Il ne fait pas bon vieillir
vreel
Ma mère tenait la seule auberge du ce coin de la Russie, avec sa soeur, de ce côté barbare et complètement nu du kolkhoze, il y faisait quasiment froid tout le temps mais malgré tout, on venait souvent se réchauffer chez celle qu'on surnommait la "Babouchka" car on la considérait comme la grand'mère de tous les clients, et son ragoût avait une renommée à travers les plaines : on y riait, on y chantait quand la vodka perturbait les esprits et moi, je regardais tous ces gens et perturbais souvent ma mère et ma tante.
- Allez, va jouer ailleurs Vladimir !
Ma mère et ma tante n'étaient pas riches et rêvaient de l'être. Parfois, des étrangers passaient à l'auberge et, le matin, à mon réveil, ils étaient déjà partis : il faut dire que le climat était plus favorable dès le lever du soleil !
Un jour, j'étais grand, ma mère me prit les mains et ma tante pleurait.
- Vladimir, je vais te donner de l'argent et tu vas partir d'ici !
- Mais, maman..
Celle-ci coupa court à ma surprise.
- Ici, tu ne réussiras à rien ! Tu vas aller en France, je te donnerais le ticket de train et là-bas, avec l'argent que je vais te donner, je t'ai inscrit à une école, tout est réglé à ce niveau, tu auras l'adresse en partant et les soeurs t'ont déjà réservé une chambre !
- Je veux rester ici, maman !
- Non, mon fils, c'est mieux...
Ce soir-là, on parlait peu mais on pleura beaucoup...
Les bagages durent près le lendemain et je quittais ma mère et ma tante en larmes, sous un épais manteau de neige.
Tout fut bien réglé, comme maman me l'avais dis ; durant toute mes études, j'écrivais de longues lettres à ma mère, je fis de même quand je fus plus grand et que je devins avocat. J'avais décidé de leur faire une surprise en leur présentant ma femme et mon fils, je ne les prévins pas et mon coeur battait la chamade.
Rien n'avait changé à part moi ! J'avais laissé ma femme et mon fils à l'hôtel, lui disant de ne venir qu'une heure après et je me dirigeais bers l'auberge. Elles ne me reconnurent point et je commandais à dîner et à boire. Quelques minutes plus tard, après avoir bien bu et mangé, je fus pris de crampes incroyables et douloureuses et je me sentis si mal que je tombais raide mort sur le sol.
Ma mère et ma tante me confisquèrent ma bourse, mes beaux habits et entérrèrent mon cadavre sous l'arbre éternel, dans le jardin gelé avec les autres étrangers.
Quand ma femme, agitée et inquiète de ne point me voir revenir se montra à l'auberge et expliqua sa venue, ma mère et ma tante hurlèrent et se tirèrent une balle en pleine tête. La honte et le malheur de ne point m'avoir reconnu après tant d'années nous a bien réunis...sous terre !