"I'm Alive."

La Roumègue

"Et nous, nous étions pareils aux lanternes des fêtes de la nuit : la peine et la joie de plusieurs amours nous consumaient." Valérie Larbaud, Enfantines.

Il est tard ou tôt. Encore une soirée où on en a mis plus qu'il faudrait. Je m'achète une pizza. Les bars ont fermé, il me faut de l'essence pour avancer. T'es là, tu viens manger avec moi. Ça fait longtemps que je n'ai pas plu. Tu le devines. Tu me parles mais je ne t'entends plus, je suis déjà trop loin. Tu me fais rire, tu joues, tu n'as pas peur, tu tentes et tu gagnes, tu me gagnes. Il fait déjà jour, à découvert, nus, vulnérables, tu repars comme tu es arrivé. Puis plus rien. Le manque. Et l'absence. Quand l'attirance a raison de l'endurance, il n'y plus de pied à prendre. Je te revois. Tu ne me reconnais pas. Tu es ivre. T'en perds tout ton charme. Je viens vers toi, tu ne m'entends pas. Je devrais te rentrer dedans, mais je doute. Tu t'en vas.

Par chance au milieu de tout ce désordre, il y a toi. Toi et ton grand nez. Toi et ta gentillesse. Toi et ton respect. Il y a toi qui sais faire d'un moment un bon souvenir. Presque sans promesse ni mensonge, juste dans l'instant. Stop la solitude, la honte, l'incompréhension, l'exclusion, l'attente et la peur. On vit pour soi, avec les autres. Même si à la croisée des hasards on ne fait pas toujours le bon choix. C'est comme les chocolats mon chéri, les bonbons à la réglisse, les fruits secs et les dragées. C'est pas parce qu'on les a mangés qu'on tombe malade... Et avec un peu de chance on peut aussi se faire presser des oranges.


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