Incommodante inspection...

s-trelia

J'avais rendez-vous avec lui

Mais je dois bien l'avouer, je n'en avais aucune envie.

Je suis arrivée avec 1heure d'avance,

Pensant naïvement qu'avec un peu de chance,

Il me prendrait plus vite, séance tenante...

Mais c'était sans compter sur le nombre de femme qui ce jour là,

Comme moi, avaient été invitées...

Après m'être annoncée à celle qui l'assistait,

Elle m'invita sans même me regarder à patienter,

Ce que je fis sagement, docile et résignée...

Je m'avançais dans cette salle aux nombreuses chaises toutes occupées...

Nous étions si nombreuses...Bien trop nombreuses en vérité...

Je choisis donc de m'isoler, dans les toilettes à la recherche d'intimité,

Mais je ne pouvais fuir plus longtemps, il me fallait bien affronter,

Je choisis donc de sortir, la tête haute, des cabinets...

Une place libre me souriait,

C'est sans complexe et bien déterminée que je fis, de me l'approprier...

Discrètement, jetant un œil autour de moi,

Je remarquais combien ce silence pouvait peser...

Personne ne parlait ni même ne se regardaient...

Chacune d'entre elles semblaient détachées de ce lieu que nous partagions,

Comme si l'indifférence qu'elles projetaient, pouvaient cacher ce mal-être pesant...

Nous étions toutes, chacune d'entre nous, tout âge confondu,

Conviaient à vivre cet instant, incommodant et gênant

Avec un Homme inconnu que nous avions pourtant, un jour connu...

Le nez plongeait dans les magazines de stars mis à disposition sur une table basse,

Elles dédaignaient de temps à autres, lever les yeux sur cette horloge qui nous f'sait face...

Le temps passait, longuement, lentement,

L'assistante entrait dans la salle et annonçait un nom,

Une des femmes se levait alors et disparaissait avec elle, prête à subir cet examen plein de désagrément..

Après deux longues heures d’attente que j'avais passé à écrire,

Bloc note et stylo, amis fidèles m'accompagnant, passé, présent et à venir,

Celle qui l'assistait me conviait, en citant mon nom, à la suivre sur le champs...

Ce que je fis, obéissante, le long de ce couloir, comme soumise à cette obligation.

Elle ouvrit la porte et je le vis, lui, cet inconnu qui m'avait suivi avant chacun de mes accouchements...

Quatre ans avaient passé depuis la naissance de mon petit dernier, quatre ans déjà...

A sa question, il me confirma que j'étais autant une étrangère pour lui qu'il ne l'était pour moi.

-Bonjour, alors qu'est-ce qui vous amène à cette visite ?

Je le regardais à la fois gênée, inquiète et embarrassée.

Mais c'est très vite et bizarrement amusée que promptement je m'entendis lui répondre : "bin, je viens pour le contrôle technique !!! "

J'ai beaucoup d'humour, certes, mais sur l'instant, c'est très sûrement le déplaisir que je dissimulais...

Lui, mis à l'aise par mon assurance supposée, se mit à rire tout en m'invitant à passer à côté... pour me déshabiller...

Laissez moi vous dire que dans cette pièce froide, un élément de torture domine,

C'est une chaise de supplice, un fauteuil à jambières, un truc horrible !!!

J’obéis (encore...) et je me dévétis fébrilement, l'examen gynécologique m'y oblige...

Dans ma tête, en cet instant, plus rien ne va... Je suis à nue...

Il entre et me demande de m'installer sur ce fauteuil, face à lui, l'inconnu ...

Supplice de l'infâme,

Il ne dit rien... Moi non plus... Je suis mal à l'aise, lui, semble calme...

Il gante ses mains, saisit le spéculum vaginal... l'introduit... Pourquoi suis-je une Femme ?

Je le laisse faire, silencieuse... Mes yeux fixent le plafond blanc...

Je tente vainement de me dire que je ne suis pas ici, que mon corps subit mais que mon esprit fuit...

Ce n'est que faux-semblant... Il me fait mal...  Je le maudit !!!

Les secondes deviennent pour moi une éternité,

Il prélève et retire enfin ce détestable ustensile de mes chaires, non, ce n'est pas terminé...

La main gantée s'insinue en moi de ces doigts...

Fouillant, profanant, ma pauvre intimité tel un affreux barbare de ce viol consenti...

Il  les retire enfin de mon "moi"... C'est fini...

Je me rhabille... Le silence est lourd... Je n'ai qu'une hâte, m'en aller...

Si tout va bien, je ne recevrais aucun résultat, mon tortionnaire me l'assure d'un air détaché...

Je m'assied face à lui, mon bourreau, faut sortir le chéquier, ça f'ra 32 euros...

Il m'invite à rappeler dans un an ou deux pour reprendre rendez-vous...

J’acquiesce, soumise et docile, Je m'en vais mais complètement souillée...

J'ai rendez-vous avec lui chaque année, pour mon bien, il parait...

Il agit en toute impunité, mais le pire, c'est qu'il faut aussi le payer !!!

S.trélia

-septembre 2012-

Signaler ce texte