Il pleut sur le piano

Sylvia Herbez

Il pleut ce matin.

Il pleut encore pour lisser cette dernière journée de l'année. Le piano joue un air de jazz. Le concert était réussi. Il sourit une main sur le clavier, l'autre sur le pupitre. Ses doigts continuent cet air qui lui vient par hasard en douceur. Il pleut dehors des notes qui emportent le petit jour. Il reste une lumière sur ses yeux fatigués. Parfois, ils se ferment. La salle est vide depuis longtemps maintenant. Je suis restée. Au fond, étirée de tout mon long à partager les gouttes, ivre vivante.

Devant moi, les chaises vides sont encore alignées dans le même ordre que la veille. Auditrices complices, elles écoutent légères de ceux qu'elles avaient en charge.

Soudain, au dessus du piano j'aperçois une silhouette bleue suspendue à un cerf-volant. Elle cherche le souffle qui l'emportera pour des figures évanescentes à la fête du vent. 

Lui, continue jusqu'au bout la musique qui s'offre à son corps. La main du pupitre a rejoint sur le clavier sa jumelle. Il s'est redressé. Et le jour s'est levé. Les réverbères viennent de s'éteindre. Il ne pleut plus. Je dois les quitter. Suivre le cerf-volant.

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