Ils étaient beaux comme des amants qui se quittent.

liso

Qui se quittent après des années. Chargés d amour et de lourdeurs. Ils avaient le calme des profondeurs. De l amour profond qui ne se quitte qu à moitié. On ne peut pas quitter son passé. On ne s en va de l autre qu à moitié. Plus le temps passe, plus l on est loin. Mais au moment où l on quitte, on est encore tout les deux là. Ils étaient beaux comme des amants qui se quittent, lorsque je suis partie. Sauf que eux étaient encore ensemble et c est moi qui partais. Le jour était bien levé. Mon vélo s impatientait. Je suis partie et ils ont quitté leur liberté. Ils ne l ont quittée qu à moitié. Elle s éloignera un peu. Il leur faudra la rattraper. La rattraper dans la chaleur de nos six bras qui crépitent. Ou bien avec une autre astuce. Libérer leur amour. Ouvrir ses frontières et en abreuver le monde.

Comment on en est arrivés à ça? Ne sais plus. Choque mots contre images. Des sensations restent. Secoue un peu, caresse ma peau et pioche. Je glisse dans mes recoins. Je les ai toujours trouvés beaux. J ai connu lui d abord. Il était beau. Il était beau de toute la vie qui était dedans et qui lui sortait par dela. Il explosait des yeux et jaillissait de la bouche. Par flashs. Ca inondait, ça m apaisait. Mais lui tout seul j étais mal à l aise. Trop. Une énergie trop pointue. Belle et claire mais trop soudaine et trop directe. Puis j ai connu elle après. Au début on aurait dit un chou dans une carapace. Monolithe éteint. Mais je crois c est parce qu elle était défoncée. Après elle s est ouverte en spirale, comme poussent les palmiers ou se dénouent les cheveux. Elle est devenue belle. Belle comme une pierre immortelle qui cherche la candeur. Qui sait que la sagesse est le bout du chemin, et qui veut remonter. Elle remontait, le rebours de sa vie dans les gens qu elle croisait. Elle s attendrissait des faiblesses. S émerveillait du banal. Y avait la carapace oui, mais c était plutôt celle d une tortue. Avec des ailes dessus. Elle était belle comme ça. Et tous les deux ils s aimaient. Elle la pierre et lui le flot. Leur énergie était complète et je m y sentais bien. Ils s aimaient, et moi j étais là. J étais entre eux, mais ne les séparais pas. Ils s aimaient à travers moi. J étais dans leur amour. J y avançais pas à pas. Demandais si je pouvais aller là. Et là. Et puis comme ça. Oui? Tout? Oui, tout. Alors on s est insinués. Les uns dans les autres. On a fait des volutes de nos trois corps. On a fait des danses de nos six bras. Et des devinettes pour inconnus invisibles. Qui est où. Quoi est qui. Leur peau avait un goût qui se répondait. Ils formaient quelque chose que je ne déformais pas. J ai coulé dans leurs interstices. J ai picoté leur plaisir. Dégonflé leurs habitudes. Léché leur confort. J étais le catalyseur de leur amour. Ils étaient beaux et libres à travers moi. Et moi je baignais dans l amour tout en en étant protégée. C était leur amour qu ils m ont donné.

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