Il est grand temps d'appuyer sur le bouton prose.

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Les mots, ce moindre mal de nécessité aucune cécité, sauf s'ils sont cités. Ces langues pendues mais vivantes dépendant des pendules qui accouchent en languissant de nouveaux élans arrivant de nos langues. Ces discours décousus, souvent tâtonnant, parfois massacrés, contentés de ce qui est conçu, beaucoup y sont peu consacrés,  pensant qu'une lettre se lit en chantonnant. 

Mais savoir dire est un savoir-faire qu'il convient de ne pas ignorer, sous peine de voir des maux sous-pesés être écoutés par des gens qui risqueraient d'avoir l'air un peu pilonnés. 

Écrire, des fois, des choses indicibles, pour espérer être pardonné, pour essayer de créer des idées ordonnées qu'on raconteraient à des gens indécis, se faire comprendre n'est pas toujours chose aisée, la prose alors se veut un bon essai. 

Narrer comment ces trucs que l'on a réussis, remplissent en nous un bonheur infini, se souvenir pourquoi ceux-là nous auront défini, jusqu'où nos vies seront sans arrêt. 

Parler à celui qui se tait, ouvrir la porte à une rencontre fortuite, apprendre qu'une fois le pas sauté, elle apporte une autre suite. Et pourquoi pas dessiner la vie ? Les langues sont faites pour venir s'enlacer. Un mot appris ne peut-être volé, il est comme le nom de quelqu'un qui peut plaire, parfois éteint mais consumé d'envie, lui qui traduit par la pensée, un désir silencieux, celui de venir embrasser. 

Suspendu à vos lèvres, sentez-le vous fuir, le mot qui ne s'en ira jamais. S'il tombe, tant pis, c'est qu'il devait partir, s'il reste, tant pis, on peut le ravaler. 

Ne pas oublier que si celui qui tient le fusil, prend le pouvoir d'abaisser les paupières, celui qui s'arme de la langue de Molière, saura, pour sa part, éveiller les pupilles. Qu'en chargeant dans sa plume une autre cartouche d'encre, celle-la disposera d'un obus, la feuille même imbibée de mots blessant, ne tuera point même si elle touche au but. 

Parfois pour dire, le silence satisfait, les mots ont le droit d'être absents, ils savent très bien que pour rester parlant, des fois, ils doivent être effacés. 

Quelques fois torturées, pour être optimisées, les phrases que l'on voit amputées pour satisfaire l'écran ambulant, si elle parlaient, elles pourraient s'écrier : "laissez s'écrire ces lettres muettes, si elles sont tues, elles ne sont pas à tuer. Si vous ne saviez pas parler, et que l'on vous exécutait, une phrase dirait, gravée dans la pierre, combien personne ne pourrait vous remplacer."

Alors en ouvrant grand la gueule, en déployant vos pousses, en agitant la feuille, ou vos pensées qui poussent, servez-vous de la langue, des lettres et des sens, pour dire à votre audience combien votre être tangue. Puissiez-vous alors vous rendre compte, de tout ce qui anime, les temps de tous les temps, vivant sur vos papilles. 

Les mots blessent ou pansent, quittent ou doublent, tranchent ou doutent, boudent ou tancent, aident ou mentent, closent ou ouvrent, disent ou taisent, meurent ou vivent, vous pourrez décider.

Les Hommes feignent ou pensent, fuient ou couvent, vengent ou jouent, courent ou lancent, prêtent ou vendent, dorment ou bougent, giflent ou fessent, creusent ou vident, vous saurez hésiter.



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