Il était une Foi....
Jean Claude Blanc
Il était une Foi
J'ai été élevé dans la crainte du Très Haut
Mes parents catholiques me mirent au catéchisme
J'ai été initié au culte des Evangiles
Au sens des valeurs, à respecter autrui
Pensum laborieux que d'apprendre par cœur
Toutes ces notions abstraites connotées de symboles
Calvaire de Jésus Christ, sur sa croix, supplicié
Il m'a fallu du temps pour saisir la portée
Baptisé, confirmé, de Saint Chrême englué
Ma voie était tracée, destin incontournable
Je me vis enrôlé dans les Enfants de Chœur
Un rôle à ma mesure au service de Dieu
Apprentissage ardu, celui d'ingurgiter
Des masses de versets, bien souvent en latin
A l'Eglise comme ailleurs pour prendre des galons
Il faut se coltiner le rituel sacré
Acolyte élevé, secondais le curé
L'assistais à l'Autel, de mes génuflexions
Portais le candélabre, agitais la sonnette
L'Offertoire invitait chacun à la piété
« Notre Père » déclamé au son de l'harmonium
Les fidèles reprenaient avec ostentation
Les psaumes s'élevaient partout à l'unisson
Un instant de magie, de paix, de communion
Cabotin accompli, trônais au premier rang
Mon cordon bien serré autour de mon aube blanche
J'avançais les mains jointes, plein de méditations
Ménageais mon entrée à la messe du dimanche
Ce sens de gravité, pour les cérémonies
Où les chants d'allégresse s'insinuent dans les âmes
J'en poursuis l'émotion encore aujourd'hui
A l'hymne nationale au drapeau tricolore
Mes polissonneries, j'allais les confesser
Tentant de faire le tour de mes impénitences
Nanti de son étole, le curé circonspect
De sa main bienveillante, me disait « va en paix »
Les péchés capitaux, j'en étais préservé
Quelques petits mensonges, des riens de vulgarité
Pas grand-chose cependant à lui mettre sous la dent
J'avais pour pénitence des « je vous salue Marie »
De notre liturgie alambiquée à souhait
J'en tirais des soupirs et çà me faisait rire
Je ne puis résister à livrer ce fleuron
« Tu n'auras de désirs, impurs, volontaires »
Excellence du doigté, la vertu, l'élégance
Les 10 Commandements, des poncifs appliqués
De leur théologie surannée, j'en tirais,
La Foi, la tolérance, comme principe de vie
Le Ciel avait bon dos, et le pardon facile
Spiritualité en guise de bonne conduite
Je savais rien du Bon Dieu, à quoi il se chauffait
Sévère selon les dires, ou miséricordieux
La crainte du courroux, invention catholique
A l'usage des humbles, pour leur filer la trouille
Alerter leur conscience à grands coups de Pater
Pour réserver leur place à la droite du Seigneur
Croyant je suis resté, c'est une nébuleuse
L'espoir de retrouver mes Frères trépassés
Avant de m'endormir, fais encore mes prières
Pour une vie solidaire, pour un monde meilleur
Les Eglises quant à elles, défendent leur pré carré
De sermons dépassés, de croisades sanguinaires
Et Dieu dans ce micmac, on tend à l'oublier
On jure Bible ouverte qu'on aspire à la paix
Mon Eglise personnelle, je vais m'y recueillir
Puise dans la Genèse, mon « Veni Creator »
Se prendre par la main, pour chanter les louanges
Ma Foi est à ce prix, c'est mon Credo intime
Les croyants authentiques de toutes religions
Savent pertinemment que notre salut viendra
Si nous sommes rassemblés, d'une seule communauté
Pour recueillir les grâces, les bienfaits du Seigneur
Car la fraternité ne doit plus demeurer
A l'état de symbole, à l'état de vœux pieux
Mais doit se conjuguer dans nos actes ordinaires
Une forme d'Eucharistie chaque jour répétée
Dans l'enceinte sacrée, de ma petite chapelle
Au fond près de l'Autel dans la Nef endormie
Brille le petit cierge de la Nativité
J'aime m'y recueillir quand je suis fatigué
Le doute, mal érosif, habite nos pensées
Il faut nous accrocher aux fébriles lumières
Recevoir et donner, morceaux d'humanité
Faire le plein d'étoiles et de Foi effrénée
Bientôt suivront en procession
Frères de la Terre, fils de Dieu
On construira des édifices
De bonheur, de félicité
Alors on pourra proclamer
Le retour de notre Sauveur
De la porte de sa maison
Le Très Haut nous tendra les bras
L'heure n'est plus aux lamentations
Misères du monde, fatalités
Ne sont que fruits de l'inaction
Si t'as la Foi, marche devant
Au fond tous les Hommes de la Terre
Pauvres mécréants, laïcs austères
Le mysticisme fait son chemin
Rêvent en silence d'Eternité
JC Blanc décembre 2022
Hommage au curé Monteillet
Mon Ami, mon Frère de St Anthème
Qui m'a conduit tout petit
Sur le chemin de la Lumière