Immensité

mooona

C'est pas des rêves puissants et forts qui sont en moi, on peut les briser d'un coup de marteaux, d'un coup de bâton, d'un coup de brindille. On dira ce qu'on veut de la vie, chacun à la sienne et on n'est pas tous égaux face au bonheur.  Des fois, je veux rire parce que c'est beau de rire. Et puis, les paysages autour de nous sont si époustouflants, le souffle coupé, je pourrais  les regarder pendant des heures, des jours et des vies entières.  

Je me tais un temps, la parole ne suffisant plus. Elle n'est qu'un intermédiaire souvent lacunaire et approximatif. Comment verbaliser ce que l'on pense, ressent, éprouve ? Nos émotions sont si abstraites et si remplies d'infinités de choses indéfinissables. Pourquoi je trouve ça beau ? Pourquoi ça me touche, m'émeut? je pourrais parler en anglais, français, espagnol, américain, russe ou allemand, je ne pourrais exprimer ce qui éprend tout mon être en ce moment même. Même les frissons qui parcourent mon corps, même les larmes qui brouillent mon regard et même les tremblements dans ma voix, ne peuvent expliquer ce que je ressens à cet instant.

C'est comme si tout ce qui constituait la vie m'envahissait et m'entourait d'un tourbillon, d'une danse, d'une valse composant toutes les beautés du monde. Comme une partition de musique ne cessant de s'écrire à l'infini, les notes s'échappant de l'instrument à jamais, les sons se substituant, s'entremêlant parfois afin de créer une consonance touchant la perfection. Cette harmonie si admirable et étonnante qui nous emmène aussi loin qu'elle peut dans son élancée absolue et véritable. Le réel n'a jamais été aussi réel, authentique, juste. Dépouillé de tout artifice il m'emplit d'une simplicité si pure à un rapport à la réalité qui n'a jamais été aussi proche, aussi franc et aussi serein.

Pendant un moment, je dirais que je n'ai même plus peur. Moi l'enfant fragile, chargée de doutes et d'incompréhension, il me semble que pour un instant, je comprends. Je comprends la complexité de cet univers si compliqué. En fait, non, je ne comprends pas. Mais je réalise que comprendre justement, n'est pas forcément ce qu'il faut essayer de faire. Qu'il faut accepter le non-sens et que les questions n'ont pas forcément de réponses. Et je trouve ça encore plus beau.

Un sourire s'étire sur mon visage, mes yeux se plissent, mon cœur bat fort, très fort, je me sens respirer, me remplir d'air et me vider, je me sens vivante comme le jour de ma naissance. Ou comme celui de ma mort. Au final, on ne sait jamais vraiment si on nait ou si on meurt. Pour ma part je pense que c'est extrêmement lié. L'un ne va pas l'un sans l'autre. Bref, à ce moment, je souris en remerciant l'immensité. Et c'est ce qui importe.

Signaler ce texte