mais sait on transmettre notre propre vision de ce qui est beau?
Quelle est cette putain de force de la poésie?
Que c'est un espace infini de liberté
Et si mon écorce de peau est si
Creusée, c 'est que la source coule alors viens t 'y abreuver...
Finalement la seule chose que j'en retienne
C'est que ça sonne bien de finir un poème en disant Maurice Carême
Moi je suis poète, pas un poète
Scorie minuscule perdue dans les particules infirmes de ce monde
Je suis poète avec un égo de compèt
Je suis à la fois la plaque qui frotte et le volcan qui gronde
J'ai les ongles sales et l'espoir qui pue
J'ai longtemps imaginer mes ancêtres bien précieux
Installés dans de belles salles, bien repus
Oisifs à souhait de pouvoir contempler les cieux
Foutaises...
On ne nous a jamais parlé des tavernes de Villon
Qu'un poète, ça fume, ça boit, ça baise
Et que ça fuit très souvent au moment de l'addition
Ça emprunte des routes brumeuses et des chemins de traverse
A contre courant comme Brassens encensant les averses
Je suis poète
Et les gens bien souvent s'en moquent
Ou bien c'est un sourire ironique qu'ils nous prêtent
On déclenche autant de fausses couches qu'on met l'humanité en cloque
Des claques, des torgnoles et des gifles
On en reçoit car on nous prend pour des sales gosses
Vivant dans des cloaques, les bien pensant nous sifflent
On s'tord à coup de gnôle, incapables de se faufiler de l'art au négoce
Je suis poète
A une époque ou l'on superpose le métier sur l'identité
Elles restent bien opaques les supers proses
Quand le compte en banque lui s'est effrité
Je me sens pourtant riche
Même si naissent les cécités
Et si parfois encore je triche
Par nécessité j'ai gagné le droit de cité
Je suis Onizuka
Poète pouet-poueteux du Poitou
Gueule pâteuse, nourri aux pâtes et délicat
P'têtre même qu'un jour j'aurais slamé partout
Alors j'écrirai, je déclamerai pour ne jamais avoir de remords
Et si je suis poète
Peut importe mes sales draps
P'têtre même qu'un jour on me vendra...
Mais après ma mort..