Il fallait que ça arrive...
arkhaam
Mon amour, ma merveille,
Pour la première fois de ma vie, j'ai détesté rêver de toi car dans ce rêve nous étions heureux, tu m'aimais encore, tu me regardais délicieusement avec le clair de ces yeux indescriptibles, la profondeur de ce regard insensé, celui-là même qui m'a transpercé la première fois que je l'ai croisé. A mon réveil j'étais seul, j'ai cherché ton odeur dans chacun des plis du drap, j'ai cherché la forme de ton corps magnifique dans tous les dessins que m'offrait notre couette. Je n'ai trouvé que l'odeur épouvantable de ton absence et la silhouette ridicule de ma bêtise. Alors j'ai encore fermé les yeux et j'ai guetté un bruit, un murmure, un soupir et là encore j'ai senti mon estomac se retourner car tu n'étais pas là, tu n'étais plus là.
Il ne me reste que les folles images de notre passé, ce passé où tu m'aimais, où il n'y avait que moi qui existait. J'ai pensé à tous ces instants où, au creux de mes bras, tu te laissais bercer par mon amour, ma passion, ces moments où toi même tu disais que rien ne pourrait jamais t'arriver car lorsque tu étais contre moi tu me sentais invincible. Je ne pouvais que l'être puisqu'à tes côtés je devenais un autre, celui que tu as fait de moi, un être meilleur, débarrassé de son passé tragique, l'âme grandie et tournée vers un avenir certain, cet avenir auquel il m'avait été impossible de croire avant toi. Mais aujourd'hui je suis sans toi, et vivre sans toi ça n'est pas vivre, je cherche une raison à tant de peine et je ne me sens que la force de me juger tristement.
Te souviens-tu de la première fois que tu m'as dit avoir envie de moi? J'en étais bouleversé, les larmes m'ont visité et ce soir là, tu as fait de moi un autre homme. Qu'il fût intense ce moment, toute la conversation qui suivit le fût. Tu avais la tête qui tournait, grisée par des pensées interdites, perdue dans ces images de moi et tu m'as dit de si belles choses. J'ai cet instant gravé en moi mon amour, jamais il ne s'effacera, jamais aucun des moments partagés avec toi ne s'effaceront. Je t'aime tant, pourquoi dois-je encore réaliser que je fais mal les choses, pourquoi n'ai-je pas été capable de te convaincre que nous étions faits l'un pour l'autre? Oui, je te prête des pensées qui ne sont pas les tiennes, je le sais et j'ai essayé de me rassurer en voulant croire qu'elles l'étaient. Me pardonneras-tu un jour de t'avoir entraînée sur ce terrain chaotique, sur le chemin dramatique des mes délires solitaires? Me pardonneras-tu ce que je t'inflige encore ici, avec cette lettre dont tu ne veux sûrement pas? Vois comme il est difficile d'imaginer ma vie sans toi, toi qui a bouleversé mon être tout entier, parce que d'un geste tu es capable de me retourner, d'un regard tu peux me troubler, d'un mot m'affoler.
Tu es partie et je dois continuer sans toi mais il ne peut exister une autre que toi, il ne peut arriver qu'une autre me bouleverse comme tu l'as fait et jamais mon cœur ne se fermera car tant qu'il me restera un souffle, il servira à t'attendre, à transporter les mots qui te ramèneront peut-être à moi. J'ai cherché des années l'endroit où te trouver, pensant des milliers de fois que tu n'existais pas, qu'il n'était pas possible d'aimer quelqu'un de cette façon ( surtout de cette façon, celle que tu ne comprends pas ) et pourtant je t'ai trouvée et d'un mot, d'un souffle, tu as balayé tout ce que je pensais être mes convictions. Tu m'as quitté pour ne pas me faire de mal, pour me protéger et je ne peux que t'aimer encore plus pour cela. Je me souviens de ta main dans la mienne, de cet hôtel dans le marais, de ce billet de train, de toutes ces choses qui me font vivre et me feront vivre à l'infini. Aujourd'hui mon amour pour toi est intact et le restera et moi je vais avancer, avancer parce que lorsque nos routes se croiseront de nouveau, je serais prêt à prendre ta main pour ne plus jamais, jamais la lâcher.