Il...

baladine

Il

Je me suis dit : «  ça lui fera les pieds ! »…

Un fou rire me pris, car c’était bien le cas de le dire…

Il n’a pas pris son pied se jour là, et moi je lui aurais fait un magistral pied de nez !

Nous n’avions plus pied…

Petit à petit, il quittait la surface, s’engloutissait, plongeait dans le trouble…et

L’obscur. Alors, j’eus cette divine idée.

En effet, il prenait toujours un malin plaisir à prendre le contre-pied de mes mots.

De tout.

A propos de pieds , il avait des pieds magnifiques, sculptés par Michel Ange.

Rares de si beaux pieds, je les lui massais, il adorait cela.

Le week-end, quand l’envie de dessiner me prenait, je dessinais ses pieds.

Il posait pour moi, les pieds nus, aucune indécence n’en découlait, leurs courbes, la forme parfaite de la cambrure, entre le talon et…mais je cesse là ? vous l’avez compris, j’étais avec lui pur ses pieds !.

Jusqu’au jour ou… un incident particulièrement lourd de conséquences se

produisit.

Ses pieds commencèrent à perdre de leur charisme. Il vieillissait, et ses pieds

Suivaient le processus inexorable…

Il a commencé à me casser les pieds avec ce bel âge qui creusait sa vie.

Il devenait irritable et e ses pieds naguère si expressifs se tachetaient de brun, mes dessins vieillissaient avec ses pieds.

On aurait dit des esquisses d’il y a vingt ans.

Même les photos que j’avais faites de ses pieds, se consommaient, se renfrognaient.

Il perdait pied et, diaboliquement il m’entrainait dans son sillage.

Les jours et les semaines passèrent, aggravant bien sur la situation.

Le jour ou il s’emmêla les pieds dans les fils électriques et reçu une décharge,

Mon idée me revint.

Pourquoi ne ferions nous pas un peu de cabotage en Bretagne ? , il n’avait jamais mis les pieds sur un bateau.

Je connais bien le Finistère sud et la Mer là-bas…

Je connais les dangers : à marée base vous avez pied partout, mais quand la mer monte, les empreintes de pieds sur le sable disparaissent, il n’y a plus de traces…

Alors je mis sur pied mon idée.

J’ai un pied à terre à Lesconil, nous irions y passer le week-end, et nous ferions une balade en mer.

Mon canote ferait l’affaire.

La mer était étincelante, fière et un peu « garcette » ce jour-la . Mes avirons, les dames de nage, c’était le pied ! tout allait dans mon sens, il se remit sur pied dès le premier jour.

De toute les façons, c’était le dimanche que j’avais prévu de sortir en mer.

Le samedi soir, comme si de rien n’était, je lui massais les pieds, comme il adore ça.

Dimanche, je faillis mettre les pied dans le plat, une gaffe qui, s’il y avait eu un témoin,

M’aurait envoyé vingt mile lieus sous les mers avec mon compagnon, tels des Pieds

Nickelés infortunés.

Au début, je l’avais mis sur un piedestal, l’Amour a ses débuts qui éclaboussent l’entendement,

Mais c’est au fameux restaurent le « Pied de cochon », que les papiers qu’il me montrait m’ont fait plonger dans mon esprit et di ciel indigo il chuta au gris ardoise.  Il avait un passé peu élogieux…

Il était piémontais d’origine et cela je l’ignorais, il me l’avait toujours caché.

Enfin, c’était une parenthèse, mais du coup, je mis le pied à l’étrier et fut moins naïve à l’avenir.

Mais revenons ( à nos pieds), au pays bigoudin, mon canote, la mer est haute ce dimanche matin là.

La Mer l’impressionnait, et seulement l’orteil de son pied droit accepta d’effleurer la surface de l’eau

Quand il prit pied dans le bateau.

Et nous voilà partis, à la godille d’abord, le « zig-zag » entre les petits canotes ancrés là, au ster Nibilic,

à l’abri du vent.

Je voulais sortir de l’estuaire et mouiller à Enizan.. Ces îles de rochers, Robinson de mon enfance.

Dans la crique qui regarde l’horizon, il y a du ressac…des gros rochers glissants, des algues aux logues tentacules parfois gluantes.

Sous les pieds, ça glisse facilement et gare à la tête il faut faire attention ou on met les pieds.

Et voilà, il perdit pied, au propre comme au figuré cette fois…

Quand à moi j’eus juste le temps de mettre pied à terre pour enfourcher mon vélo et acheter des langoustines avant que les pêcheurs rentrent chez eux.

  • J'ai écrit cette nouvelles dans le cadre d'un concours lancé par la Mairie de Issy les Moulineaux,il y a quelques années, il y avait UNE CONTRAINTE, le mot PIED, vous l'aurez sans doute deviné....Merci, Baladine

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Mon marin 150

    baladine

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