ils me dévorent
Möly
ils me dévorent, me mangent le corps
se délectent de ma peau, de chaque pore
ils m'envahissent, se hissent
ils ne laissent rien en vie,
possédés par l'envie
ils m'entraînent, m'enchaînent
dégustent ma langue, ajustent leurs mots
se repaissent de la douceur de ma chair
en redemandent un peu, encore
et au petit matin
se lassent de mon corps.
ils reviennent, se faufilent
des revenants pas attendus
des rendez-vous inattendus
ils sont là, et je ne m'en lasse pas
soudain, ils sont las
et se détournent de moi
ils mangent ce qu'ils veulent,
ce qu'ils peuvent,
ne demandent pas la permission
me demandent pardon
et refusent la frustration
il n'y a pas de non,
quand j'entends leur nom
créatures des nuits imbibées
agissant toujours avec arrière-pensées
tout est calculé
pour pouvoir me déguster,
le lendemain,
ils m'ont avalé, entièrement
je n'existe plus vraiment
je suis irréelle, soudain
je suis inexistante, vampirisée
je suis possédée
ils me dévorent, et je m'endors
et dans mon sommeil,
ils continuent leur banquet
se nourrissent de mes faiblesses
jouissant de ces nuits de liesse
et je les laisse,
toujours, je les laisse
me mettre la laisse
de leur autorité désarmante
ils me laissent pour morte,
je leur ouvre ma porte
ignorée de la sorte
je ne suis jamais
assez forte