Il faut continuer de vivre

mesnil-au-pain

encore

Il faut continuer de vivre sur cette terre que désole
L'absence évidente de la moindre once d'espérance
Esseulé par la tienne, gardé dans l'ignorance
Qu'importe l'altitude à laquelle je rampe depuis le sol
Stérile, je sens la vie m'animer comme une évidence

Il faut continuer de vivre ici bas sur cette terre
Contemplant dans le ciel nocturne l'ombre d'Eden
Qui s'étend sur nous comme l'arrogance qui nous freine
Glaçant nos muscles depuis les fibres de nos artères.
Ô les rancœurs exsangues qui nous entraînent.

Il faut continuer de vivre malgré l'abandon
De ce pays ancien et sa singularité
D'emprunter à l'idéal le secret de sa beauté
Porté en étendard d'angéliques escadrons
Nous encadrant dans notre chute arrêtée

Il faut continuer de vivre malgré le souvenir persistant
La trace laissée en invisible marque
Blessure infligée par ce célèbre arc
Dont la tension se relâche en un instant
Brisant le tracé d'un vide que l'on braque

Il faut continuer de vivre après cet incroyable baiser
Échappé de ses lèvres dans un soupir
Comme un pétale d'Edelweiss traversant des empires
Pour se déposer si léger sur des lèvres fortunées
Dans l'interstice rêvé que produit le réel et l'avenir

Il faut continuer de vivre après cette certitude
Et dépossédé de l'espoir du paradis interdit
Je chéris le rêve de l'éternel oubli
Comme protection face à ma propre solitude
Qui s'impose à mesure que je m'écris.

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